Horowitz - © Calmann-lévy 2011
Edmond Castairs sollicite Sherlock Holmes car il pense qu’un homme cherche à lui nuire. Le lendemain de sa visite, Carstairs est cambriolé. En suivant les traces du voleur, Watson et Holmes vont découvrir un cadavre dans une chambre d’hôtel misérable. Ils ne le savent pas encore, mais ce meurtre va plonger les deux amis dans l’affaire la plus sordide qu’ils aient eu à résoudre.Un gang de bandits irlandais opérant dans une ville américaine, un cambrioleur assassiné, un enfant torturé, une fumerie d’opium, une sombre prison, une organisation secrète regroupant quelques un des plus respectables membres de la société anglaise… Difficile de faire le lien entre autant d’éléments n’ayant de prime abord aucun rapport. Sauf si on s’appelle Sherlock Holmes…
Lorsque la Conan Doyle Estate (la fondation qui représente les intérêts des héritiers de Conan Doyle) l’a choisi pour imaginer une nouvelle aventure du fameux détective, Anthony Horowitz n’a hésité que quelques secondes. Le challenge était pourtant risqué. Sherlock Holmes fait partie des monuments de la littérature mondiale. Une icône qui possède des fans aussi nombreux qu’exigeants. Ignorant la pression, Horowitz s’est lancé à corps perdu dans le projet. Son idée de départ : un an après la mort de Holmes, Watson a pris la plume pour relater leur toute dernière enquête. Mais parce que l’affaire était trop explosive et compromettait trop de beau monde, le texte resta dans un coffre, son auteur stipulant qu’il ne devait pas être ouvert avant un siècle. Voila pourquoi les aventures de la Maison de soie ne sont publiées qu’aujourd’hui. Une pirouette intelligente qui permet de lancer le récit sur de bons rails.
S’il respecte à la lettre l’univers Holmésien (Holmes, Watson, la gouvernante Miss Hudson, la bande de gamins de Baker Street, l’inspecteur Lestrade…), Horowitz ne tombe pas pour autant dans le plagiat pur et simple. Certes, il reprend les tournures de phrases et la précision des descriptions de Conan Doyle. Certes, son Sherlock Holmes a la même incroyable capacité de déduction et d’analyse que l’original. Mais l’auteur de la série Alex Rider a su se fondre dans le moule tout en imposant sa patte. Le Londres victorien qu’il décrit est d’un réalisme bluffant. L’action du roman se déroule essentiellement dans les quartiers pauvres et les bouges malfamés, ce qui était rarement le cas dans les histoires de Conan Doyle. La maison de Soie lorgne donc par moment avec brio du coté de Dickens. Au niveau de l’intrigue, la mécanique mise en place fonctionne à merveille. Le lecteur se sent d’abord perdu, se demandant où tous ces événements à première vue disparates vont bien pouvoir le mener. Et puis, petit à petit, les pièces du puzzle s’imbriquent et tout s’éclaire. Imparable !
La maison de soie est un vrai « page-turner », un roman addictif que l’on ne lâche pas avant la dernière phrase. Je ne suis pas un spécialiste du célèbre détective mais il me semble que les fans ne devraient pas être déçus.
La Maison de Soie, d’Anthony Horowitz, Calmann-lévy, 2011. 300 pages. 16 euros.