De gauche à droite: Mark Pontius, Mark Foster et Cubbie Fink / (c) Williams + Hirakawa
A l’heure d’aujourd’hui, il est impossible que vous soyez passés à côté de l’ouragan Foster The People emmené par leur titre « Pumped Up Kicks » . Émissions de télé, remixes, festivals, ils sont partout. De passage à paris pour les festival Inrocks Black XS où ils ont enflammé la Cigale, Mark Pontius, batteur du groupe, nous a accordé cette interview quelques minutes avant leur concert.
Bonjour Mark P. On va essayer quelque chose. Je vais te dire le titre d’une chanson de l’album, et par moments la question sera évidente vu le titre et des fois je te dirais une phrase extraite de la chanson et la question qui va avec. Puis quelques questions après ? Ça te va ?
Mark P : C’est parfait. Ça a l’air marrant. Allons-y !
Ok parfait. Je commence par « Helena Beat »: ‘Sometimes life it takes you by the hand. It puts you down before you know it’. Tu étais dans un groupe avant Foster The People mais ça ne s’est pas très bien passé d’après ce que j’ai compris.
M.P. : J’étais dans un groupe pendant six ans oui. J’avais 18 ans et j’en ai tiré de bonnes leçons. C’était un bon groupe mais ce n’était pas vraiment le bon groupe de personnes je pense. Ça demande beaucoup de travail pour qu’un groupe marche, aie du succès. Je crois que dans le groupe on ne voyait pas vraiment les choses de la même manière. C’est ce qui est génial avec Foster The People, on croit vraiment en ce qu’on fait et on fait tout pour y arriver. C’est la chose clé qui manquait à l’autre groupe. Mais il y a du bon, j’ai appris tellement avec cette expérience, le fait de se battre, de se donner totalement dans un projet, ça t’apprend des choses.
« Pumped Up Kicks ». A ton avis pourquoi ce titre marche autant ?
M.P. : Oh là ! Je pense que personne ne peut vraiment répondre à cette question. C’est marrant parce que lorsque la chanson a été écrite, on aimait bien la chanson. Foster est venu nous voir « oh j’ai eu une idée, j’ai écrit une chanson » et même lui il aimait bien la chanson, il la trouvait cool. Et aucun de nous ne s’attendait à ce que ça prenne une telle ampleur. Jusqu’à ce qu’on la mette sur le net, qu’on la voit sur les blogs et les sites et qu’on voie l’ampleur que ça a pris. On l’avait mis en téléchargement gratuit sur notre site aussi pendant un moment, je pense que ça a aidé. Ça s’est répandu comme une trainée de poudre. Tu arrivais sur le site et tu ne pouvais rien faire d’autre que télécharger le titre. C’était très simple. J’ai l’impression que des personnes d’âges différents ou d’univers assez différents se retrouvent bien dans la chanson. C’est cool de voir des gamins la chanter sans même savoir ce que les paroles veulent dire mais aussi des personnes plus âgées danser dessus. Je pense que la clé se trouve dans le fait que la chanson parle à une multitude de personnes différentes.
« Call It What You Want » . On peut dire que la musique de Foster The People est un peu comme un pont entre le mainstream et le hipster. Elle a été qualifiée de pop joyeuse, Pop californienne, Pop ensoleillée et j’en passe. Comment l’appellerais-tu ?
M.P.: (Rires) Je ne sais pas du tout comment l’appeler. Mais en revanche, je sais que j’aime cette chanson. C’est la chanson qu’on adore chanter en live pour être honnête. La fois où on l’a enregistré , c’était la première fois qu’on mettait les pieds à Londres, notre premier grand voyage international tous ensemble. Cette chanson est spéciale pour moi, ça me rappelle le moment où on commençait à avoir du succès et c’était génial d’être à Londres et d’enregistrer un titre. A chaque fois que je l’écoute, ça me ramène à cette époque, à l’état d’esprit dans lequel j’étais quand on était en studio.
