Notre éditorialiste H16 analysait déjà il y a quelques jours sur Contrepoints une vidéo choquante tournée au Parlement Européen. Mais il n’y a pas qu’en France que cette vidéo fasse parler d’elle…
Un article de David Descôteaux, de Montréal, Québec
Le Parlement européen à Bruxelles
On parle beaucoup des Grecs ces temps-ci. On les caricature comme des dépensiers, des paresseux, des gens qui font tout pour éviter l’impôt.
Mais on parle moins des bureaucrates de l’Union européenne qui, avec le FMI, leur demande de se serrer la ceinture.
Il faut voir ce reportage d’une équipe de journalistes allemands, réalisé il y a quelque temps, qui refait surface en ce moment sur Internet, notamment sur le site du blogueur Mike Shedlock.
On y apprend entre autres qu’un membre du Parlement européen peut gagner jusqu’à 14,700 euros (plus de 20 000 $ canadiens) par mois. Dans la vidéo, on voit des parlementaires arriver vers 7 h 30 le vendredi matin au parlement, signer la liste de présence — qui leur donne droit à leur allocation — et partir aussitôt, bagages à la main, pour leur week-end.
Surpris par les caméras, certains se sauvent. Une députée allemande du parti vert, en panique, fonce dans le mur avant de sauter dans l’ascenseur! D’autres inventent des excuses avant de prendre la poudre d’escampette. Après quelque temps, des gardes de sécurité escortent les journalistes en dehors de l’édifice du Parlement européen.
Rapport accablant
Selon le parlementaire autrichien Hans-Peter Martin, ancien journaliste et militant pour plus de transparence et moins de corruption au Parlement européen, « un parlementaire gagne plus en moyenne que la chancelière allemande Angela Merkel. Et certains veulent cacher cela au public, c’est pourquoi ils n’aiment pas quand des journalistes enquêtent là-dessus », dit-il dans le reportage de la chaîne RTL.
Rappelons qu’en 2008, un rapport interne avait révélé des abus scandaleux de la part de parlementaires. Tous les moyens étaient bons pour siphonner l’argent des contribuables européens. Selon le rapport, qui avait coulé dans plusieurs médias dont le Daily Telegraph, certains réclamaient des allocations considérables (des centaines de milliers de dollars) pour payer des « assistants » qui n’existaient pas. Ils donnaient même à ces derniers des bonis fictifs! Ce rapport a forcé le Parlement à réformer son système de rémunération.
Mais ça n’a pas empêché les bureaucrates de l’Union européenne de recevoir, en 2010, une hausse de salaire de 3,7 %. Afin de les protéger de la récession, selon The Telegraph. Pendant que beaucoup d’Européens subissaient des baisses de salaire, ou perdaient leur emploi.
Faites ce que je dis…
C’est quand même ironique. Ce sont ces mêmes gens, de concert avec le FMI — une autre bureaucratie coûteuse — qui veulent imposer l’austérité aux citoyens Grecs. Qui demandent à ces derniers de geler leurs salaires, de réduire la contribution de l’État à leurs fonds de retraite, de payer plus de taxes…
Surtout que le concept d’austérité semble à géométrie variable. Toujours selon The Telegraph, la Commission européenne a récemment demandé aux syndicats qui représentent les 55 000 employés de l’Union européenne de travailler une demi-heure de plus par jour (passer de 37,5 à 40 heures par semaine). Afin de faire économiser l’équivalent de 1,4 million de dollars canadiens d’ici 2020 aux gouvernements et contribuables d’Europe. Gardons en tête que les pays membres doivent eux-mêmes faire des compressions dans leur fonction publique en ce moment. La réponse des employés : non!
Comme quoi la cupidité n’est pas réservée aux banquiers. Et qu’un peu plus de crédibilité ne nuirait sûrement pas au Parlement européen, surtout s’il veut convaincre un peuple de se serrer la ceinture. Même les Grecs.