Je me suis rendu hier matin à une « Réunion d’information » consacrée à la création d’entreprise, organisée par la Chambre de Commerce et de l’Industrie de mon département. Ces réunions ont pour but d’apporter quelques informations de base à celles et ceux qui ont un projet de création ; elles durent 3 heures et sont gratuites. Les différentes CCI en organisent régulièrement ; elles sont habituellement libres d’accès, mais il vaut mieux s’inscrire par avance sur le site de la CCI, car parfois les places sont limitées.
Je vais vous présenter rapidement cette réunion.
Les chiffres de la création d’entreprise
En France, 15 millions de personnes envisagent de créer une entreprise ou une activité en tant qu’auto-entrepreneur. Cela représente tout de même la moitié de la population active.
Sur ces 15 millions, 4 millions ont un projet précis. En 2010, il y a eu 620 mille entreprises créées, dont la moitié par des auto-entrepreneurs (ce qui confirme le dynamisme de ce dispositif).
Près de la moitié des entreprises créées ne dépassent pas les 5 ans d’activité. Cela s’explique par plusieurs facteurs, les principaux étant la mauvaise préparation (conduisant à créer des entreprises fondamentalement non viables), l’insuffisance des fonds de roulement (qui place en cessation de paiement des entreprises qui ont pourtant des clients), et la mauvaise anticipation des charges (notamment les charges sociales qui explosent la 3ème année d’activité).
Le business Plan
Une part non négligeable de la réunion est consacrée aux différents éléments nécessaires à la constitution du business plan, passage obligé vers la création d’une entreprise pérenne.
Cela commence par l’adéquation entre le projet et son porteur. Il faut mener un auto-diagnostic personnel et professionnel. Cinq questions sont posées :
- Quelles sont les raisons qui me poussent à créer une entreprise ? D’où vient ma motivation ?
- Est-ce que je possède une expérience dans ce domaine ?
- Quels sont mes moyens financiers ?
- Ai-je des compétences techniques, en gestion et en commerce ?
- Suis-je prêt à faire des sacrifices et à prendre des risques ?
Même si ces questions semblent évidentes, j’ai été étonné de voir les réactions de l’auditoire, et les questions posées. Manifestement, la plupart des personnes présentes en étaient à un stade peu avancé dans leurs projets. Entre autre, j’ai été surpris de voir qu’un grand nombre de questions portaient sur l’argent ; principalement, le montant des apports personnels qu’il faut amener lorsqu’on souhaite demander un prêt bancaire (réponse : 20 à 30% minimum).
On passe ensuite à l’étude de marché. Elle est constituée de deux grands volets. D’un côté les futurs clients (adéquation entre le produit/service et le marché), de l’autre les fournisseurs (tarifs, délais de livraison et de paiement, quantités minimums). Pour alimenter cette étude, il faut passer 5 points en revue :
- L’environnement juridique ; l’activité doit-elle se conformer à des réglementations spécifiques ?
- L’environnement géographique ; quels sont les besoins en infrastructure, quelle localisation est prévue ?
- L’environnement économique ; quel est l’état du secteur, et comment a-t-il évolué ces dernières années ?
- L’environnement technologique ; le secteur impose-t-il une innovation coûteuse et l’offre risque-t-elle de se périmer rapidement dans le temps ?
- L’environnement concurrentiel ; quel positionnement adopter, comme se démarquer des autres acteurs du marché ?
L’étude de marché se termine par une évaluation succincte des ventes prévisionnelles : combien, et à quel prix ?
Les prévisions financières
Partie intégrante du business plan, les prévisions financières ont pour objectif de vérifier si le projet est faisable (plan de financement), rentable (compte de résultat) et solvable (plan de trésorerie).
Le plan de financement recense les besoins et les ressources nécessaires au démarrage de l’activité.
Les besoins sont constitués par les investissements (incorporels, corporels et financiers) et le fond de roulement. Le fond de roulement est vital pour une majorité d’entreprises, par exemple lorsqu’il faut payer comptant les fournisseurs alors que l’on facture les clients à 30 jours.
Le ressources comprennent les apports personnels, les emprunts, les subventions et les primes éventuelles.
Le compte de résultat prévisionnel comporte d’un côté le chiffre d’affaire, et de l’autre côté les charges fixes (loyer, salaire, …) et les charges variables (achats, sous-traitance, …). Il permet d’envisager le revenu de l’entreprise (chiffre d’affaire moins charges), et donc de déterminer ses chances de rentabilité.
Le plan de trésorerie est un peu différent. De manière toujours prévisionnelle, il reprend mois après mois l’ensemble des encaissements et des décaissements.
Sont séparés les encaissements d’exploitation (chiffre d’affaire, subventions, … tout ce qui est lié à l’activité) et les encaissements hors exploitation (prêt bancaire, et autres revenus qui ne sont pas directement liés à l’activité) ; ainsi que les décaissements d’exploitation (frais immobiliers, achats de matières premières) et les décaissements hors exploitation (remboursements de prêts, par exemple).
Cela permet de déterminer, mois après mois, l’argent que l’entreprise aura en banque, ce qui déterminera son besoin en fond de roulement.
Le cadre juridique, fiscal et social
Cette partie de la réunion passe en revue les différents statuts juridiques, avec leurs implications en terme de régime fiscal, de charges patronales et salariales.
Sont abordées les entreprises en nom propres (auto-entrepreneur, entreprise individuelle, EIRL) et les sociétés commerciales (EURL/SARL, SASU/SAS, SA). La plupart offre la possibilité de choisir entre différents régimes fiscaux : micro-fiscal simplifié ou micro-entreprise pour les auto-entrepreneurs, micro-entreprise ou réel simplifié pour les entreprises individuelles, impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés pour les EURL/SARL et les SASU/SAS.
Les aides possibles
Un certain nombre d’aides à la création sont passées en revue. Elles sont moins importantes que par le passé, et prennent souvent la forme d’exonérations de charges ou de versements spécifiques des allocations chômage.
Mon avis
J’ai rapidement passé en revue les thèmes abordés. Je n’ai pas listé toutes les informations qui nous ont été transmises.
Une majorité de ces informations devraient déjà être connues par tout créateur d’entreprise consciencieux qui s’est renseigné sur Internet. Mais certaines questions fiscales ou juridiques, qui sont assez compliquées à comprendre, y sont abordées de manière claire.
Dans tous les cas, je conseille vivement à tous les créateurs d’entreprise de consacrer une demi-journée à cette réunion. Cela permet de prendre ses premières marques, de compléter les renseignements qu’on aura déjà récolté, de prendre contact avec la CCI.
La CCI propose ensuite d’autres services, comme par exemple le stage « 5 jours pour entreprendre », qui traite en détail tous les aspects relatifs à la création d’activité ; ce stage dure une semaine et coûte 180 euros. Il est aussi possible de se rendre à l’Espace Entreprendre, qui permet d’avoir des informations gratuites, et même des entretiens de 15 minutes − sans rendez-vous − avec un conseiller qui pourra répondre précisément aux questions que vous vous posez.
Quelques liens d’information pour finir :
- Le portail des chambres de commerce et d’industrie, pour vous orienter vers votre CCI locale.
- L’agence pour la création d’entreprises, qui est une véritable mine d’informations gratuites.
- Le site CreerSaBoite.fr, une autre source d’informations très complète, mis en place par la région Île-de-France.