« Don’t Stop (Colors On The Wall) ». Je cite ‘I’m going to show them all I can ride’. Jusqu’où peut aller Foster The People?
M.P.: On essaie de travailler sur le deuxième album. On est très occupés en ce moment donc on n’a pas vraiment beaucoup de temps pour le faire. Mais on prend un mois off à la fin de l’année pour les vacances et l’année prochaine la tournée va ralentir un peu. On aura plus de temps libre et on espère pouvoir se mettre sérieusement à ce deuxième album. On a déjà quelques idées. Qui sait peut-être pour la fin 2012 ? Mais on y pense vraiment. On veut s’assurer que le deuxième soit à la hauteur du premier.
« I would Do anything For You ». Qu’est-ce que tu ferais par amour?
M.P.: Je devrais répondre que je ferais n’importe quoi pour coller à la chanson (rires) mais je ne mangerais jamais de betterave. Voilà je déteste les betteraves, je ne peux pas les voir en peinture. On essaie de me convaincre mais non je ne peux pas (rires).
« Houdini ». Je cite ‘I just wanna leave. I’m gonna wanna runaway’. J’ai lu que tu voulais quitter le groupe et partir en Australie quand le succès est arrivé. Ça va mieux maintenant ?
M.P.: Et je suis presque parti. C’est drôle de regarder en arrière maintenant. Quand j’ai quitté le groupe dans lequel j’étais avant, j’étais tout seul, je squattais des canapés. Je ne voulais pas être dans un autre groupe, ça n’avait aucun sens pour moi. Mais avec Mark Foster et Cubbie on était de tellement bons amis et c’est arrivé si naturellement. Je n’avais même pas réalisé que ça se faisait. Et quand le succès a commencé à arriver, j’ai paniqué. J’ai dit que j’allais quitter le groupe, partir quelque part et l’Australie était le premier endroit auquel j’ai pensé. J’avais fait mon sac et tout, stocké mes affaires. Je me souviens avoir dit ce que je voulais faire à Mark (Ndlr : Foster) dans la voiture en sortant de répétitions un jour et il m’a dit « donne nous encore un mois on verra ce qui se passe ». Je l’ai fait et je suis content de l’avoir fait. Et de toute manière on est parti plusieurs fois en Australie depuis donc c’est gagnant-gagnant pour moi (rires). Maintenant ça va. C’est toujours un peu bizarre pour nous car c’est arrivé tellement vite. Les fans commencent à nous reconnaitre dans la rue et tout mais on s’amuse tellement et c’est cool d’être reconnu par des gens qui sont excités par ce qu’on fait. C’est cool.
« Life On The Nickel ». En quoi ta vie a changé ? En mieux et/ou en pire ?
M.P.: Le bon côté c’est vraiment pouvoir voyager à travers le monde et voir tous ces endroits magnifiques et le faire avec ses amis. On fait tous de la musique depuis un moment mais pouvoir le faire comme un travail, avoir du succès, c’est un rêve qui devient réalité. C’est vraiment la meilleure partie. D’un autre côté c’est vraiment beaucoup de travail. Je n’avais pas réalisé cela quand je rêvais d’être un musicien, de jouer dans un groupe. En général tu l’imagines comme étant le job le plus facile au monde, où tu joues de la musique parce que tu aimes ça et tu es payé pour le faire. Mais ce n’est pas vraiment ça, c’est beaucoup de travail. Tu te réveilles tous les jours, tu commences à travailler à 11 h du matin et tu le fais jusqu’à 11 heures du soir. Ce n’est pas vraiment le mauvais côté, c’est plus une surprise pour moi. Ça, et ma famille et mes amis me manquent. Je n’ai plus vraiment beaucoup l’occasion de les voir mais je rencontre beaucoup de nouvelles personnes et du coup beaucoup de nouveaux amis (rires).
