Plus de 80% des handicaps sont non visibles. Je peux vous assurer que jeserai un jour en situation de handicap.D’ailleurs, ne le suis-déjà pas ? Avec l’âge, les choses ne s’arrangentpas. Cholestérol, diabète, problème d’audition, de dos, cancer… Je sais, jevous file le bourdon, mais la peur n’évite pas le danger ! Il fauttoujours regarder la réalité en face, que cela fasse plaisir ou pas. Récemment,je discutais avec une personne que d’aucun considère « normale ». Aumoment où nous nous évoquâmes ensemble le recrutement des personnes ensituation handicap elle me dit : « Christophe regardez-moi… vousne voyez rien de bizarre ». La question me surprit : « Nonpourquoi ? »… « Comme ça… »… « Comme çaquoi ? »… « J’ai unereconnaissance Cotorep de niveau A »… « Ah bon ? etalors ? »… « Et alors rien, justement ? »… « Vousen avez parlé lors de votre embauche ? » « J’ai hésité. D’un côté je mesuis dit que cela pouvait être une bonne nouvelle pour l’entreprise pour sonquota « recrutement de personne en situation de handicap » ; del’autre ayant très envie de rentrer dans cette boîte, je préférais me donnertoutes les chances et ne pas mettre de contraintes supplémentaires à un momentoù c’est pas facile de trouver un travail ». Et toc ! tout est ditdans le résumé de cette discussion. Je préfère ne pas vous en dire plus de peurque vous ne fuyez cet article ! Tout ça c’est du quotidien pour desmilliers de personnes. C’est du quotidien aussi pour les entreprises. Si toutétait simple, il n’y aurait pas d’utilité à s’engager, à militer même pour queles choses changent. Les personnes en situation de handicap ne doivent pas sesentir coupables. L’entreprise ne doit pas non plus se sentir obliger derecruter, ou non, une personne parce qu’elle est en situation de handicap.C’est cornélien… Le recrutement n’est qu’une partie des difficultés il y en aune autre majeure : faire travailler ensemble, dans une même équipe despersonnes qui sont « différentes ». L’idée d’intégration est certesmobilisatrice mais elle implique, de fait, une différence. Et pourtant, si jeveux être réaliste, c’est bien d’intégration qu’il s’agit. Alors que faut-ilfaire ? Il y a des réponses, des lignes de force qui appartiennent auxentreprises pour faire en sorte qu’elles passent de la communication, lasensibilisation (passages obligatoires) à l’action (déjà nettement plusdifficile !). Que nous soyons en situation de handicap ou pas ; quenous le sachions ou pas ; que nous ayons envie de le dire ou pas ; je vous invite à aller voirINTOUCHABLES au cinéma. Rien n’est cruel. Tout est juste. Les différences nesont pas celles que l’on voit à l’œil nu. Mon double est différent, parce quec’est lui ; parce que c’est moi. La vie n’est pas un longue fleuvetranquille pour personne. Il faut (juste) essayer de rester ce que l’on est.L’entreprise n’est ni une œuvre caritative, ni une famille. Juste en endroit oùdes personnes qui ont un parcours de vie se retrouvent chaque jour pour lafaire progresser et être rémunérés. « Séniors », « handicapées »,« jeunes », « issues de la diversité » : on vit quandmême une drôle d’époque. Segmenter d’un point de vue juridique des différencesqui dans le fond n’en sont pas. Ne sommes nous pas avant tout des êtreshumains ?
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