Etonnante, un peu destabilisante, mais fort réussie, cette "fable musicale à plume" naviguant en permanence entre hommage au monde merveilleux du Music Hall et parodie de celui-ci. Entre fiction et réalité aussi.
Camille Germser, musicien de formation, a conçu, écrit, et composé un spectacle de cabaret nous dévoilant ses coulisses, explorant un art aussi fabuleux que superficiel. Ce faisant, il tente de pénétrer l'âme et la personnalité de huit danseuses qui se cachent comme elles peuvent derrière leurs boas et strings pailletés. Egalement metteur en scène, il signe des numéros chorégraphiés techniquement parfaits, pleins d'esprit et d'humour, à la manière de Bob Fosse, des ballets aquatiques du cinéma hollywoodien des années 40, ou encore des Doris et autres Blue Bell Girls, les fait joyeusement dérailler, s'amuse des clichés du genre et d'attractions comme la ventriloquie, la magie, le strip tease... Entre deux prestations, les filles se changent à vue avec alacrité, discutent ou règlent leurs comptes sans mâcher leurs mots.
On nous présente le show comme la reconstitution d'une revue créée dans les années 70 par quelques danseuses qui se seraient vues signifier leur licenciement après s'être syndiquées et auraient voulu montrer la femme sous un autre jour. D'où "La Sublime Revanche"... Et alors qu'on nous prévient que l'on ne saura jamais si tout cela est véritablement arrivé, d'"authentiques" témoignages vidéos des girls de l'époque viennent ponctuer la représentation, quand les comédiennes d'aujourd'hui se prêtent à une vraie-fausse rencontre avec l'auditoire qui peine de plus en plus à démêler le vrai (s'il y en a...) du faux, à mesure que la représentation avance...
Que retenir de tout cela au final ?
D'abord un excellent divertissement, superbement monté, doté de beaux moyens. Drôle, improbable, culotté, décalé. Peut-être aussi que le rêve et le clinquant, qui font partie intégrante de nos vies, ne doivent jamais totalement nous faire oublier la réalité...
Créé en 2004, repris en 2007 en Avignon, ce spectacle est présenté jusqu'au 22 janvier prochain au Vingtième Théâtre.
A voir.
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