De gauche à droite: Cubbie Fink, Mark Foster et Mark Pontius / (c) Williams + Hirakawa
Une dernière, « Warrant ». Je cite ‘They want me dead or alive’ Qu’est-ce que tu as envie de dire aux gens qui vous descendent en disant que vous êtes juste le groupe du moment, des ‘one hit wonders’ ?
M.P.: Des tas de personnes se posent la question mais je pense que ceux qui pensent ça n’ont pas entendu l’album entier. Ils ont juste écouté « Pumped Up Kicks », ils n’entendent que ça à la radio et ils pensent donc qu’il n y a que ça. On y a pensé au début. Ça fait partie des choses que l’on a craintes. Mais je crois de tout mon cœur que la musique qu’on fait est honnête, vraie, et c’est le plus important. Ce n’est pas du « fake », ça ne partira pas. La musique que j’ai écouté en grandissant, que j’écoute toujours avait la même particularité, c’est de la musique honnête. C’est ce qu’on essaie de faire. Cet album a beaucoup plus à offrir qu’un seul hit. Et on travaille sur des trucs cools pour le second. Qui sait ? On aura peut-être une carrière (rires).
Je l’espère aussi. C’était tout pour les chansons maintenant j’ai une question comment dire, un peu embarrassante. J’ai entendu parler d’une histoire de canard tatoué …
M.P.: Ooh le canard ! (rires) Mais tu as entendu ça où ? (rires) C’est vrai, c’est vrai. Je te montre maintenant, ici. (Se lève et baisse son pantalon. Ndlr : Je confirme donc que Mark P. a un canard de bain rayé tatoué sur la fesse droite)
(Fou rire) C’est mon premier tatouage. Deux de mes meilleurs amis ont le même sur les fesses aussi mais pour eux c’est un pingouin et un caniche. J’avais 18 ans, on s’ennuyait, je ne sais plus qui a eu l’idée et arrivés chez le tatoueur on a décidé qu’on n’allait pas tous avoir les mêmes animaux et quelqu’un a choisi le canard pour moi. C’est marrant parce que maintenant il m’arrive plein de trucs en rapport avec des canards (rires).
Ok on redevient sérieux maintenant. Quand est-ce que vous revenez pour votre propre show ici ?
M.P.: Oh ça je ne sais pas du tout. Probablement l’année prochaine. J’aurais bien aimé qu’on le fasse maintenant mais je pense probablement milieu de l’année prochaine. Je m’avance. On va tourner pour cet album jusqu’à septembre prochain je pense donc je pense qu’on sera de retour bientôt.
Dans la catégorie ‘nouveaux groupes’, qu’est ce qui tourne en boucle en ce moment ?
M.P.: J’aime vraiment beaucoup Lana Del Rey, elle est belle et les deux singles que j’ai entendu sont incroyables. Je crois que la première fois que je l’ai entendu je l’ai écouté 7 ou 8 fois d’affilée. Gotye et Kimbra aussi. J’adorerais voir Gotye en live. J’aime beaucoup découvrir des nouveautés. En plus je suis beaucoup de blogs français, je ne vais pas essayer de prononcer leurs noms (rires) mais vous êtes au taquet niveau musique ici.
Merci. Du coup tu connais des artistes français ?
M.P.: Bien sûr Daft punk, Phoenix. J’adore Phoenix, Justice. Tous les noms assez communs en vrai (rires). Oh si attends j’adore Yelle, je l’aime tellement. Elle est formidable. Je l’ai vu il y a 2 ans aux US et elle a fait sold out 2 soirs de suite dans une grande salle. Et tout le monde chantait en français. C’est génial pour un artiste de traverser les frontières, d’arriver aux States et de s’imposer en chantant en français. J’ai un petit béguin pour elle (rires) Si tu la vois, je compte sur toi pour lui dire des trucs gentils sur moi (rires).
Je n’oublierais pas. Merci beaucoup Mark. A toi et au canard.
M.P.: (Rires) Peu de gens l’ont vu, tu es une privilégiée. (Rires) Merci beaucoup c’était marrant.
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