Dans l’article Posez-moi vos questions sur la photo animalière, Guillaume du blog Regard Nature s’est «lâché» et a posé de très nombreuses questions. Voici celle que j’ai sélectionnée et à laquelle je réponds. Ah, soyez courageux et lisez tout car une surprise vous attend à la fin de l’article
Tu es plutôt billebaude ou affût ? Pourquoi ?
Billebaude, affût, c’est quoi tout ça ?
Alors juste un petit rappel pour ceux qui sont au fond de la classe et qui n’ont pas bien suivi :
- la billebaude est la technique de photographie animalière à l’approche, en mouvement, au cours de laquelle le photographe est à la rencontre des animaux.
- A l’inverse, l’affût est une méthode où le photographe est immobile, à l’abri des regards dans sa cache. Ici, c’est l’animal qui vient vers l’homme.
Ceci étant dit, sachez que ces deux démarches, la billebaude comme l’affût ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Alors pour la question de Guillaume, je ne peux que faire une réponse de Normand ! Je suis des fois l’une et des fois l’autre. Ça dépend ! De quoi ? Et bien c’est là que la réponse devient intéressante :
- De l’animal à photographier : toutes les espèces ne sont pas sensibles de la même manière à la pression humaine. C’est ce qu’on appelle la distance de fuite. Plus elle est faible et plus vous aurez de chance de vous approcher de l’animal, c’est le cas du ragondin, la billebaude dans ce cas présent est intéressante. Les rapaces ont eux des grandes distances de fuite, ils s’envoleront avant même que vous ne les repéreriez, dur, dur ! L’affut est ici la seul solution.
- De mon objectif du moment : si je souhaite prendre des photos d’une espèce en particulier, ou si je veux juste récolter des informations du terrain, je serai en affût ou en billebaude.
- Du type d’image souhaité : est-ce je souhaite faire des photos d’ambiance ou des clichés de sujet en gros plan ?
- De la météo : le matin même d’une sortie le temps peut me faire changer mes plans et me faire choisir une méthode plutôt que l’autre.
- De mon équipement : on ne part pas équipé de la même manière en billebaude qu’en sortie d’affût.
Photo d'ambiance prise sur la lac de Cercey lors d'une billebaude
Voici la surprise
Tout cela vous semble encore confus et vous aimeriez y voir plus clair ? Vous aimeriez plus de détails ? J’ai ce qu’il vous faut – ça fait un peu vendeur de marché non ?
S’il vous a plu, n’hésitez pas à le partager autour de vous, ça pourra peut-être faire le bonheur d’un photographe en herbe. Vous n’aurez maintenant plus d’excuses pour ne pas savoir choisir entre affût et billebaude
Allez, avant de vous laisser, je vais quand même me mouiller sur la question de Guillaume : je suis plutôt affût que billebaude pour deux raisons :
- je ne maitrise pas assez la technique de la photo à l’approche
- je ne suis pas suffisamment équipé.
Je reviens donc souvent frustré de mes sorties photos en billebaude. Je me suis révélé, alors maintenant c’est à vous dans les commentaires !
Pour compléter votre connaissance sur la billebaude, je vous recommande un article de Cédric Girard : préparer et optimiser ses billebaudes. J’avais écris un article sur une sortie photo pendant laquelle j’avais opté pour la billebaude puis pour l’affût. Enfin, pour écrire ce billet je me suis inspiré du livre d’Erwan Balança - Photographier les animaux, Guide pratique dont vous pouvez lire le test.
Tableau Comparatif : Billebaude ou Affût ?
Tout pour savoir choisir entre une sortie à l'approche ou à l'affût.
Quels animaux ?- Oiseaux : technique très difficile en raison de l’excellente vue des oiseaux.
- Batraciens et reptiles : très bonne méthode, à condition d’évoluer comme sur des oeufs, ces animaux sont excessivement sensibles aux vibrations du sol.
- Mammifères : bon procédé pouvant donner des résultats intéressants à condition d’être expérimenté, de connaitre le terrain. Les échecs peuvent être légion à cause de l’odorat hyper-développé des mammifères. Le photographe peut déranger de nombreuses espèces sans même le savoir ! Ceci dit, des mammifères comme la marmotte ou le ragondin ont une distance de fuite assez faible.Technique adaptée à de nombreuses espèces : l’affût étant une technique avec laquelle vous attendez que le sujet vienne vers vous.
- Les oiseaux : seul l’affût permet d’avoir le sujet tenant assez de place dans l’image ! Certains oiseaux sont très, très méfiants, les rapaces ou les corvidés, victimes de siècles de persécution ne se laisseront pas bernés pas un affût mal conçu.
- Les mammifères : les craintifs comme le chevreuil, le lapin de garenne, le renard ou le sanglier (tiens, que des espèces chassées ... ) ne se laisseront tirer le portrait que si vous êtes cachés. L’affût est ici la seule alternative.
Quand ?Lorsque les conditions météo rendent le ou les affûts fixes installés inopérants : vent changeant, contre-jour, ...- Quand la situation météo est idéale : le vent et le soleil sont du bon coté (de face pour le vent, selon votre but pour le soleil)
Quels objectifs ?- Pour récolter des indices de présence, appareil en bandouillère, prêt à déclencher
- Pas d’animal précis en particulier, les sujets photographiés dépendent des rencontres- Pour se fondre complètement dans le milieu et rentrer dans la vie des animaux. Pratiquer des observations «intimes»
- Pour déranger le moins possible les espèces observées
Pour faire un reportage sur un animal particulier
Quel équipement ?- Les habits sont très importants : teintes vertes, foncées et unies. Masquez les parties blanches du corps tellement caractéristiques de l’homme (cagoule, gants, pantalon, ...). Privilégiez les matières aux frottements silencieux.
- Le matériel : emportez des objectifs légers et maniables! Pour les oiseaux et les mammifères, une longue focale sera très utile, un 300 mm est un minimum, le 500 mm permettra une meilleure proximité, mais est plus lourd et encombrant.
- Le camouflage : petits filets de camouflage pour casser la silhouette humaine et masquer le trépied et l’appareil- Pour la construction, votre matériel dépendra de deux paramètres :
Le type d’affût utilisé : fixe, flottant, en hauteur, couché
L’espèce photographiée : l’animal doit accepter la cache, l’idéal étant de choisir des matériaux pris sur place.
- Le matériel photo : un trépied pour les longues attentes, un téléobjectif, une housse anti-bruit, des cartes-mémoires
- Les habits : la couleur a ici moins d’importance. Pour les attentes d’hiver, prévoyez des polaires, un sac de couchage, des thermos, à manger, bref, de quoi améliorer votre confort.
Quelles images à réaliser ?- Des photos d’ambiance : pour les sujets craintifs et difficiles à approcher, la billebaude est excellente pour réaliser des clichés aux atmosphères particulières. Sachez vous en contenter plutôt que de faire fuir les animaux en forçant une approche.- En affût, l’animal ne se doute pas de votre présence, ceci permet :
- Des photos centrées sur des détails
- Des photos de comportement