Célèbre pour son moteur graphique, reconnu pour son gameplay et plus que salué par la presse et les joueurs, Crysis, qui souffle cette année sa cinquième bougie, s’offre enfin une édition Xbox 360. Un portage inespéré et ce pour une raison avant tout : le moteur graphique, le CryEngine 2, était à l’époque décrit comme trop gourmand pour être porté sur console. Bizarrement, aujourd’hui la donne a changé. Crysis est désormais disponible sur le Xbox Live via la section Jeux à la demande. Test d’un portage de très bonne facture.
Le titre développé par Crytek Studios, le père du mythique FPS Far Cry et du moteur graphique CryEngine, est disponible depuis le 16 novembre 2007. Pas de chichi avec ce jeu, Electronic Arts a sorti le jeu partout dans le monde à la même date. Les retours ne se sont pas fait attendre : les titres tombèrent («Best PC FPS», «Best Graphics» etc.), la presse lui mis des excellentes notes et les joueurs vantèrent son moteur graphique. Même cinq ans après sa sortie, Crysis continue de mettre à terre certaines configurations PC. Il est facile de faire tourner correctement le jeu en moyen, mais difficile de le mettre au maximum. C’est d’ailleurs pour cette raison que bien des joueurs achetèrent des cartes graphiques plus puissantes. Une véritable guerre s’installa un temps sur la toile avec comme principal sujet : comment faites vous tourner Crysis ? Ce fameux moteur graphique, réputé comme difficilement exportable sur console, fut le centre de la guerre entre console et PC pendant un moment. Les joueurs PC le prièrent comme porte étendard, le titre prouvant que les consoles, non évolutives, sont déjà à la ramasse. Crytek nous prouve une extension et un second volet plus tard : Crysis est bien jouable sur console. Avant de voir si les rétines tombent toujours à la vue du jeu, parlons un peu de lui.
Pendant ce temps en Corée du Nord…
C’est en 2020 que Crysis se déroule. Tout débute sur l’archipel fictive Lingshan Islands en mer de Chine, la Corée du Nord attaque l’île et prend possession de celle-ci. Jusqu’ici les Etats Unis n’ont aucun rapport avec le conflit… jusqu’au moment où un groupe d’archéologues américains présent sur le sol de l’île attaquée montre signe de vie. Un message envoyé par le Dr. Rosenthal indique qu’ils ont besoin d’aide et qu’ils ont découvert quelque chose qui pourrait changer la face du monde. Ni une ni deux, le pays de l’Oncle Sam envoie une troupe d’élite sur place afin d’évacuer ce beau monde et sa découverte. Seulement tout cela ne se passe pas comme prévu, lors de l’arrivée sur l’archipel, Nomad, un membre de l’équipe Raptor, tombe dans la mer loin de son escouade, la faute à un problème de parachute. L’équipe, séparée, essaye de se retrouver sur l’île. Le plan dérape, des membres meurent, Nomad et son équipe comprennent vite la réalité : il y a bien plus que des nord coréens sur l’île… Débute alors une quête vers la vérité.
Scénaristiquement, le jeu ne casse pas des briques. L’ensemble est relativement convenu. C’est plutôt du côté de la mise en scène que Crysis assure. Difficile de s’ennuyer dans le jeu tant on est soudoyé. Possédant une bonne narration, le titre peut se targuer de proposer une aventure relativement longue (pour un FPS). Ce qui est réellement intéressant, c’est le contraste entre l’arrivée sur l’île et l’invasion de l’ennemi inconnu.
