Mercredi soir je suis allée me perdre avec mon éternel binôme du côté des studios de La Plaine Saint Denis.
Je savais bien, pourtant, que le lendemain je devais me lever tôt et je savais très bien aussi que ça allait se terminer très tard mais mais mais...il y avait là bas ce soir là, pour l'enregistrement de deux émissions de Taratata des artistes que je ne pouvais pas manquer de voir. Alors quand on m'a gentiment proposé d'y assister, j'ai hésité l'espace de trente secondes à peu près (ma raison tentait (vainement, bien entendu) d'avoir le dernier mot) et j'ai répondu très vite par "Pas DU TOUT raisonnable mais ouiiiiiiiiiii je viens!".
Après une attente qui m'a semblé interminable à l'entrée des studios (dehors, dans le froid, avec une vessie qui envoyait des signaux de plus en plus forts indiquant qu'il fallait la soulager rapidement doublée d'une faim tenace qui me faisait regretter de ne pas avoir pensé à prendre à manger (d'habitude mon sac déborde de trucs-à-grignoter mais là bien sûr je n'ai rien prévu)) nous finissons par nous installer.
Enfin je dis "nous"...
En fait "ON" nous installe. Et "ON" n'est pas franchement bien disposé à notre égard : Premier niveau de gradins, juste derrière ce que j'imagine être deux énormes amplis (de derrière c'est un peu compliqué d'identifier précisément l'objet). Nous voilà placées juste AU SEUL endroit d'où on ne voit rien.
Il reste plein de place autour. On demande donc poliment si, "compte tenu du désagrément occasionné par l'installation qui se trouve JUSTE devant nous, il serait possible de changer de position".
Normal.
La réponse est laconique mais ferme "NON". Pas normal.
Ok.
Quand la personne en charge de la répartition du public s'éloigne pour s'occuper d'un autre groupe qui vient d'arriver nos deux voisins de gradin se ruent sur des positions situées plus haut, bien plus intéressantes d'un point de vue visuel. Ni une ni deux on échange un regard (dans des instants comme celui-là je suis convaincue que la télépathie fonctionne, tu vois?) et hop on leur emboite le pas.
Sauf que...
Sauf que la placeuse revient et qu'elle ne nous trouve pas.
Et qu'elle repère tout de suite où nous sommes installées.
Et qu'elle décide de nous faire retourner à la position qu'elle nous avait initialement attribuée. Mais euh.
On essaie d'expliquer.
Tant bien que mal.
Plutôt mal que bien a priori parce qu'on n'arrive pas à la faire revenir sur sa décision. Par contre nos deux voisins du début, elle n'arrive plus à les reconnaitre et eux, du coup, sont bien placés alors qu'ils ont filé en loucedé. Nous vu qu'on est réglo(s?) on ne les balance pas mais je leur jette quand même un regard entendu en passant. Genre "bien joué". Un peu envieuse par-dessus le marché.
Quand même.
Et puis voilà on retourne s'asseoir à l'endroit initial.
Ravies. Tu te doutes bien. Gratifiant nos voisins les plus proches d'un "Bon ça a raté mais on s'en serait voulu de ne pas avoir tenté l'affaire...".
Ensuite les plateaux s'enchainent et j'en retiens quelques uns qui m'ont particulièrement marquée.
D'abord Charlie Winston est là et ça c'est déjà bien. Il joue son "Hello Alone"puis enchaine sur un duo avec...tiens toi bien car ça n'était annoncé nulle part et moi quand je vois ça je fais des bonds : King Charles. Chouchou quoi. Que je dois aller voir à Londres le lendemain même. J'apprendrai rapidement qu'il a annulé une date à Manchester spécialement pour hononer l'invitation de Charlie (avec qui il est ami de longue date).
Ils partagent donc la reprise de "Lola" des Kinks et c'est bon même si le King semble un peu impressionné par l'endroit et n'est pas aussi remuant que je l'aurais imaginé. C'est beau.
Ensuite il y aura Lana Del Rey. LE phénomène Lana Del Rey.
Elle était au nouveau casino cette semaine et je m'enorgueillissais de ne pas être allée satisfaire ma curiosité ce soir là. Il faut dire que c'était un peu l'évènement de la semaine dans le petit monde de la musique : le soir de son concert Twitter s'est affolé et facebook ne bruissait que des échos de sa prestation...c'est bien simple, on avait presque le sentiment que pendant 48h, le web musical n'était que pour LDR (j'exagère à peine).
Et puis de la voir là, sur un plateau-télé, l'idée me plaisait bien.
Moi jusque là je n'avais entendu que deux titres d'elle. Ceux qui tournaient un peu partout. Et ce qui m'énervait franchement c'était le côté "image-hyper-travaillée" avec sa déjà fameuse lippe boursouflée et tous ses attributs de poupée ultra-sophistiquée. J'avais l'impression que le buzz ne partait que de là et ça me gênait vraiment.
Non mais c'est vrai aussi, s'enthousiasmer autant pour une artiste qui n'a encore que deux ou trois titres, pas d'album sorti et aucun concert (sur notre sol) à son actif, ça me semblait étrange. Je décidais de bouder le buzz et d'attendre un peu de contenu pour me faire une idée.
