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Le Pingouin et Les Pingouins n'ont jamais froid
Publié le 12 novembre 2011 par Pralinerie @Pralinerie
Andreï Kourkov campe deux personnages attachants : Victor, un journaliste qui se rêve écrivain, un peu paumé, et Micha, son pingouin.Lorsque Victor accepte un nouveau poste de journaliste, il est loin d'imaginer jusqu'où cela va le mener. Il est préposé aux "petites croix" à savoir des nécrologies un peu particulières, pré-mortem. Dans une Ukraine politiquement instable, gangrenée par la mafia, c'est un métier dangereux. Les petites croix désignées disparaissent les unes après les autres, des journalistes aussi et Victor, assez indifférent de nature, finit par se sentir mal à l'aise. Il récupère une fillette confiée par son père et doit disparaître quelques temps.Mais ce n'est que très rarement qu'il prend conscience des dangers qui l'entourent. A vrai dire, il passe pas mal de temps dans sa cuisine avec sa machine à écrire et ses verres de vodka.Quant à Micha, il devient de plus en plus indispensable à mesure du temps : hôte des enterrements distingués, son allure dépressive et son smoking naturel correspondent à l'ambiance générale.Le second livre nous fait retrouver les mêmes personnages... ou presque car Micha semble avoir quitté l'Ukraine. Son "maître" va se mettre en quête de son pingouin préféré et tenter de tirer son épingle du jeu entre son nouveau patron, un politicien, et ses anciens démons. Il est même question de la Tchéchénie et d'un curieux four crématoire...Ces deux romans au héros pessimiste, naïf et assez débrouillard sont plein d'humour. L'absurdité suinte à toutes les pages, souvent mise en relief par le ton naturel et froid du roman. Un belle façon de raconter les troubles de l'ex-URSS, de critiquer un régime mafieux où il vaut mieux ne pas trop se faire connaître pour rester en vie.Une mention particulière pour Micha, le personnage le moins bavard mais le plus adorable de ces romans !