Source : Revue Mouvements par Thomas Coutrot
Une belle analyse de ce qui se passe en profondeur et qu'il est
parfois difficile d'appréhender. Car nous lisons ces phénomènes nouveaux avec les grilles de lecture
que l'on a construit, avant, dans une autre situation.
Extraits
Le mouvement des indignés n’est pas un feu de paille. [...] il touche des ressorts profonds dans la conscience des
citoyens du monde entier ;
Ce mouvement passera par des hauts et des bas. [...] Mais il est
appelé à durer et à marquer profondément le climat politique mondial des
années à venir.
C’est avant tout un mouvement citoyen radicalement démocratique, dont le
sens profond est clair : le compromis entre capitalisme et démocratie
permis depuis deux siècles par le système représentatif est aujourd’hui
épuisé.
Reprenons les trois principales critiques adressées au mouvement, pour
montrer les incompréhensions qu’il suscite et en creux, son caractère
radicalement novateur.
« Ils n’ont pas de revendications » !
« Ils n’ont pas de porte-paroles » !
« Ils rejettent la politique »
Mais les indignés rejettent les ersatz de démocratie. La crise sociale,
la crise écologique, l’affaissement des imaginaires consumériste et
productiviste intimement liés au capitalisme ne permettent plus la
légitimation des notables, possédants ou experts, fussent-ils choisis
par des électeurs formatés par des systèmes éducatif, productif et
médiatique générateurs de résignation et de passivité sociales. Face à
l’effondrement de ce monde confisqué par des élites qui montrent chaque
jour davantage leur irresponsabilité, l’exigence qui monte chez les
citoyens est celle d’imposer une démocratie réelle, c’est-à-dire le
pouvoir du peuple et pas des oligarchies.