Et puis voilà je me suis retrouvée là et elle aussi. Et contre toute attente c'était bien. Pas au point de justifier tout le mouvement autour de son projet mais tout de même. Je dois reconnaitre qu'elle a une présence, quelque chose de spécial qui tient à son côté anachronique un peu, à sa prestance sans doute. Il se dégage d'elle une fragilité désarmante. En tout cas c'est l'effet qu'elle m'a fait. Impossible de conserver la moindre pointe d'agacement devant elle en tout cas pour ma part. Son air d'enfant égarée avec ce regard parfois comme apeuré puis son manque d'assurance pendant l'entretien avec Nagui ont suffi à me faire oublier tout ce que je pouvais avoir comme a priori à son sujet. Les mélodies sont belles, sa voix est vraiment superbe. Bien sûr on peut lui reprocher de manquer d'assurance sur scène mais j'en suis presque à me dire que ça ajoute au charme qui se dégage de ce qu'elle fait. Reste qu'elle était tout de même un peu figée. Mais je ne l'imagine pas non plus surjouer le côté "poupée siliconée". Cette posture là me semble finalement plutôt bien lui aller.
Surprise du soir, Orelsan interprète son "plus rien ne m'étonne" puis il reprend, seul, "Pas assez de toi" de la Mano Negra et ça me plait vraiment vraiment beaucoup. Toujours aussi simple et sincère pendant l'entretien, je maintiens mon avis démesurément enthousiaste à son encontre. Chouchou.
Découverte du soir pour moi (après tout le reste de la planète semble t'il car cette artiste totalise déjà d'après ce qu'annonce Nagui des millions de vues sur internet) Kina Grannis. Jolie comme un coeur, ses mélodies et sa voix m'emportent. C'est doux sans être sirupeux, charmant sans être surjoué, la jeune chanteurse a tout bon. Quand elle interprète son duo avec Joyce Jonathan, si la ressemblance est marquée (le coiffeur s'est-il amusé à les apprêter exactement de la même façon) et accentuée par leur positionnement l'une face à l'autre "en miroir" c'est un peu cruel pour la française qui a du mal à soutenir la comparaison. Du coup. Elle semble un peu éteinte par l'éclat de la parfaite Kina.
Du coté des open mic(s?) je retiens les prestations d'Owlle, ma favorite du moment et puis celle de Nameless qui, souviens-toi, était mon choix pour le concours des Inrocks Lab de septembre, là, que j'aurais aimé encore plus catchy mais que j'ai bien appréciée comme ça malgré tout.
owlle concert à la loge par notsoblonde
Bon sinon, LE gros plateau du soir était celui partagé par Metallica et Lou Reed.
LOU REED.
Rien que sa présence à lui justifiait la mienne. Je veux dire par là que quand bien même rien d'autre ne m'aurait attirée dans la programmation, j'étais prête à y assister rien que pour lui.
Lou Reed.
Loulou. Ahhhhhh.
Cet été, j'avais assisté au concert exceptionnel "The Velvet underground revisited" (Festival days Off. Paris) et c'était vraiment bon même si je regrettais que les titres n'aient pas été davantage "revisités" jutement.
Là, après le plateau télé, je me dit que des fois, c'est mieux de conserver les versions initiales. Au final.
Déjà le duo Lou Reed-Metallica sur le papier, ça peut paraitre improbable comme ça.
Et bien figure toi qu'en live, ça confirme que ça l'est.
Chacun joue de son côté et à aucun moment on a le sentiment d'assister à une vraie rencontre. Lou Reed fait du Lou Reed. Metallica fait du Metallica. On a l'impression d'être devant un montage vidéo projeté en direct.
Une superposition d'images un peu artificielle.
Ils jouent donc leur fameux duo et c'est franchement laid.
Ensuite ils reprennent un titre du mythique Velvet, version tellement revisitée que j'aurais un peu de mal à m'en remettre (White light/white heat).
Ajoute à ça que Lou Reed semble très diminué.Ca fait peine...
Tu me diras, ça peut paraitre un peu moral de réaliser qu'à un moment ou à un autre chacun est rattrapé par ses excès parce que jusque là il semblait bien s'en sortir compte tenu de son passé, Loulou. Mais là sincèrement j'avais de la peine de le voir ainsi, cet artiste qui est un de ceux pour lesquels j'ai le plus grand des respects.
Il y a des rencontres qu'on préfèrerait oublier. Celle-ci en est.
Bon sinon il y avait aussi Gotye mais comme je compte bientôt en reparler ici je ne développe pas trop (ah si attends tu sais quoi? Il a partagé le même eurostar que moi le lendemain (information dénuée de toute forme d'intérêt je crois mais voilà : tu l'as. Quand même), Baxter Dury (bon moi je n'ai pas aimé; enfin ses musiciens étaient très bons, ça je dis pas, mais vraiment sa prestation à lui ne m'a pas plu du tout), Izia (bon tu ne te souviens peut être pas mais moi j'ai du mal, si besoin vas faire un tour par là tu sauras tout)...
Ah mais attends j'allais presque oublier : il y a avait aussi Christophe Maé. Oui. Rappelle toi, lui et moi nous en étions restés là. Et bien il confirme ce que j'en avais pensé alors. Avec Swann on a décidé que son passage serait l'occasion de s'amuser et ça n'a pas manqué. Ma voisine a d'ailleurs pensé que nous étions des fans de la première heure, c'est dire si nous avons dû être convaincantes...
Tout ceci est donc à retrouver très bientôt, dans ta télé...
Sinon sache que You and you et June Hill ont aussi enregistré Taratata cette semaine. A suivre...