19 h 00, ce 10 novembre 2011, le Gabon inaugure son stade de l'amitié sino-gabonaise (entendez par là que l'enceinte a été construite par des ouvriers et grâce à un prêt chinois) par une affiche de prestige : rien moins que le Brésil pour affronter les Panthères du Gabon.
Bon, dès les premières images, on sait déjà que le Brésil a envoyé son équipe B. Ni Ronaldinho, ni Kaka, ni Neymar, ni Ganso. Mais Hulk est là. Côté gabonais, on a affaire à l'équipe-type, excepté Paul Kessany, un joueur que votre serviteur eût naguère l'honneur de découvrir, mais ce n'est pas le moment de s'égarer dans la vantardise.
Le temps pour le président Ali Bongo Ondimba de venir saluer les joueurs, et pour la fanfare de sa garde personnelle de massacrer les hymnes des deux pays (oui, même la Concorde a été jouée par les militaires gabonais comme une comptine de maternelle), et... le stade est plongé dans le noir par l'une de ces coupures de courant qui sont quasiment épidémiques sous nos latitudes.
L'avantage dans ce genre de situation, c'est qu'on n'a pas besoin de chercher un trou de souris dans lequel se cacher : de toute façon, nul n'y voit goutte, la honte des Chinois présents au stade et la colère de Bongo resteront donc de l'ordre de la supposition. Le stade était réputé terminé à 80 %. La CAF appréciera.
Au bout de dix minutes, quelqu'un ayant fini par tout rebrancher, les projecteurs renaissent lentement dans le ciel de Libreville, et le match peut enfin commencer. Dès les premières secondes, Pierre Aubameyang fait parler sa vitesse sur le côté droit. A l'arrière, Bruno Ecuele-Manga fait le ménage, tandis que Didier Ovono, le capitaine, assure dans ses cages.
Les Brésiliens de leur côté se retrouvent dans l'impossibilité de développer leur jeu, la pelouse étant dans un état lamentable. Pour cause, elle vient d'être posée, et les ouvriers qui se sont occupés du chantier ont oublié de lisser les jointures entres les plaques de gazon. Avec la pluie tombée ce soir sur l'estuaire de la Komo, impossible d'oublier qu'on joue sur un chantier.
Les faiblesses du football gabonais sont connues : des milieux qui se regardent souvent jouer, des attaquants de petit gabarit et de résistance limitée, et pour tous, un mental plus symbolique que réel. Illustration ce soir, avec le premier but brésilien marqué à la 11e minute. Un corner anodin sur la gauche des Gabonais, une tête brésilienne, un petit miracle de Didier Ovono sur sa barre transversale, et un Brésilien qui jaillit sur le ballon en train de retomber.
Après avoir ouvert le score, la Seleção a pris ses marques sur le terrain, et elle se met à jouer comme le Brésil sait le faire. Passes triangulaires, redoublements, transversales... Les Panthères voient passer le ballon sans pouvoir faire autre chose que d'apprendre. Leurs maigres tentatives offensives sont gâchées par un manque de soutien de la part des milieux, et surtout par une précipitation mal venue.
Les Brésiliens, désormais maîtres du terrain, marquent un deuxième but à la 34e minute (Hernanes de la tête). Le reste du match se déroule dans le même tempo : la Seleção gère, les Panthères essaient de les surprendre, sans succès. L'entrée de Daniel Cousin à la 63e minute n'y changera rien.
Que retenir de ce match au final ? Que le Gabon n'est pas prêt pour la CAN, aussi bien en matière d'infrastructures que dans la qualité de son équipe nationale. Ovono a été impérial, Aubameyang excellent et Mouloungui combattif, mais l'ensemble de l'équipe est carrément moyen, avec très peu d'intelligence tactique.
L'histoire retiendra aussi que le premier but marqué au stade d'Angondjé a été encaissé par le Gabon. Il y a mieux pour bénir une enceinte sportive.