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"Ce 23 Octobre 2011 restera à jamais gravé dans ma mémoire. Pour la première fois de ma vie, j’ai pu «vivre» de vraies élections démocratiques et voté librement. Ce jour la, je n’étais pas seulement citoyen électeur, mais aussi superviseur d’un groupe d’observateurs de l’ATIDE
06h15, 45 minutes avant l’ouverture des centres de vote, j’étais déjà en « poste » avec mes observateurs pour les dernières retouches. Les consignes sont claires : un observateur est par définition indépendant, neutre et passif. Sa mission est de noter et transmettre les irrégularités. Le mot d’ordre est donc: « pas de couleur, pas d’odeur, pas de gout ».
06h30, je voyais les premiers électeurs commencer à affluer. Les responsables de bureaux et centres de votes ouvraient leurs portes pour les observateurs et les représentants de partis.
07h00, sous un soleil rayonnant, de longues files d’attentes se dessinaient déjà devant les centres et bureaux de vote qui ouvraient leur porte au public.
Entre 7h et 19h : Je parcourais à intervalles réguliers les cinq centres de vote. Je répondais aux questions des observateurs, les remplaçais lorsqu’ils allaient voter et assurais le relais avec le centre régional de l’ATIDE. Certains électeurs me posaient des questions, pensant que je suis l’un des responsables du centre de vote. Malgré le nombre important d’électeurs, l’organisation était au rendez-vous.
Peu importe les vainqueurs « politiques » de ces élections. L’essentiel est que la Tunisie a pu franchir le premier pas dans la mise en place d’une culture démocratique suffisamment stable et ancrée dans les esprits pour faire barrage à toute tentative de dérive. Dans cette logique, il n’y a que des vainqueurs, pas de vaincus. Les perdants « politiques » d'aujourd'hui seront certainement les gagnants de demain.
En cette année 2011, la Tunisie offre au monde arabo-musulman deux cadeaux. Le premier, involontaire et improvisé, a été livré le 14 Janvier 2011. Le second, minutieusement préparé et packagé, a été offert le 23 Octobre 2011.
En cette fin 2011, si je suis fier d’être Tunisien, c’est bien parce que ce pays, est sans nul doute le seul dans le monde à avoir offert à ses fils, en l’espace de quelques mois, une révolution pure comme l’eau de roche et des élections dignes des grandes démocraties."
Article paru dans Kapitalis le 12 novembre 2011