Ryuichi Sakamoto, je suis son parcours depuis l'époque du Yellow Magic Orchestra.
Je me souviens d'un concert exceptionnel au Cirque Royal en 1990, l'année de naissance de ma fille, (tournée "Beauty"), au terme duquel le génial japonais nous avait laissés réellement
pantois.
Depuis, vingt et un ans ont passé et entre interprétations diverses de l'oeuvre d'Antonio Carlos Jobim, tournées solo, écriture de musiques de film (Furyo, le Dernier Empereur, etc...) ,
expérimentations piano-électronique avec Alva Noto, et reformation épisodique de YMO, le sorcier des claviers est toujours là et bien là.
Restant sur une performance qui fit l'unanimité il y a quelques mois à l'Ancienne Belgique dans le cadre du festival Silence is Sexy (en compagnie d'Alva
Noto), le voici de retour en trio dans la merveilleuse salle Henry le Boeuf du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Celle ci est d'ailleurs copieusement garnie. Il est vrai que le maestro ne déçoit pratiquement jamais et draine un public inconditionnel et fidèle.
Au programme de ce soir un best of de sa carrière comprenant musiques de films et extraits d'albums solos .
Il est l'heure, le silence se fait et les lumières s'éteignent.
Ryuichi entre seul en scène et improvise un titre d'ambiance en lissant et pinçant les cordes de son piano, puis s'installe lentement devant le Yamaha de
concert.
Pendant 1h30, il va nous emmener virevolter dans son univers de douceur, de délicatesse et d'émotions en tout genre.
Son jeu, souvent lent, inspiré de Satie et de l'impressionnisme de Claude Debussy tient en haleine par sa perfection et les harmonies qu'il dégage. L'apport du travail du violoncelle de
Jacques Moerelenbaum et de la violoniste Judy Kang constitue tout simplement un magnifique écrin pour le jeu
subtil et inspiré du Japonais.
Souvent la salle écoute dans un silence proche du recueillement, mais lorsque les titres finissent c'est un déluge d'applaudissements qui vient les saluer. Peu expansif, presque maladivement
timide, Ryuichi Sakamoto est tout à son art, immergé dans chaque note, noyé dans chaque accord harmonique. Ses doigts se promènent avec grâce et sensualité sur les touches blanches et noires du
piano avec une facilité déconcertante et une légèreté inouïe.
Des titres comme "Merry Christmas Mister Lawrence", "The last Emperor", "1919", ainsi qu' "Ichimai" et "Parolibre", tous deux joués lors des 2 premiers rappels exploseront l'applaudimètre.
Le maestro reviendra une troisième fois, seul au piano, nous interpréter quelques derniers titres portés par la beauté et la lenteur indolente de son jeu.
La salle est debout, une fois encore le miracle a opéré et le génie a fait son office. Un court salut, quelques remerciements, une rare dédicace à une fan qui l'a littéralement supplié et le
natif de Tokyo disparaît dans les coulisses.
Christine H. qui l'avait déjà applaudi il y a quelques mois à l'AB me déclare: "j'ai encore plus apprécié ce concert ci...c'est fou, il me fait vraiment vibrer
ce petit bonhomme !"C'est tout dire...
En résumé: une soirée mémorable et un concert d'une beauté indéfinissable qui longtemps encore hantera nos mémoires.
Sayonara !
JPROCK
Setlist: Improvisation, flukushima, nostalgia ,aria for openheimer,bibo no aozora,seven samourai, tango,
amore,solitude, merry christmas mister lawrence,the sheltering sky, the last emperor,happy end, may in the backyard, 1919. Encore/ichimai, parolibre, ipponnatsu, 1000 knives, behind the
mask.