[Critique] THE HUMAN CENTIPEDE (First sequence) de Tom Six

Par Celine_diane

Sur la planète film de genre, la mode est à celui qui ira le plus loin dans l’horreur et la déviance. Dopé par des direct-to-dvd tous aussi extrêmes les uns que les autres (le coréen Blood Island, le canadien Grace, l’américain The Woman), le marché incite les cinéastes à rivaliser d’idées saugrenues pour choquer et se démarquer des redites bankable, et des buzz virtuels qui envahissent salles obscures et internet. Tom Six, réalisateur hollandais méconnu, n’y est donc pas allé de mains mortes avec son Human Centipede qui offre le pitch le plus dégénéré de ces dix dernières années. Soit le calvaire épouvantable vécu par deux jolies backpackers new-yorkaises (Ashley C. Williams et Ashlynn Yennie), en plein tour d’Europe, qui- après avoir crevé en pleine forêt- se retrouvent prises au piège de la maison isolée d’un chirurgien allemand complètement taré. Inspiré par les expériences nazies durant la seconde guerre mondiale, le fou n’a qu’une idée en tête : créer un mille-pattes humain composé de trois êtres reliés de la bouche à l’anus. Charmant.
Une fois l’extravagance du récit digérée, The Human Centipede trouve ses limites dans sa gratuité. Là où d’autres proposent des doubles lectures éprouvantes, sur la condition de la femme (chez Lucky McKee) ou l’état de la société coréenne (chez Jang Cheol-soo), Tom Six ne dépasse jamais le fait, pour insuffler l’idée. Au final, le film est scindé en deux parties inégales : on a d’un côté le survival initial, bien mené, fait de suggestions et d’un crescendo horrifique assez saisissants, de l’autre le passage à l’acte, qui file plus la gerbe qu’autre chose. Côté mise en scène, c’est le néant. Les plans se succèdent, transparents, sans point de vue, sans inventivité. Le trouillomètre, lui, est en chute libre. En ne dévoilant rien des motivations du terrifiant docteur Heiter (Dieter Laser), The Human Centipede opte pour une peinture inquiétante (mais rapidement vaine) de la folie pure. Même si cette transgression dégueulasse est bienvenue en des temps tristement conventionnels, le vent de liberté parcourant ces terres néerlandaises, s’apparente davantage à une brise vaguement trash, qu’au souffle dément d’un ouragan, annonciateur de la naissance d’un cinéaste.

Dispo en DVD depuis le 13 octobre 2011.