Ceux qui, au cours des mois qui ont précédé les élections s’étaient improvisés en « collectifs de défenseurs de la révolution » et dont certains se font prévaloir, aujourd’hui, en toute légalité, d’un certain poids décisionnel, au sein de la Constituante et continuent à vouloir tout défaire, ne peuvent, en aucune manière, reprocher à feu Kadhafi d’avoir voulu continuer à être « révolutionnaire » durant plus de 42 ans, jusqu’à ce qu’il connaisse la fin morbide que lui ont réservée ses assassins haineux et revanchards, montrant au monde entier qu’ils étaient aussi monstrueux qu’il l’ a été lui-même.
A ces gens, je propose qu’ils s’écoutent parler, pour comprendre qu’ils ne sont, en fait que des Kadhafi en puissance , sans grade de colonel et sans manne pétrolière, et surtout en présence d’un peuple dont la majorité réelle, excède de loin le nombre de ceux dont ces élus se considèrent comme étant les représentants.
L’un de ces heureux gagnants des dernières élections, en maintenant le discours excessif, sur la base duquel, il a réussi à gagner les voix de ceux qui, en croyant « agir » n’ont fait que « réagir » aux abus d’un régime que la Révolution vient de mettre à bas, Moncef Marzouki, continue à s’inscrire dans une logique minoritaire, qui l’empêche de se hausser au niveau d’ »élu de toute la Nation ». Et c’est dans ce sens que l’on ne peut interpréter cette incapacité à produire une parole libérée des effets aliénants d’un passé douloureux, que comme les séquelles d’un traumatisme qu’il n’arrive pas encore à objectiver.
N’ayant pas eu la chance d’être l’ initiateur d’une révolution dont ils a pris le train en marche, du fait que durant les 23 ans de dictature ils était en opposition pour le moins difficile, ou bien sur les « hauteurs des collines », ils n’avait trouvé de mieux à faire, au lendemain du 14 Janvier que de débarquer « triomphant » à Tunis Carthage, et de se « positionner » en « défenseurs d’une révolution » qui ne fait que commencer et dont l’évolution dépendra essentiellement de la capacité de lucidité conséquente , dont notre jeune peuple fera preuve dans l’avenir.
L’analphabétisme politique des uns et la volonté de manipulation manifeste des autres peuvent inquiéter plus d’un quant à la volonté de certains de pousser notre révolution vers la réalisation de buts qui ne peuvent être les siens. C’est à dire de la faire avorter et l’empêcher d’accoucher de sa destinée propre qui sera nécessairement différente de toutes celles qu’on attend encore de ces idéologies dont l’histoire contemporaine et moderne a déjà consacré l’échec. Dont ces panarabismes, panislamismes et révolutionnarismes de tous poils qui avaient envahi le 25 février 2011, la place de la Kasbah à Tunis et dont certains des usagers prétendent , aujourd’hui, accéder, en toute insolence légale, aux postes de commande de la Tunisie moderne.
Curieuse situation que celle de voir ce « Congressiste pour la République » exiger la dictature de fait d’une Constituante à laquelle ils voudrait donner pour tâche l’éradication tout ce qui précède et de recommencer à zéro. Détournant par la même notre révolution originale de ses visées légitimes en la transformant en un règlement de compte personnel qui permettrait à l’enfant de venger un père qui a été « Oujdaisé » par la victoire objective de la stratégie bourguibienne de libération. Obligeant, en conséquence, l’enfant à subir un exil douloureux, qui implantera, dans son cœur, la haine aussi bien du Père fondateur de la Tunisie Moderne que de sa supposée victime, qui avait, à son tour, imposé, au fils un redoublement d’exil, en le « Tangérisant ». C’est ce que l’on peut deviner à travers cette volonté déclarée non pas de doter la Tunisie d’une constitution nouvelle, plus à même de répondre aux exigences de la révolution du 14 Janvier, mais plutôt d’effacer celle de 1959, élaborée, par des militants nationalistes on ne peut plus sincères et compétents et que Docteur Marzouki considère comme d’inspiration étrangère.