lu sur Agoravox
par kev46samedi 12 novembre 2011
C’est la crise. L’état dépense trop et ne veut pas augmenter nos impôts (Enfin …). Et bien l’on a qu’à se séparer de ce qui peut ne pas être géré par l’état et dégager quelques euros pour combler temporairement le déficit. Que fera t’on lorsque nous aurons tout vendu ? Et bien Il ne restera que les impôts.
Les entreprises publiques sont mal gérées. Ainsi leurs services laissent à désirer et leurs tarifs sont élevés. Nos hommes politiques ont une solution. Les vendre aux secteurs privés. Et oui, nos politiques n’ont pas pensé que le problème venait peut-être d’eux, les gestionnaires suprêmes, qui ont nommé de mauvaises personnes à la tête de ces entreprises, souvent des énarques. D’ailleurs une fois privatisées, on y retrouve également des énarques à leurs têtes, comme quoi rien ne change, mais soudainement elles deviennent plus efficaces.
Je voudrais déjà vous faire remarquer une chose, certes un peu philosophique, mais que je ne trouve pas dénuées de sens. A vous de me le dire. Etant donné que nous sommes mortels, l’on est prêt à vendre un bien contre de l’argent pour pouvoir profiter d’un autre bien avant notre mort. Ce désir de profiter de cet autre bien nous permet de valoriser le bien à vendre. Or, un état est immortel, intemporel. Ses biens n’ont donc pas de prix. D’autant plus lorsqu’ils lui rapportent des dividendes jusqu’à la nuit des temps (peut-être pas quand même). Toutes les entreprises privatisées ont été et seront donc bradées.
En quoi une fois privatisée, cela ira mieux ?
L’Union européenne nous affirme que la libéralisation va apporter de la concurrence libre et non faussée (c.à.d l’état doit se désengager du secteur, donc vendre). Cela pourrait même en être sa devise ! Ceci va donc impliquer une baisse automatique des prix au bénéfice des utilisateurs.
Lorsque l’entreprise était encore publique, elle facturait aux usagers le coût du service. Il est donc difficile de baisser ce tarif. Si l’état nous facturait plus chère que le coût réel, c’était pour lui permettre de faire des investissements dans les infrastructures ou la recherche et de reverser des dividendes à l’actionnaire qui était l’état lui même. Ces dividendes étaient donc censés profiter à tout le monde et permettre de limiter modestement le montant des impôts. (Enfin la aussi …)
Aujourd’hui, les entreprises privées nous facturent donc le coût du service mais aussi le coût de leurs investissements et de recherche. Mais c’est là qu’il y a un hic dont personne ne parle. Prenons par exemple, le secteur des télécommunications. Orange nous facture le coût d’entretien et d’investissement pour ces infrastructures et de ses recherches. Mais SFR fait de même tout comme Bouygues.
L’arnaque réside dans le fait que l’on paye pour entretenir et investir dans trois infrastructures alors qu’avec une seule entreprise publique, l’on paierait pour une seule. Et oui, trois pylônes sur 3 terrains différents (1 par opérateur) avec 5 antennes (pour l’exemple) pour couvrir sensiblement la même zone coutent forcement plus chère qu’un seul pylône sur un seul terrain mais avec une quinzaine d’antennes (l’opérateur unique devant du coup gérer les abonnés des 3 opérateurs actuels). L’on ne diviserait pas forcement le coût par trois mais au moins de moitié.
De plus, chaque opérateur va dépenser d’énormes sommes pour ses travaux de recherche du coup en concurrence (qui plus est avec le reste du monde). Le premier qui trouve, dépose le brevet, et en empochera les bénéfices. Donc les sommes investies par les 2 autres opérateurs ont été dépensé en perte. Avec une seule entreprise publique, soit l’on n’aurait pas les pertes de ces deux opérateurs soit l’opérateur unique disposerait de 3 fois plus de moyens de recherche (essentiel face aux mastodontes US et chinois du secteur). Ce n’est pas étonnant d’ailleurs qu’à l’époque France télécom fût à l’origine de plusieurs avancées dans le secteur (Minitel, ATM avec Transpac pour les connaisseurs).
Chaque opérateur se retrouvant donc en concurrence, il doit également attirer les clients, ce que n’avait pas à faire l’opérateur unique. Cela implique d’énormes coûts marketing. Autre exemple, quand nous cotisons à la sécurité sociale, l’ensemble de nos cotisations (moins les frais de fonctionnement) va nous être reversé. Avec les complémentaires, une partie de nos cotisations va donc partir dans des coûts de marketing totalement inutiles.
Enfin, désormais privatisées, elles doivent faire des bénéfices au profit des actionnaires et non au dépend de nos maudits impôts. Les dividendes versés à l’état sont en quelque sorte versés à l’ensemble des citoyens au contraire de ceux versés aux actionnaires privés. A propos des complémentaires santé/retraites et de leurs bénéfices, les mutuelles n’ont pas le droit d’en faire, mais les assurances telle Malakoff Médéric (dirigé par Guillaume SARKOZY) oui. De plus, ces complémentaires (dont les mutuelles) ne sont pas si solidaires que cela. En effet, si l’on a pas (ou plus) les moyens de cotiser, et bien l’on est pas (ou plus) assuré, au contraire du principe du système de base de la « sécu ». Le déremboursement de la sécu a sans doute vocation à faire prendre plus de poids aux complémentaires et donc en parties aux assureurs privés. La solidarité sera prochainement à bannir du petit Larousse.
