Si les compagnies américaines ne décolèrent pas devant l'instauration prochaine par Bruxelles d'un système d'échange de quotas d'émissions de CO2, elles semblent malgré tout vouloir verdir leur image en intégrant des vols au biocarburant. A première vue, l'initiative est bonne, mais les biocarburants employés sont-ils si verts ?
Alors que la compagnie aérienne britannique Virgin Atlantic a annoncé qu'elle utilisera un biocarburant à base de déchets industriels en 2013 et qu'Air France KLM a effectué en octobre le premier vol commercial français à base de biocarburant issu d'huiles de fritures, les compagnies américaines ne semblent plus en reste. En effet, la compagnie Alaska Airlines vient d'annoncer qu'à compter d'aujourd'hui, certains de ses vols utiliseraient un mélange de 80% de fioul et 20% de carburant issu d'huiles de cuisson et un second mélange de 60% de fioul traditionnel et 40% de carburant à base d'algues produits par l'entreprise californienne Solazyme.
Biocarburants : tous n'ont pas le même bilan environnemental
Or, ces biocarburants sont des biocarburants de deuxième et troisième générations, c'est-à-dire qu'ils sont fabriqués à partir d'algues, de déchets végétaux ou d'huiles végétales déjà usagées, afin d'optimiser leur bilan carbone. Cette précision a son importance, car si le remplacement du kérosène " standard " par des " biokérosènes " participe à logique de verdissement du transport aérien, encore faut-il que les dits biocarburant aient un bilan environnemental satisfaisant. Ce qui est loin d'être le cas des biocarburants de première génération qui se sont fortement développés depuis une dizaine d'années, mais dont on connaît aujourd'hui le bilan désastreux. Les cultures de maïs, de colza, de soja ou de canne à sucre, tentent à supplanter les cultures vivrières, menaçant la sécurité alimentaire de nombreux pays.
MccDonald's offre son huile de friture à Alaska Airlines
Si la culture d'algues semble dépourvue de cet inconvénient, que penser de la réutilisation des huiles de fritures ? Alaska Airlines, affirme être en capacité d'utiliser de l'huile végétale ou de l'huile de cuisson, provenant de la célèbre chaine de fast-food, McDonald's pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Or, certaines études critiquent encore le bilan carbone des huiles végétales (qui requièrent le même système de production que les plantes oléagineuses et un système de transformation spécifique). Mais la revalorisation des huiles de friture, devenues un déchet polluant, reste très encourageante sur le principe.
On peut néanmoins souligner le paradoxe de l'image faussement green que s'attribuerait le géant de la "malbouffe" dans cette histoire ...
Célia Garcin