Quand on prend le soin d’analyser le 1% stigmatisé par le mouvement Occupy Wall Street, on constate que les riches américains ont globalement travaillé dur pour acquérir leur fortune.
Par Michael D.Tanner (*), depuis les États-Unis
Article publié en collaboration avec le Cato Institute
Qui sont les individus membres du 1% – le centile supérieur de l’échelle des richesses? Qui sont ceux que nous sommes tous supposés haïr?
Si vous écoutez le président Obama, les protestataires du mouvement Occupy Wall Street, la plupart des médias, c’est évident. Ce sont des fils-à-papa qui ont hérité de leur fortune, des banquiers sans scrupules, ou encore des gestionnaires de fonds spéculatifs. Ils n’ont pas particulièrement travaillé dur pour obtenir leur richesse. Alors que la récession a jeté des millions d’américains au chômage et dans la rue, ce 1% n’a fait que s’enrichir davantage. Pire, ils ne contribuent même pas au versement d’un montant d’impôt juste : les millionnaires et les milliardaires payent leurs impôts avec un taux d’imposition inférieur à celui de leurs secrétaires.
En réalité, chacun de ces stéréotypes est faux.
Environ 80% des millionnaires américains sont la première génération de leur famille à être riche. Ils n’ont pas hérité de leur fortune. Ils l’ont gagné.
Comment ? Selon une récente enquête portant sur le centile supérieur des revenus américains, un peu moins de 14% sont impliqués dans le secteur bancaire ou la finance. Environ un tiers sont des entrepreneurs ou des managers d’entreprises sans lien avec la finance. Presque 16% sont des médecins et autres spécialistes médicaux. Les avocats sont présents à hauteur de 8%, et les ingénieurs, scientifiques et informaticiens pour 6,6%. Les figures du sport et du divertissement – les mêmes qui prennent leurs jets privés pour aller exprimer leur solidarité avec Occupy Wall Street – représentent 2% du centile le plus riche.
De manière générale, les riches américains ont travaillé dur pour gagner leur argent. Dalton Conley, sociologue à l’université de New York souligne que les gens à haut revenus travaillent plus d’heures que ceux à bas salaires.
Parce qu’une bonne part de leurs revenus est liée aux investissements, c’est un non sens de dire que la récession n’a pas frappé les riches. Beaucoup d’attention a été portée à une étude du Congressionnal Budget Office qui a montré que les revenus du centile le plus riche ont augmenté plus rapidement que pour nous autres entre 1980 et 2007. Mais ce que les médias oublient de dire, c’est que depuis 2007, il y a eu une baisse de 39% du nombre de millionnaires américains.
Parmi les super-riches, le déclin a été encore plus marqué: le nombre d’américains gagnant plus de 10 millions de dollars par an a baissé de 55%. En effet, si le centile le plus riche a gagné 20% de la richesse des États-Unis en 2008, ce chiffre a baissé à seulement 16%. L’inégalité est en déclin en Amérique.
Concernant le fait qu’ils ne contribueraient pas de façon équitable à l’impôt, le centile le plus riche verse 36,7% de toutes les taxes et impôts sur le revenu fédéral. Dans la mesure où, comme on l’a dit plus haut, ils gagnent à peine 16% de tous leurs revenus, il semble qu’ils versent certainement plus que leur juste part.
Peut-être que Warren Buffet paye un taux d’imposition inférieur à sa secrétaire, comme il le prétend. Mais la comparaison est trompeuse parce que les revenus de Warren Buffet proviennent en quasi-totalité de ses gains en capital, qui sont taxés à leur origine par l’impôt sur les sociétés.
Par ailleurs, la fortune de Warren Buffet est clairement une exception. Globalement, les riches payent un taux d’imposition effectif (après toutes les déductions et exonérations) de 24%. Pour l’ensemble des contribuables, le taux d’imposition effectif moyen est d’environ 11%.
Au-delà des taxes, les riches contribuent également à la charité privée. Les ménages ayant plus d’un million de dollars de revenu par an ont réalisé des dons de charité pour un montant de 150 milliards de dollars l’année dernière, soit plus de 50% de tous les dons de bienfaisances aux États-Unis. Les riches seraient avares? Ça ne semble pas être le cas.
Et n’oublions pas non plus que les riches fournissent les capitaux destinés à l’investissement, qui servent aux entreprises à créer des emplois et à stimuler l’innovation. L’argent que les riches épargnent et investissent, c’est l’argent que les entreprises utilisent pour démarrer ou se développer, acheter des machines et autres capitaux physiques, et embaucher des salariés.
Il est devenu de bon ton de ridiculiser l’idée que les riches créent des emplois. Mais s’ils ne le font pas, qui le fera? Combien de salariés ont été embauchés récemment par des pauvres?
Pas de doute, les hommes d’affaires sont malhonnêtes, peu scrupuleux et ont volé les autres pour s’enrichir. Peu d’entre nous sont susceptibles de perdre du sommeil sur le sort des riches.
Mais peut-être serait-il temps de fonder la politique publique sur autre chose que la lutte des classes, la jalousie et les stéréotypes ?
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Sur le web.
Cet article a été publié dans le New York Post le 08.11.2011.
Traduction : David pour Contrepoints.
(*) Michael Tanner est Senior Fellow au Cato Institute et co-auteur du livre Leviathan on the right: How Big-government conservatism brought down the Republican revolution.