De plus, ces entreprises sensées être des services publics, n’avaient pas forcément à être rentable. Désormais pour créer des « tarifs sociaux », l’état doit donc subventionner ces nouvelles entreprises privées, puisqu’elle doivent absolument faire des bénéfices, elle ne peuvent plus facturer à perte. Le Facteur ne délivrera plus le courrier aux habitations les plus isolées (principalement en milieu rurale, et des gens pauvres). C’est le cas en Espagne. Elle font même des coupes sur les budgets d’entretien et d’investissement des infrastructures car cela coute chère. C’est ainsi que le Royaume-Uni a dû entièrement renationaliser son secteur ferroviaire dans les années 90 après de graves accident dû au manque d’entretien des voies ferrées.
En parlant de ce secteur, intéressez vous à ce qui se passe pour la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Tours. http://fr.wikipedia.org/wiki/LGV_Su... Tous le rail français appartient à RFF (mais est géré par SNCF Infrastructure) qui peut donc compenser les pertes sur les petites lignes de provinces non rentables avec celles très rentables où circulent les TGV grâce aux droits de passages. Cette LGV va couter 6,2 milliards d’euros, et les autorités publiques (Etat, RFF, Caisse des dépôts CDC) vont participer à hauteur de 5 milliards soit plus de 80%. Hors cette LGV va être donnée en concession pour 50 ans à la société Lisea (Vinci 33%, et CDC 25%). RFF se voit donc privé des droits de passage d’une LGV qui va être rentable, pour compenser ces pertes sur les petites lignes provinciales qui fautes d’entretien vont être remplacées par des bus aux dépends des usagers de la classe moyenne (Le TGV coûte relativement cher).
Parlons également de nos autoroutes privatisées. Les sociétés concessionnaires tel Vinci, n’ont donc pas de concurrents. Et oui, il n’y a pas d’autoroutes en parallèles (l’on a par contre des réseaux de télécommunication parallèles), l’on n’a donc pas le choix. Même si l’état contrôle les tarifs, l’on est obligé de donner de l’argent à Vinci sans avoir notre mot à dire.
Et pour ceux qui disent que le problème des entreprises publiques est le statut des fonctionnaires, et bien je leur répondrais par le fait que l’on peut supprimer ce statut et le remplacer par celui de salariés d’état. Seule différence avec celui du secteur privé ? Leur employeur est l’état.
L’on voit donc que les privatisations sont une arnaque. On nous a promit (et l’on nous promet encore) que la libéralisation profite à tous le monde en faisant baisser les prix, mais l’on constate le contraire. Certes les tarifs des télécommunications ont baissé. Mais cela est le seul cas de baisse des prix constaté, mais cela l’est donc aussi au prix d’une baisse des investissements et des budgets de recherche. Cela, nos politiciens le savent très bien. Mais savez vous que l’état français est obligé de tout privatiser ? Ayant cédé notre droit de négociation commerciale à la commission européenne (Non élue et très peu responsable devant le parlement lui élu même si son mode de scrutin n’est pas très démocratique) avec le traité de Maastricht, c’est le commissaire européen au commerce qui négocie en notre nom (et de celui des 26 autres états de l’UE) à l’OMC. C’est donc l’UE qui a défendu nos intérêts au sujet de l’AGCS (Accord Générale sur la Commercialisation des Services). L’UE a ainsi négocié la libéralisation entière de tous les services présents dans l’UE. Cela implique donc de privatiser tous ces services. La poste, EDF, La SNCF … sont des services ! Le commissaire de l’époque n’est autre que l’actuel directeur de l’OMC en personne, Pascal LAMY, membre du PS français, fils spirituel (tout comme François HOLLANDE) de Jacques DELORS (père de Martine AUBRY) le président de la commission européenne (en gros le premier ministre de l’UE) de 1985 à 1994 (Au moment du traité de Maastricht). Le PS a beau nous prometre toujours une autre europe, mais la preuve est là que ce sont bien eux qui ont participé à l'élaboration de cette europe et de cet mondialisation (cf DSK au FMI). Rappelez vous aussi que le gouvernement qui à le plus privatisé est celui de Lionel JOSPIN (http://fr.wikipedia.org/wiki/Privat...).
L’on nous fait croire que ces privatisations sont inévitables. Si cela était si évident, pourquoi l’OCDE a rédigé un rapport 42 pages datant de 1995 (Cahier politique n°13 https://www.oecd.org/dataoecd/24/23...) conseillant les gouvernements pour privatiser (appliquer des mesures d’ajustements) tout en n’attirant pas les foudres du peuple ? A la page 30, ce rapport officiel explique qu’il est préférable de couper dans les budgets d’une école plutôt que de refuser des élèves. La plèbe serait plus réactive à un refus d’inscription de ses enfants qu’une baisse de la qualité de l’enseignement. Et cela doit se faire pas à pas. Si la mesure est appliquée dans une école, elle ne doit pas l’être dans l’école voisine au risque de renforcer une rébellion locale. De plus à travers cet exemple sur l’école, le secteur privé lorgne t-il réellement sur nos écoles ? Pascal LAMY a pourtant affirmé que la santé et l’éducation n’était pas concernée par l’AGCS (que l’on peut lire les très nombreuses pages sur le site de l’OMC). Désormais j’en doute.
Privatiser implique donc une hausse des prix et une perte de dividendes à long terme pour l’état, impliquant forcement des hausses d’impôts. Mais apparemment, cela est SOCIAL, c’est le PS qui le dit (Je ne suis pas de droite non plus !).
Donc vivent les privatisations !...
« Pas convaincu », nous dit Baltha