Mercredi, il était allé à à Colombey-les-Deux-Églises à l'occasion du 41ème anniversaire de la disparition du Général de Gaulle. L'an dernier, pour le 40ème anniversaire de la disparition du grand homme, Nicolas Sarkozy avait fait les choses en grand. Chapiteau, estrade, caméras, discours fleuve, etc. Cette fois-ci, ce fut plus sobre. Ce vendredi, 11 novembre oblige, Sarkozy jouera encore au chef de guerre pour honorer la fin de la première Grande Guerre. Il est même prévu une inauguration de musée militaire ... à Meaux, dans la commune de Jean-François Copé.
La crise est grave, la récession menace, l'Italie sombre, mais Sarkozy inaugure. Cherchez l'erreur.
Diversions protocolaires
Sur la page de garde d'Elysée.fr, le Général de Gaulle était encore à l'honneur. Nous n'avons pas souvenir - et les archives électroniques du site sont là pour le prouver - d'un tel hommage pour d'autres grands chefs d'Etat du pays. Après tout, si François Mitterrand n'a pas sauvé la France du déshonneur de la collaboration entre 1940 et 1944, il a tout de même marqué l'histoire du pays. On ne reprochera pas à Nicolas Sarkozy d'admirer de Gaulle davantage que Mitterrand. Tout juste pourrait-il s'abstenir de privatiser la Présidence de la République pour ces hommages strictement gaullistes.
Ce mercredi 9 novembre, il avait pris son gros hélicoptère présidentiel pour débouler à Colombey-les-Deux-Eglises, serrer quelques mains, et se faire photographier seul devant l'immense Croix de Lorraine puis la tombe du Général pour le traditionnel dépôt de gerbe. Depuis un an qu'il se re-présidentialise, Sarkozy cherche des symboles. Il a même parcouru quelques mètres à pied pour se rendre dans un restaurant voisin. L'envoyé spécial d'un quotidien local a été enthousiasmé par ce « bain de foule »: « le président est invité à signer un livre d'or. La chaleur de Benghazi dans le fief de De Gaulle ». Fichtre !
Protocole encore, le Monarque inaugure un musée en l'honneur de la Grande Guerre.
Le député-maire, avocat d'affaires Et patron par procuration de l'UMP présidentielle, l'avait annoncé il y a trois ans, le 8 novembre 2008. Pour cette opération, Copé a attiré pas mal de jolis mécènes,
tels Véolia, Eiffage, Crédit Agricole, Casino et même Disney Paris. Le
musée, 7.000 mètres carrés, a été installé sur les lieux mêmes de la
bataille de la Marne.
Catastrophe européenne
En coulisses, le Monarque est au bord de la panique. Il ne sait plus comment contenir la crise, la grande catastrophe, le scénario tant redouté. Son grand show des 26-27 octobre derniers (psychodrame à Bruxelles puis intervention télévisée à Paris) a été bien vite oublié. Nous n'avons pas évité la « catastrophe ». Nous sommes toujours au bord du précipice.
1. La pression des marchés a eu la peau de Silvio Berlusconi, qui a démissionné mercredi. Mais les taux d'intérêts des prêteurs à l'Italie se sont encore inflatés. Les traders n'y croient plus. Mercredi puis jeudi, les Bourses ont encore flanché. Quelle est la différence entre l'Italie et la France ? L'Italie, au moins, dégage un excédent budgétaire. L'Italie doit aussi emprunter 400 milliards d'euros cette année sur les marchés, la France environ 200 milliards. Le Fond européen de Stabilité financière n'est pas crédible. Il a péniblement décroché 3 milliards sur les marchés en début de semaine.
2. Les marges de manoeuvre sont quasi-nulles. Quelques consoeurs et confrères rappellent, à juste titre, que les Etats européens ont abandonné toute politique monétaire depuis l'aube de l'intégration financière européenne; que l'interdiction faite à nos banques centrales de prêter à leurs propres Etats a précipité ces derniers dans les bras de banquiers et marchés privés; que cette privatisation de l'endettement s'est accompagnée, surtout depuis 2000, d'une large défiscalisation générale qui a amoindri les recettes publiques. Sur son seul quinquennat, Nicolas Sarkozy a fait cadeau de quelques 72 milliards d'euros de réductions fiscales (et ceci n'a rien à voir avec la crise !). Ajoutons des dépenses sociales, notamment les assurances maladie et chômage, qui n'ont cessé de progresser à cause du vieillissement et de la précarisation, et la boucle est bouclée.
3. La récession menace en Europe. Jeudi 10 novembre, la Commission européenne s'est inquiétée: « la chute brutale de la confiance freine l'investissement et la
consommation, tandis que le ralentissement de la croissance mondiale
limite les exportations et que l'assainissement budgétaire à opérer
d'urgence pèse sur la demande intérieure ». Et elle prévient: « la croissance s'est arrêtée en Europe ».
France en panne
Jeudi, la même Commission européenne a réévalué à la baisse la prévision de croissance française: 0,6% et non le 1% que Sarkozy venait juste de reconnaître. Notre Monarque a toujours un train de retard. Barroso a aussi demandé davantage de rigueur au gouvernement Sarkozy. Quel affront ! Le couple Sarkozy/Fillon venait juste de nous annoncer « le budget le plus rigoureux depuis 1945 ». En panique, François Baroin et Valérie Pécresse ont lâché l'après-midi même un communiqué pour rassurer Bruxelles que « l'engagement de
ramener le déficit à 3% du PIB en 2013 puis à
l'équilibre en 2016 sera tenu ».
Il ne reste à Angela Merkel et surtout Nicolas Sarkozy qu'à mendier quelques centaines de milliards d'euros de prêts et garanties à ... la Chine. Quel sera le prix à payer cette fois-ci ? Sarkozy se courbait déjà en 2008 devant la « formidable organisation » des Jeux Olympiques de Pékin. Quelle sera la prochaine courbette ? La Chine est le pire des modèles de développement, une dictature politique et sociale, et un monstre pollueur.
Last but not least, une très mauvaise nouvelle est tombée... pour Nicolas Sarkozy: le SMIC va enfin augmenter. Depuis qu'il a été élu, Sarkozy a rarement été rigoureux sauf sur un sujet, la revalorisation du SMIC. Dès le début de son quinquennat, le Président des Riches avait soigneusement veillé à ne donner aucun coup de pouce au salaire minimum, malgré la multiplication des hausses tarifaires ici ou là. Pire, depuis janvier dernier, l'échéance de revalorisation avait été régulièrement repoussée. Celle de juillet fut ainsi décalée en août, puis à l'automne. Malheureusement pour lui, l'inflation du pays avait repris. L'indexation du SMIC est automatique et légale si l'inflation dépasse 2% sur 12 mois glissants, ce qu'elle a fait au 10 novembre. Le 1er décembre prochain, le SMIC sera ainsi revalorisé de 2,1%.