Ca fait froid dans le dos. Quand Steven Soderbergh s’attaque à l’hypothèse d’une guerre bactériologique (la grippe aviaire ici n’est qu’un prétexte) il dissèque méthodiquement toutes les pièces du dossier pour en faire un thriller diabolique. La maladie infectieuse est devenue l’arme fatale qu’il faut localiser avant qu’elle ne détruise encore plus.
A l’aide d’un casting plus ou moins réussit (Kate Winslet, en toubib bon office et, Jude Law, en poil à gratter, me semblent les plus convaincants), il enrichit sa démonstration de points de vue techniques et scientifiques qui crédibilisent son propos, et prennent à témoin le spectateur. Quel est le coupable, qui a propagé le virus ? Un rapport sexuel, un souffle sur le pion d’un casino… On refait le parcours de la première victime recensée qui avant de regagner le domicile conjugal avait retrouvé un ancien ami, puis jeter quelques dés dans ce fameux casino. Qui a-t-elle vu, qui a-t-elle touché ?
La quête est haletante, sans répit, et la caméra de Soderbergh tout aussi en éveil.
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On traque les suspects, d’un pays à l’autre, même si de tout évidence, l’Asie est dans le collimateur. On entend que « la grippe a été militarisée » et Soderbergh panique à son tour. Le suspense qui jusque là confortait la vision du réalisateur, perd sa crédibilité quand pour les besoins d’une cause inconnue, il gomme tout réalisme au profit d’une fiction qui d’abord tout à fait plausible (bisbille entre les différents services, circulation de l’information …) sombre dans le ridicule.
Sans révéler ce qui adviendra du Dr Orantes (Marion Cotillard pas vraiment convaincante dans ce petit rôle), ni s’appesantir sur les émeutes qui suivent la pénurie de vaccins, je me dis que Soderbergh a sacrifié sur l’autel du grand commerce cinématographique, une idée qu’il avait superbement engagée. Sa vision apocalyptique de la gestion d’une telle crise n’est peut-être pas à écarter. Surtout que sa mise en scène, d’une sobriété glaciale, conforte sa démarche. Mais la romance et l’angélisme qui l’entourent me laissent très sceptique. J’y ai cru, je n’y crois plus …