A Hollywood, en 1927 George Valentin est une immense star du cinéma muet. Tout lui réussit, sauf peut-être son couple qui commence à se déliter. La jeune Peppy Miller, elle, rêve d'Hollywood et de paillettes, mais son univers est bien loin de tout cela. Pourtant, par le hasard des circonstances, elle réussit à pénétrer dans le milieu, y rencontre George la prend sous son aile. Arrive 1929, et le grand chambardement pour le monde du cinéma de l'arrivée. Par vanité, peur ou fierté, George Valentin refus de sauter le pas. Sa carrière va alors inexorablement péricliter et il va sombrer dans l'oubli. A l'inverse, Peppy Miller profite des progrès techniques pour devenir une véritable idôle.
Un film muet ! Entièrement muet ! En noir et blanc qui plus est ! En 2012 à l'heure de la 3D ! on pourrait se dire que c'est une absurdité, que c'est encore un truc d'artiste à l'égo hypertrophié qui n'a rien trouvé de mieux pour faire parler de lui. On pourrait ! Sauf bien évidemment que ce n'est pas que cela, qu'il y a beaucoup plus et qu'au final, le choix esthètique du muet et du noir et blanc s'avère pertinent.
On le sait depuis les OSS, Michel Hazanavivius est doué pour bousculer les codes, pour jouer avec les genres. En artiste ambitieux qu'il est, il décide de continuer dans cette veine, mais de repartir à la base du 7ème art : le cinéma muet, mais pas n'importe lequel, celui d'Hollywood.Il choisit une histoire classique, celle d'un homme qui refuse le progrès technique par vanité. Dès le début, les références à "Chantons sous la pluie" ou "Sunset Boulevard" sont assumées : scénario, qualité de la lumière, acteur américains (John Goodman), bref l'hommage à sa passion d'enfant est total est parfaitement réussi.
Mais là où le pari d'Hazanavicius est remporté haut la main, c'est qu'après 10 minutes on est entraîné dans l'histoire et on n'en sort plus. En ce concentrant sur l'essence même de l'art cinématographique, à savoir, l'histoire, le propos et l'image elle-même, en épurant celle-ci de tout ce qui pourrat faire diversion (effets spéciaux, même s'ils ne sont pas complètement absents, dialogues), il nous ramène au plaisir initial, celui de se laisser raconter une histoire.
Michel Hazanavicius est évidemment aidé dans son entreprise par ses comédiens. Jean Dujardin évidemment dont on comprend après coup que son physique et sa gestuelle sont faits pour le cinéma muet, dont on devine à présent à quel point il joue de son corps dans tous ses films. Mais sur lui, tout où presque a été, au détriment de Bérénice Béjo. Pourtant, elle est sublime. A mon sens, c'est elle qui porte vraiment le film, car tous ceux qui ont fait un peu de théâtre le savent, il n'y a rien de plus dur que la joie, le bonheur, la comédie à jouer. Elle excelle en cela et éclaire le film en même temps que la vie de George Valentin.
Bref, n'écoutez pas les mauvaises langues qui crient à l'arnaque, au film de bobo, allez-y, vous y retrouverez le vrai plaisir du cinéma.
THE ARTIST : BANDE-ANNONCE HD Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo...