Rahui signifie ‘jachère de la mer’. C’est une pratique ancienne en déclin dans nos îles. Les anciens ma’ohi possédaient le souci de protéger leur environnement, de préserver les ressources marines. Ils avaient instauré une pratique simple d’interdictions afin de garantir la survie de leur communauté : le rahui. Il leur suffisait d’interdire la pêche de certaines espèces pour laisser à celles-ci le temps de se multiplier. On rouvrait ensuite la pêche sur un secteur donné, pour un temps donné, pour une ou plusieurs espèces données.
Aujourd’hui, les habitants de l’atoll sont approvisionnés par goélette de denrées diverses et les ressources de la mer ne sont plus indispensables. Néanmoins on collecte sans se soucier des conséquences. Le manque de transmission des savoirs des anciens, de leurs usages, est aussi la cause. Toutes les espèces sont touchées par des prises incontrôlées : poissons, oiseaux, crustacés, crabes de cocotier… On ne se soucie pas de la taille minimale des prises, des périodes de reproduction, le filet ramasse tout. Sur un de ces atolls perdus dans le vaste océan, une femme se plaignait du passage de la goélette seulement tous les 30/40 jours. Il arrive que la boutique du Chinois manque de provisions. « Vous vous rendez compte lorsqu’il n’y a plus rien sur ses rayonnages, on est obligé d’aller pêcher… « Les rahui étaient à l’époque gérés par les toohitu, ces comités composés de sages.
Le ministre de la mer vient de prendre la décision (28 octobre) d’interdire la pêche de oura miti (=langouste), upai (=crabe vert), tianee (=cigale de mer) varo (=squille) jusqu’à fin janvier 2012 ; nato (=perche) et oura pape (=chevrette) seront quant à elles interdites jusqu’à fin février 2012. Pour l’île de Rapa (Australes) les récoltes de oura miti, upai, tianee, varo seront interdites jusqu’ 30 avril 2012. Heureuse initiative, mais qui va surveiller l’application de ces interdictions ? Noël et Jour de l’An approchent à grands pas… et il y aura une langouste ou une squille sur la table de Noël !
En Polynésie, on dévore 600 tonnes de crevettes à l’année et l’on n’en produit que 60 tonnes… Problème. C’est décidé, on va en produire un max. Alors tout le monde s’y attèle : le pays, l’État. On vient d’inaugurer à Vairao (presqu’île) le CTA (= Centre Technique Aquacole). Ce centre permettra de fournir aux producteurs de crevettes et de paraha peue (=platax) des larves de qualité à un prix attractif. Oscar Tane qui n’avait pu assister à l’inauguration officielle aurait fait passer le message suivant « Plutôt que de donner du poisson, il faut donner la canne à pêche ». N’était-ce pas un proverbe chinois ?
Hiata de Tahiti