Un veuf baby boomer d'un petit village de l'Abbittibbi s'apperçevait lors d'un conseil de ville qu'il présidait qu'un projet local ne pouvait pas être mis en chantier par faute de main d'oeuvre, faisant perdre une fortune au village. On se plaignait du manque de jeunesse dans le village. Notre boomer principal se défendait d'avoir un village de petits vieux. Le village lui mettais alors sous le nez que même ses 4 enfants avaient fait le grand saut vers la grande ville (Montréal). Le boomer (nous avions Michel Côté en tête) quittait alors son poste au conseil de ville avec la mission précise d'aller retrouver ses enfants à Montréal et de les ramener au village.
Il y avait beaucoup plus de sous-intrigues avec les 4 enfants, dont l'un était mal marié, l'une mal baisé, l'autre divorcé et la plus jeune allait nous surprendre mais en gros c'était ça. C'était une dramédie intergénérationnelle qui traitait entre autres de la mort des villages.
Ça parlait un peu du village qui m'a vu grandir pendant 16 ans. Qui n'est pas en Abbitibi mais voilà une région que nous voulions mettre à la télé (qui a vu notre bel l'Abbittibbi à la télé?)
Ça n'a jamais vu le jour.
Quand l'abominable et extrèmement dommageable série télé (téléthéâtre?) Chambres en Villes est apparue en ondes c'était la catastrophe. Voilà qu'apparaissait une série télé, écrite par une boomer, Lise Payette et sa fille (Sylvie) sur ses impressions de notre génération...Vous auriez imaginé Godard ou Claude Jutra traiter de l'enfance de leurs parents en la présentant comme si ils savaient de quoi ils parlaient? La présence de Sylvie Payette donnait justement un peu de sa réalité à sa mère, mais reste que le portrait présenté à la télé était à des millénaires de ce que nous étions. C'était la vision d'une génération écrite sous la lunette d'une matante. On regardait avec une espèce de haine ces personnages qui s'expliquaient entre eux comment mettre un condom en utlisant un stylo bille comme pénis. C'était hilarant pour les mauvaises raisons. Comme les cotes d'écoutes étaient bonnes, nous craignions alors que les boomers, en massif plus grand nombre en province, y comprennent que ces jeunes flancs mous, surtout les gars qui n'offraient franchement rien de bon dans cette série, c'était un portrait juste de notre génération. Crainte confirmée quand ma belle-mère actuelle a avoué qu'elle écoutait l'émission "parce que c'était vous autres..." NOOOOOOOOOOOT!
Quand j'ai vu Régis Labeaume devenir le maire de mon village, spontanément j'ai été curieux. Il incarnait exactement le personnage que j'avais écrit pour ma série.
Mais j'ai aussitôt pris en grippe le personnage qui incarne bien souvent toute la condescendance, l'impatience et le mépris que les Boomers peuvent avoir pour des réalités qu'ils ne comprennent pas. Labeaume traite ses dossiers souvent comme on traite un enfant qui trainerait dans la cuisine. Souvent cet enfant connait la recette. Même si c'est un plat qui ne plait qu'aux boomers.
Quand j'ai entendu Régis Labeaume à la radio dire "ce que j'ai envie de leur dire c'est "on vous as entendu, maintenant finnissons ça en beauté"" j'ai hurlé dans mon char. Ce qui m'agresse toujours avec Régis, avec ce colisée, avec toute la constitution du diminutif Napoléon, c'est la manière. Oui d'un côté je partage son incompréhension face aux revendications de ses gens, mais en même temps ce ton paternaliste, répugnant, qui dit en gros "Zêtes ben cutes mais papa dit que votre révolution finit à cette heure-ci", est EXACTEMENT ce que les boomers auraient refusé de se faire dire au même âge.
Notre projet n'a jamais vu le jour à la télé dans les années 90.
Les lecteurs à la SODEC/SARDEC étaient boomers.
Nous étions "jeunes".
Fallait pas troubler la fête de nos parents.