Je suis l’enfer. Je me précipite dans les labyrinthes de l’être, étrange défilé de couleurs, couleurs vives, couleurs sombres, je m’y précipite, je ne peux m’arrêter, je veux les fuir mais elles me rattrapent, elles m’enserrent, elles me violentent, couleurs de la nuit, qui réitèrent le remords qui saccage, la culpabilité qui écorche toute peau, couleurs du jour, qui déclament des rêves mais rêves bafoués, rêves déchiquetés, couleurs de vos yeux, ceux de l’aimée, qui préfigurent les étreintes de la tendresse, ceux de la maitresse, qui rapiècent ma haine semée aux quatre vents, couleur d’un ciel matinal, trop bleu, mais que le sang, sang de mes tourments, défigure, couleurs de votre chair, de sa chair, de ta chair, qui lézardent tous les aveux de la morale, couleurs trop vastes, couleurs infinies, je me précipite dans les labyrinthes de l’être, j’en suis le prisonnier, le prisonnier des couleurs de l’enfer. Je suis l’enfer. Je sombre, tous les jours, un peu plus, dans les marécages de la dépression. Mon corps est désormais le défouloir de tous les extrémismes.Lassitude. Dégoût. Colère. Je suis l’enfer. Je veux combler toutes les instances du néant avec les mots. Mais les mots n’ont que faire de tes défaites. Je suis l’enfer. Je suis le crucifié. Inscrivez dans le réceptacle de vos larmes l’eau soyeuse qui cautérise mes plaies. Inscrivez dans la mémoire de la mer ce vent nocturne qui décrasse mes fêlures. Je suis l’enfer. Je sais l’art tenace de la trahison. Je t’ai trahie. Pardonne-moi. Je t’ai trahie. Pardonne-moi. Pardonne-moi. Je t’offre mon corps en pâture. Fais en un objet de ta rage. Extirpe, une à une, toutes les stèles de l’enfer. Vas-y. Fais le. Ne t’arrête pas. Je suis l’enfer. Aide-moi. Libère-moi. Libère-moi de mes enfers. Je t’en prie.
Umar Timol.