L'efficacité du dépistage du cancer du sein par mammographie prêtera-t-il à polémique comme le dépistage du cancer de la prostate avec son test PSA ? Alors qu'au 33e congrès de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM), les spécialistes se posent la question du surdiagnostic lié à la politique actuelle de dépistage du cancer du sein, les National Health Institutes envisagent déjà de revoir leurs recommandations sur le dépistage du cancer du sein. Une remise en question du programme de dépistage est encouragée actuellement par certains médecins britanniques aussi qui suggèrent, là encore, qu'avec un taux élevé de faux-positifs, le dépistage pourrait peut-être faire plus de mal que de bien. Une question soulevée dons par un grand nombre de spécialistes dans le monde, alors qu'en France les données indiquent que le surdiagnostic ne concernerait que 5 à 10% des cancers.
Il y a d'abord, le Professeur Sir Mike Richards, Directeur national pour le Cancer au Ministère de la santé britannique, qui publie une lettre ouverte dans le British Medical Journal. Puis les conclusions de différentes études dont de nombreuses publiées dans le BMJ même. Il en ressort un appel à la réflexion sur les politiques actuelles de dépistage du cancer du sein.
Des études de haute tenue peu favorables à l'efficacité du dépistage: La majorité des experts soutiennent le programme actuel de dépistage du sein. Cependant, le Pr. Richards déclare: «Si une évaluation indépendante conclut que le rapport bénéfice-risque du dépistage du cancer du sein est négatif, je n'hésiterai pas à en rapporter les conclusions au Comité du dépistage et ensuite aux ministres." Le Pr. Richards révèle les principales conclusions de l'analyse en cours sur l'efficacité du dépistage du sein. Par exemple, une récente étude publiée par la Cochrane collaboration conclut que ce rapport bénéfice-risque n'est pas clair. Les 3 études considérées comme de plus haute tenue, montrent que le dépistage n'a pas réduit significativement le taux de décès du cancer du sein après un suivi de 13 ans en comparaison du taux observé chez des femmes qui n'ont pas été dépistées. Ce sont les études de moindre qualité qui suggèrent une réduction significative des décès par cancer du sein chez les patientes dépistées.
L'ensemble des études combinées n'aboutit qu'à un effet global du dépistage réduit: Le risque relatif de décès par cancer du sein n'est en effet réduit que de 13 à 26%. Les auteurs soulignent donc que les études de moindre qualité peuvent être biaisées en faveur du dépistage faveur et estiment que la véritable réduction relative de mortalité par cancer du sein grâce au dépistage se situe aux alentours de 15%.
Avantages et inconvénients soulignés, du dépistage du cancer du sein : s'il y a toujours eu débat, les spécialistes rappellent l'avantage de la détection du cancer du sein à un stade précoce et l'inconvénient du sur-diagnostic puis de la biopsie, chirurgie, radiothérapie et autres gestes ou traitements inutiles qui peuvent, aussi, entraîner des dommages.
Rappelons qu'il y a un an, une étude publiée dans le New England journal of Medecine, interrogeait, de manière identique, sur les politiques de dépistage, concluant que les mammographies permettent de réduire les taux de décès du cancer du sein, mais modérément, en fait, de 10% environ.
Sources: BMJ doi: 10.1136/bmj.d6894 (Published 25 October 2011) The NHS breast screening programme needs independent review. BMJ doi: 10.1136/bmj.d6843 (Published 25 October 2011) An independent review is under way.
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