Je devrais commencer par une sorte d’ »erratum », ayant omis d’expliquer le pourquoi du comment. Voici donc la deuxième mixtape de la rentrée (la première officielle étant celle de Tim Paris, mais l’idée étant née grâce a celle de Photonz et celle de DJ Zyron), se voulant au possible mensuelle. Elles sont et seront suivies par une série de cinq questions retraçant le passé, le présent et le futur du DJ/artiste.
Voici pour la nouvelle mixtape/interview un nouveau venu, Maxime Iko. Deux EP dont l’excellent Voiture Pullman, des soirées au Rex Club, invité à une Kill the DJ… Le monsieur raconte tout ça très bien dans l’interview.
Comment en es-tu arrivé à faire de la musique ? Que faisais-tu avant tout ça ?J’ai toujours aimé le son. Mes premiers émois nocturnes se sont déroulés aux Caves Saint-Sabin lors de soirées gothiques éléctro-new wave. Puis j’ai atterri au Queen mais ce n’était pas vraiment mon truc, tu imagines, même si j’y ai passé de longues nuits… Et puis une nuit je suis allé au Pulp et là, la claque ! Un set de Chloé et de Jennifer Cardini et tout a basculé : le mélange des gens et surtout ces deux filles qui mixaient m’ont fasciné. J’ai commencé par écouter des sets de mon côté, à chercher des playlists, pour me rendre compte finalement que je ne voulais pas seulement écouter mais aussi toucher des disques, jouer, mixer, enchaîner, bidouiller, et là, c’était parti ! Je me suis acheté des platines en faisant un petit crédit, et c’est Simone, un vieux travelo, qui m’a appris la première fois à caler et j’ai aimé ça. Merci Simone !
Avant j’étais vendeur chez Dior, donc rien à voir. Le jour où la musique a occupé une grosse place dans ma petite tête, je me suis dit qu’il était temps de partir et de chercher un travail qui me permettrait de faire plus de son. C’est là que j’ai bossé aux Bains pendant deux ans, ce qui m’a ainsi permis de côtoyer des DJ et de pouvoir mixer pour la première fois lors d’une Yes Sir! avec Wild.
Tu es DJ mais tu as aussi produit deux EP, Voiture Pullman et Beau Rivage. Que cherches-tu à explorer à travers la production et le DJing ?
Pour moi les deux se complètent et se nourrissent. Je construis mes tracks comme un DJ-set, j’essaye de faire voyager les gens dans mon univers. C’est génial car c’est la possibilité de créer son propre son, son propre groove, et quand on y arrive, c’est énorme comme sentiment. C’est un peu comme mettre un bébé au monde, ou pour moi réussir un clafoutis. Le travail est pourtant différent : créer un track est une démarche créative mais passe vraiment à travers le support d’un logiciel de production. Mixer, c’est la spontanéité, mais aussi la technique, et surtout l’inspiration de l’instant – on s’imprègne des gens, du lieu. Jouer, c’est plus interactif, et pour l’instant c’est vraiment ce qui me fait le plus vibrer car la musique me donne envie de partager les émotions que je ressens.
Qu’est-ce qui t’inspire ? Qu’est-ce qui fait que Maxime Iko fait du Maxime Iko ?
J’aime l’étrange, les profondeurs, la part sombre des gens et des lieux, les ambiances inquiétantes. Les films d’horreur, les contes et les mythes m’inspirent beaucoup : je suis fan de Carpenter, Lewis Caroll ou Dario Argento. Ca doit être les restes de ma période gothique, que j’assume totalement car elle m’a permis de découvrir l’électro et l’indus. Et puis danser dans un château fort sur Kraftwerk, c’est énorme ! Quand je mixe, j’aime provoquer les réactions des gens, donc pour moi il est impératif que le groove soit érotique. Pour moi, le sexe et la musique sont étroitement liés. D’ailleurs l’érotisme m’inspire beaucoup, c’est l’un des aspects majeurs de notre fête Cockorico.Tu as aussi tes propres soirées au Rex, Cockorico, et tu fais partie du Collectif Cancan. Peux-tu nous en dire un peu plus à leur sujet ?Le Collectif Cancan est né de l’envie de revisiter l’esprit qui régnait au Moulin Rouge à Montmartre au XIXème siècle : nouveautés artistiques (peintures, cabarets, musiques…) et mélange des gens et des genres (prostituées, petites gens, aristos et artistes se mélangeaient joyeusement et faisaient la fête jusqu’au petit matin sans se soucier de leur statut). A notre niveau et sans vouloir être révolutionnaires, mais plutôt parce qu’il nous manquait des fêtes qui nous ressemblaient, nous avons lancé ces soirées où se mélangent la musique que nous aimons et qui passe souvent pour une musique « sérieuse » avec des performances un peu licencieuses et des visuels érotiques.
Les soirées Cockorico sont nées il y a un an et sont plus orientées « garçons », spécialement dans l’esthétisme. Nous ne faisons aucun tri à la porte basé sur la sexualité : PD, gouines, trans ou hétéro, on s’en fout ; nous accueillons tous ceux et celles qui veulent délirer sur de la bonne musique. Nous n’organisons pas de soirées, nous faisons des fêtes. Un mot d’ordre : on s’amuse en écoutant, en regardant, en sentant et en touchant aussi parfois. Nous travaillons avec Yeta Jermor Berlou, la troupe Boubouland, de jeunes artistes qui ont compris notre délire : associer tout ce que nous aimons, la musique, le street art, la photo, l’érotisme, le porno underground, le travail sur le corps, un sens de l’esthétisme loin du cliché gay habituel. Chez nous, pas de gogos surgonflés mais plutôt des danseurs et danseuses comme tout le monde avec leurs défauts et leurs qualités. Ils aiment se salir joliment et nous on aime ça !
J’en profite pour t’annoncer que nous fêterons les 3 ans de notre collectif en février prochain avec une belle affiche…
Des futurs projets ?
Je viens de remixer Bozzwell sur le label Clouded Vision. L’EP sort en octobre. J’ai également un projet d’album bien avancé avec mon groupe Big Daddy’s Dead.
Mixtape
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