Une combinaison pas comme les autres
Crysis, ce n’est pas que des graphismes : c’est aussi un gameplay varié. Derrière cette variété, la nanocombinaison. Une armure que notre héros, Nomad, possède comme ses camarades. Elle est le fruit de la recherche américaine, une grande première qu’ils comptent bien garder pour eux : la preuve en est, lorsqu’un des membres de l’escouade meurt, celle-ci doit être détruire pour que personne ne mette la main dessus. Cette nanocombinaison, sorte de couteau suisse futuriste, va vous permettre de devenir invisible, de sprinter plus rapidement et bien évidemment de mieux résister aux balles. Pour se faire, Crytek a eu la bonne idée d’enlever le menu en forme de roue (il ne se prêtait pas à la manette) pour le remplacer par une répartition des fonctions sur les touches. Ceux qui ont déjà touché Crysis 2 ne seront pas étonnés : l’interface de notre personnage est repris du second volet. Que les joueurs inquiets se rassurent donc, ce portage n’est pas fait à la va-vite. Pour revenir sur cette fameuse combinaison, elle est le coeur même du jeu. Il va vous falloir être judicieux et utiliser ses atouts en temps et en heure. En fait, tout dépend de vous. Si vous êtes du genre bourrin, l’armure vous aidera à survivre tandis que si vous préférez débarquer comme un assassin, l’invisibilité sera votre compagnon. Attention cependant, ces plus ne sont pas utilisables à volonté ! Une fois activé, la fonction mange de votre barre d’énergie. Une fois à zéro, l’effet se désactive. Lorsque vous activerez l’invisibilité de façon statique, la barre baissera lentement, mais le moindre mouvement la fera disparaître deux fois plus rapidement. Le moindre tir de votre part désactive complètement votre combinaison. En mode armure, votre barre ne baissera que sous le feu ennemi. Entre les phases de combat, le sprint sera votre ami… notre pauvre Nomad étant un peu lent de base. La force du gameplay de Crysis réside également dans la liberté qu’il laisse aux joueurs. Certes, vous devez suivre l’objectif indiqué, mais un peu comme dans Deus Ex, c’est à vous de choisir comment parvenir à vos fins. Il n’y a pas de chemin tracé dans le jeu. L’île est votre terrain de jeu. Dommage que l’I.A ne joue pas toujours le jeu. Aussi bien intelligente que profondément stupide, l’I.A est capable du meilleur comme du pire. Dans l’ensemble, le gameplay de cette édition 360 restitue très bien la nervosité de l’épisode PC. Surtout, il ne perd rien en chemin : il y a toujours l’armure, la possibilité de personnaliser les armes, la liberté et son moteur graphique !
Le moteur qui pleurei 3
Le jeu anciennement non portable sur console s’en tire finalement plutôt bien sur Xbox 360 ! Bon, il a fallu faire des compromis et ça se sent, mais pour un jeu disponible uniquement via le Xbox Live, le résultat est plutôt concluant. On a l’impression de voir Crysis en mode moyen sur PC, les ajustements en plus. L’archipel est toujours aussi resplendissant, bien qu’un peu déboisé. Les effets de lumière sont travaillés et les personnages bien modélisés. On regrette un l’aliasing un peu trop prononcé et une fluidité pas forcément exemplaire lors de certaines scènes. Rien de méchant cependant puisque Crysis reste vraiment beau… surtout pour un titre sorti il y a cinq ans. Précisons que les développeurs ont décidé de faire passer le jeu sous son dernier moteur, le CryEngine 3 pour ce portage.
Conclusion : 8/10
Cinq ans et toujours toutes ses dents. Crysis, l’indomptable, longtemps décrit comme impossible à porter sur console est aujourd’hui disponible sur le Xbox Live pour notre plus grand bonheur ! Techniquement très présentable, le titre s’avère toujours aussi nerveux. Le gameplay, revu pour être adapté sur Xbox 360, n’a pas pris une ride : tout est là sans compromis. L’unique concession faite sur le jeu est du côté graphique, Crytek ayant été jusqu’à supprimer une mission présente sur la version PC pour que l’ensemble du titre soit pleinement jouable de façon fluide. Ce portage est l’occasion pour les joueurs ne possédant pas de PC assez puissant pour faire tourner correctement le jeu d’essayer enfin cet excellent FPS à la rejouabilité satisfaisante. Une petite bombe à un prix accessible.