Retour de l’uniforme à l’école ?

Vous avez sûrement tous entendu parler certains hommes politiques de l’éventualité de remettre d’actualité l’uniforme à l’école. Je suis assez perplexe à ce sujet et du coup j’ai fait quelques recherches pour voir ce qu’en disent les spécialistes.

Les avantages annoncés par les partisans de l’uniforme sont :

• permettrai de lutter contre la violence et le racket,
• permettrai de gommer les inégalités,
• permettrai d’opérer un retour à l’ordre dans les classes.

François Baroin, homme politique :

Le port d’un uniforme scolaire effacerait ces signes distinctifs [ndlr les marques commerciales], ferait baisser les tensions et rappellerait que l’école de la République refuse en son sein les distinctions religieuses et sociales.

Florence, responsable formation en école privée:

L’uniforme peut être un bon moyen de masquer les disparités sociales entre les enfants. Tous ne proviennent pas des mêmes milieux sociaux et tous ne sont pas égaux devant la manière de s’habiller. De fait, ces inégalités peuvent générer en eux, de sérieux troubles psychologiques : des enfants pourraient être rejetés, d’autres mal dans leur peau. Leurs résultats scolaires s’en ressentiront toujours, ou presque.

Ceci est principalement le point de vue des hommes politiques. Mais qu’en pensent les psychologues et autres pédopsychiatres ? Hé bien la plupart des témoignages que j’ai pu trouver sont plutôt contre !

Alain Touraine, sociologue :

Je suis défavorable au port de l’uniforme scolaire, bien que je comprenne l’esprit de la proposition qui cherche à éviter que les élèves arborent des signes religieux ou des marques commerciales. Cette position repose sur l’idée que l’école doit être un lieu neutralisé, estompant le plus possible les différences.
Or, je crois qu’une telle vision a plus d’effets négatifs que positifs. L’école tournée vers l’école n’est tournée ni vers l’enfant, ni vers la Nation ; elle devient un monde ayant de moins en moins de repères par rapport au monde extérieur. Tout ce qui en fait un monde isolé, séparé, protégé me semble néfaste. La grande affaire aujourd’hui, c’est au contraire d’intégrer les enfants venus du dehors sans rompre avec leur histoire personnelle. Au lieu de leur imposer un uniforme, je voudrais qu’on leur apprenne, ainsi qu’aux enseignants, l’importance et la beauté du multiculturalisme, de la communication entre les cultures. Il ne s’agit pas de se cacher derrière un uniforme, mais d’apprendre à vivre les uns avec les autres, avec nos différences. On ne peut pas bâtir une école sur le seul modèle de la classe moyenne, au nom de valeurs universelles, en méprisant ceux qui ne s’y conforment pas. Bien sûr, l’intrusion des marques commerciales en milieu scolaire doit être limitée. Mais ce n’est pas fondamental. Il y a un peu d’hypocrisie dans cette phobie, car nous vivons dans un monde marchand. Ce serait trop simple si, pour lutter contre le racket, problème grave et compliqué, il suffisait que tout le monde porte la robe monastique et enlève sa montre pour qu’il n’y ait rien à voler !

Marcel Rufo, pédopsychiatre :

Nous vivons dans une société de la diversité. Les différences de couleurs, les différences sociales et vestimentaires font parties de la République. Imposer l’uniforme revient, en un sens, à les cristalliser. A montrer du doigt les diversités comme de véritables dangers. Or, je le dis franchement, vivre dans un monde qui tenterait de niveler les divergences, irait, pour moi, à l’encontre du respect d’autrui.

Personnellement, et ça n’engage que moi bien-sûr, je ne suis pas convaincue que l’uniforme soit la solution aux problèmes que peuvent rencontrer les écoles, collèges et lycées. Je ne vois pas en quoi les habiller de la même façon peut arrêter la jalousie etc. L’enfant dont les parents ont les moyens de lui payer des marques ne portera peut-être plus des vêtements qui attisent la convoitise mais son père ne changera pas de voiture pour l’accompagner le matin, et si cette voiture est plus belle et plus luxueuse que la mienne ? Mes enfants la verront et comprendront bien que leur petit copain ne fait pas partie de la même classe sociale. Pensez-vous que ces choses-là peuvent vraiment s’arrêter à la porte de l’école ? L’uniforme n’empêchera pas les enfants de parler entre eux, de se raconter ce qu’ils font le weekend et pendant les vacances, des jouets qu’ils ont eu à leur anniversaire etc., ce qui ne manquera pas de révéler les inégalités sociales. Quant à la violence, je ne vois vraiment pas comment ça pourrait la régler …

Et vous qu’en pensez-vous ? Êtes vous plutôt pour ou plutôt contre ?