Il y a quelques semaines, suite à l’agression d’un contrôleur par un
déséquilibré, les cheminots de Rhône-Alpes ont décidé de faire grève…euh non,
ils ont exercé leur droit de retrait, nuance !
Grève ou droit de retrait, le résultat pour les usagers de la SNCF a été
exactement le même, des emmerdements !
Il y a quelques jours, ce sont les conducteurs du RER B qui ont décidé de
faire grève…euh non, qui ont exercé leur droit de retrait, re-nuance ! Là
également, grève ou droit de retrait, le résultat pour les usagers du RER B a
été exactement le même, des emmerdements !
Pour les usagers qui subissent, la différence est pour le moins ténue, sinon
qu’ils peuvent avoir l’impression que les arrêts de travail dont ils subissent
les conséquences ont une cause plus « noble », ce qui très concrètement
fait une belle jambe à ceux qui sont plantés sur un quai de gare à attendre un
train tardif et bondé.
Par contre, pour les grévistes …euh, pour les droit de retraitistes, ce
n’est pas la même chose et loin de là.
Le « droit de retrait » à deux avantages essentiels, le premier
c’est qu’il peut se passer de préavis et l’autre c’est qu’il n’induit pas de
retenue sur salaire….c’est de la grève sans ses inconvénients !
On va évidemment me rétorquer que tout ceci est normal puisque le
droit de retrait ne peut être invoqué qu’en cas de « danger grave
et imminent pour la vie ou la santé ». Evidemment, en situation d’urgence,
l’arrêt de travail immédiat et sans pénalité financière est non seulement
justifié mais même tout à fait recommandé. Vous travaillez comme salarié dans
une boutique qui prend feu, personne ne viendra vous reprocher de ne pas
vouloir finir comme Jeanne d’Arc et de filer comme un zèbre pour vous mettre à
l’abri.
Dans de telles conditions, il se justifie parfaitement !
Le problème, c’est que dans les deux cas ou il a récemment été utilisé, il
n’y avait pas l’ombre d’un « danger grave et imminent pour la vie ou la
santé », pas d’incendie, de terroriste menaçant, de lion affamé à proximité ou
de pluie de météorite à l’horizon !
Dans le premier cas, le prétexte fut l’agression
mortelle d’un contrôleur par un déséquilibré.
Le fait est bien entendu tragique, mais ce n’est pas parce qu’un cinglé
agresse un contrôleur, même très violemment, que tous les contrôleurs de train
de la région sont en danger grave et imminent, évidemment que non !
Dans le second cas (RER B) la raison invoqué est des traces
d’amiante découvertes dans certaines rames de RER. Là également, compte
tenu du taux de d’amiante trouvé (très inférieures au seuil normes de santé
publique) on ne peut décemment pas parler de « danger grave et
imminent… » !
En clair, ces arrêts de travail ont été qualifiés de « droit de
retrait » de manière tout à fait indue.
Et il y a fort à parier que le phénomène prenne de l’ampleur.
Un jour, un petit malin a dit aux autres « eh les gars, j’ai trouvé un
super truc pour qu’on puisse se mettre en grève sans avoir s’emmerder à
prévenir et sans que ça nous coute un rond, ça s’appelle le droit de
retrait ! » ; les gars en question ont trouvé l’idée géniale et à la
première occasion, ils l’ont testée !
Depuis, forcément, ils y ont pris gout !
J’ai l’intuition qu’il va falloir s’y habituer désormais, à non pas subir un mouvement de grève, pudiquement appelé « mouvement social » par la SNCF, mais un …euh, un quoi exactement ?..…euh, à cet « arrêt de travail impromptu et rémunéré au titre du droit de retrait » ....il va falloir penser à lui trouver un petit nom à cette grève, parce que, dit comme, ça ne va pas tenir sur les prompteurs de la SNCF !...bah, d'un autre coté ça fait de la lecture en attendant son train !