Honeywell à Condé-sur-Noireau, une histoire de cynisme économique (extra) ordinaire…

Cette histoire là, qui peut apparaître comme une anecdote économique assez banale, j’avais envie de la raconter car elle représente à mes yeux le summum du cynisme auquel peut amener une certaine forme de  capitalisme animé par la seule cupidité.

La société qui en est l’auteur, Honeywell, est divisée en 4 secteurs d’activités : aéronautique, automatismes et solutions de contrôle, matériaux spéciaux à usages multiples, et systèmes de transport. C’est à ce dernier titre qu’elle m’était familière puisque j’ai vécu mes vingt premières années à Epinal, non loin de Thaon, où se situait une entreprise renommée,  Garett SA, qui a été rachetée ensuite par le groupe Honeywell, et fabriquait des turbo-compresseurs.

L’usine qui fait parler d’elle aujourd’hui n’est pas celle que je connais, mais une autre du même groupe située à l’opposé sur la carte de France, à Condé sur Noireau, une petite ville d’un peu plus de 5 000 habitants située dans le Calvados, en Basse-Normandie. On y fabrique des plaquettes de frein actuellement. Pourtant, autrefois, la production était plus diversifiée…

Le mercredi 19 octobre 2011, les 323 salariés ont appris la fermeture de leur entreprise pour juin 2013. Stupeur et incompréhension, comme il se doit, nul ne pouvant être préparé à une telle issue. Raison invoquée :

  « Nous comprenons que ce projet de cessation d’activité déclenche de la colère, lâche François Serizay, directeur des relations sociales chez Honeywell. Mais le site de Condé n’est plus adapté, sa technologie est obsolète et les pertes récurrentes. »

Sauf que la réalité est un peu moins conventionnelle que les arguments de ce Monsieur le laissent supposer.  3 semaines plus tard  atterrit en effet sur le bureau de Mr le Maire, Pascal Allizard, un dossier anonymé de 15 pages, constitué d’une analyse économique et comptable complète… ainsi que les erreurs tehniques grossières  qui ont conduit à la situation actuelle.  Ce dossier démontre de manière tout à fait explicite comment la direction s’est ingéniée à dépecer peu à peu cette entreprise,  pourtant en bonne santé,  de manière tout à fait volontaire, en la dépouillant peu à peu, sur 5 ans, de sa ligne de produits, fabriqués à présent sur d’autres sites du groupe, afin de justifier sa disparition.

Face à une attitude aussi detestable, j’ai aussitôt eu envie,  pour l’édification des masses populaires (mais pas que)  faire connaitre cette histoire. Voici le texte du commentaire que  j’ai envoyé à ce maire courageux, avant qu’il ne soit intercepté par le filtre anti-spams de son blog… (Sage précaution que d’avoir pensé à en faire  une copie !).

Monsieur le maire, cette histoire m’a profondément touché. Fils d’ouvrier depuis plusieurs générations, j’ai vécu pendant vingt ans près de Thaon les vosges, où se trouve une autre usine de ce groupe, autrefois nommée Garett SA, fabriquant des turbo-compresseurs. Vous êtes situés à l’opposé, je le sais. Et je sais aussi les dégâts sociaux que va provoquer la fermeture de cette entreprise dans une si petite ville que la vôtre, que certains journalistes ont qualifié (est-ce la réalité ?) de vallée de la mort… je suis en train de rédiger un billet pour mon blog politique, espérant que celui-ci aura quelque retentissement, malgré le peu de visiteurs (800 par jour environ) qui le fréquentent… Je vais essayer de demander à mes collègues blogueurs de diffuser l’info, bien que je n’ai guère d’espoirs,  car je trouve cette façon de faire particulièrement cynique, et hautement  symbolique d’une forme de capitalisme cupide qui se dévoile de plus en plus ouvertement aujourd’hui.

Le drame est que ce genre d’agissements d’une certaine oligarchie économique est en train de détruire les fondements de notre société. Sans la confiance, base de toutes les relations humaines, comment en effet nos enfants pourront-ils se construire, et avoir envie de contribuer à un monde meilleur, si de tels individus peu scrupuleux leur tracent un tel chemin ? A vomir, assurément.

J’ai envie de vous soutenir, avec mes faibles petits moyens : un clavier de notebook, et un réseau d’une centaine de blogueurs suffiront-ils ? je veux tout de même lancer cette bouée là. Bon courage, et tous mes voeux de réussite dans ce noble combat.

Blogueurs et journalistes qui me lisez, le message est lancé. Nous comptons sur vous. Ensemble, ne laissons pas ce genre de patrons voyous saper les bases de notre société autrefois  avancée sans ce genre de rapaces. Agissons. Chacun selon nos moyens, notre réseau personnel, et nos outils favoris. Voilà j’ai fait. Aux suivants…

( Voici le courrier que le Maire de cette petite commune a envoyé cet après-midi  à David Cotte, le président américain de l’équipementier automobile, dont j’ai pris connaissance grâce au site Tendance Ouest : cliquez ici pour télécharger le fichier joint).

Ps. Le  lecteur appréciera l’nformation suivante… à sa juste valeur.