Un papier d'Alain Frachon sur l'euro qui serait victime des idéologies.
L'article est absurde, comme tous les papiers qui prétendent dénoncer les idéologies - et donc parler au nom de la Vérité.
Frachon plaide ensuite pour que la BCE rachète les dettes publiques sans limite. Peu importe.
Ce qui est désolant est le traitement qu'il inflige à un article de Paul Krugman, au nom de la lutte pour la vérité contre les idéologies.
Frachon termine en effet son papier en citant Krugman : "Paul Krugman conclut ainsi son article : "Sur les ruines de la guerre, les Européens ont créé des sociétés qui, sans être parfaites (...) sont sans doute les plus décentes de l'histoire de l'humanité. Et cela est menacé parce que l'élite européenne (...) arrime le continent à un système monétaire qui recrée des rigidités (...) aux allures de piège mortel."
La véritable conclusion de l'article de Krugman (en VO) est la suivante : "La triste vérité est que le système euro semble de plus en plus voué à l'échec. Et une vérité encore plus triste est que vu comme le système se comporte, l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain."
La triste vérité c'est qu'un peu partout hors de France, les économistes les plus modérés estiment que les coûts de l'euro excèdent maintenant de très loin les bénéfices escomptés, mais que la presse française et les idéologues de la souveraineté européenne s'appliquent à ne pas en informer leurs lecteurs.
Du coup, petit coup de chapeau au site Econoclaste, qui dans un billet sur "Comment sauver la zone euro ?", écrit sobrement : "La réalité simple est que les logiques nationales ne disparaissent pas comme cela; que les pays européens se porteraient tous mieux, aujourd'hui, si la monnaie unique n'avait jamais été créée."