J’ai assisté hier après-midi à une réunion de présentation du GEAI, le Groupement d’Entrepreneurs Accompagnés Individuellement. Il s’agit d’une association, présente en région parisienne, qui a pour but d’offrir un encadrement et un accompagnement aux créateurs d’entreprise.
Quel que soit le domaine d’activité, les créateurs d’entreprise sont confrontés à deux problèmes fondamentaux : Avant même de savoir si leur projet est viable, ils se voient dissiper une partie non négligeable de leur énergie à résoudre des questions d’ordre administratif et comptable ; en plus de cela, ces formalités imposent de payer des frais à l’enregistrement de l’entreprise, à la création d’un compte bancaire professionnel, puis par la suite le paiement d’un comptable pour la gestion des opérations courantes.
Cela est d’autant plus pénalisant que dans les premières phases d’une activité, on veut surtout valider le concept commercial, vérifier qu’il est viable économiquement, qu’il peut rencontrer son public et générer une clientèle.
Les incubateurs permettent justement de se focaliser sur le cœur de l’entreprise. Le GEAI offre la possibilité de tester son activité en prenant peu de risques. Durant une période allant de 4 à 12 mois, l’association met à disposition son numéro de SIRET et son dispositif financier ; les « couvés » peuvent ainsi vendre des produits et facturer leurs clients sans avoir à effectuer de démarche pour en avoir eux-mêmes la capacité.
Le principe est assez simple. Vous avancez l’argent pour vos stocks ou matières premières. Vous facturez vos clients grâce à l’incubateur, qui retiendra 10% du chiffre d’affaire pour les frais de gestion (ce qui comprend principalement le travail d’expertise comptable). Il faut ajouter environ 8 € par mois pour les assurances accident du travail et maladie professionnelle.
À la fin de la période d’incubation, les bénéfices (chiffre d’affaire moins charges) sont reversés.
À mon avis, le plus intéressant ne situe pourtant pas à ce niveau. Là où l’incubateur prend tout son sens, c’est dans l’accompagnement qu’il propose aux créateurs d’entreprises. Cela se déroule en 4 grandes étapes :
- Avant l’admission, il faut constituer un dossier de candidature. Celui-ci doit contenir une étude de marché, une étude financière, et les objectifs qualitatifs et quantitatifs de la société. Ces éléments sont la base d’un business plan. La plupart des créateurs qui approchent le GEAI ont des projets suffisamment avancés pour pouvoir constituer leur dossier rapidement. Mais pour ceux qui sont encore en phase de réflexion, il est prévu d’avoir 2 à 3 rendez-vous avec un conseiller pour mettre tout ça en place.
- Pendant l’incubation, un suivi individuel est effectué en rencontrant un conseiller une à deux fois par mois. C’est à ces occasions que sont passés en revue les résultats (comparés aux prévisions du business plan), et que sont prises des mesures correctives : politique de prix, publicité, marketing, utilisation des réseaux sociaux, étude comptable, plan de financement, etc.
- Toujours durant l’incubation, un assez grand nombre de formations sont proposées, chacune durant une demi-journée à une journée et demi. Cela concerne le marketing, la prospection commerciale, la gestion comptable, la fiscalité, le droit social… En plus de ces formations sont organisés des petits-déjeuners thématiques, qui servent au réseautage tout en abordant certains sujets qui peuvent être intéressants.
- Avant la sortie de l’incubateur, une stratégie est mise en place pour préparer les choses. Le but étant d’optimiser les chances de viabilité à long terme, plusieurs aspects sont pris en compte. Cela concerne aussi bien le statut juridique de l’entreprise qui sera créée, que la recherche éventuelle de partenaires ou d’investisseurs.
Pépinière d’entreprises
Comme cette réunion avait lieu au sein de la pépinière d’entreprises de la ville où j’habite, j’en ai profité pour en avoir une visite guidée. Je m’étais déjà renseigné sur les modalités d’accueil de la pépinière ; je voulais surtout voir les locaux qui y sont proposés.
Dans les grandes lignes, une telle pépinière propose des bureaux de 10 à 20 m², à un tarif avantageux. On dit habituellement que les pépinières sont environ 30% moins cher que les prix du secteur. Je ne connais pas les tarifs de location des bureaux dans ma ville. Je sais juste que la pépinière loue ses bureaux de 10 m² pour environ 380 € HT par mois (630 € par mois pour 20 m²).
Ce prix inclut la mutualisation de certains services (photocopieuse, fax, machine à affranchir), l’accès à la salle de réunion, l’accès sécurisé (avec alarme à digicode), le ménage quotidien, le parking sécurisé. Par contre, il faut prendre en plus son propre accès à internet et abonnement téléphonique.
Les bureaux sont loués sur les termes d’un bail précaire de 48 mois. La « précarité » dont il s’agit ne veut pas dire que les entreprises peuvent se faire virer du jour au lendemain. Au contraire, leur place est assurée pendant 4 ans, tout en ayant la possibilité de partir à n’importe quel moment − en respectant un préavis de 2 mois.
La pépinière offre aussi des services de domiciliation postale, pour 470 € HT par an.
Enfin, il est possible de louer uniquement la salle de réunion, au tarif très avantageux de 40 € la demi-journée. C’est parfait pour accueillir une dizaine de personnes.
Mon avis
Vous l’aurez compris, l’incubateur me semble être un dispositif très intéressant, que tout créateur d’entreprise devrait envisager sérieusement avant de passer à l’action. Il n’y a que quelques cas qui sont incompatibles : les professions réglementées, ou celles nécessitant un local commercial. Si on a besoin de recruter rapidement des salariés ou des stagiaires, ça ne pourra pas non plus se faire.
Pour tester une idée en « grandeur nature », sans prendre non plus de risques ni d’engagements à long terme, c’est une bonne solution. Que l’on choisisse de créer une entreprise d’import-export ou une start-up high-tech, c’est à regarder de près.
Par contre, la pépinière est une solution dont l’intérêt saute moins aux yeux. Pour démarrer une activité, payer quatre mille euros de loyer par an, ça reste un investissement important. Pour une start-up, il vaudra mieux commencer par travailler chez soi, dans sa cave (selon l’expression consacrée). Et attendre d’avoir une activité rentable − ou d’avoir levé des fonds − et de faire ses premières embauches, avant de sauter le pas.