MAK
MAK
Indépendant
Canada
Note : 8.0/10
par Rachel Del Fante
Imaginez une toile toujours en progression où les couleurs s’entrecroisent pour former des teintes différentes, où le ton, tout comme les textures, se transforment constamment et où les nuances viennent soutenir tout le sens du tableau. MAK est un peu la transposition musicale de cette représentation. Leur premier album éponyme nous transporte dans un univers diversifié, où se marient jazz, électro, rock et pop pour former un son raffiné, original et empli de subtilités.
Le disque renferme neuf morceaux peaufinés et intelligents qui prennent tout leur sens lorsque regroupés. Ils traduisent habilement les passions combinées des membres du groupe à travers une sonorité précise.
MAK s’est formé au Cégep Marie-Victorin, en 2007, alors que ses membres y étaient étudiants en musique. Ayant tous suivi un parcours différent, c’est lors des pratiques qu’ils se rencontrent vraiment. Grâce à leurs intérêts variés, ils parviennent de concert à créer un son riche, bien à eux.
L’album débute tout en douceur sur If She’s Got a Habit qui nous laisse découvrir la voix fascinante de Jesse Mac Cormack, chanteur de la formation. Une ambiance lounge découle tranquillement sur une atmosphère plus rythmée et électro. Dès lors, on distingue la pop astucieuse façonnée par MAK.
Plus loin on retrouvera la même ambiance progressive à travers des pièces comme TV et Stone où l’on distingue par moment l’influence de Beck et de Radiohead. Sur une note différente, la pièce Stab me est nettement plus expérimentale. Un peu grinçante à la première écoute, elle se détache du lot par son originalité et sa sonorité plus industrielle.
À l’opposé on retrouve Bulletproof Love, une pièce plus légère qui vient changer le ton avec des accords de guitare acoustique qui évoluent vers un son électrique et saturé. Ce n’est certes pas le morceau qui représente le mieux l’album, mais c’est celui qui semble le mieux exposer le style de composition de MAK. On y constate nettement leur manière de s’approprier une mélodie pop et de la manipuler pour l’amener ailleurs.
Them et Reverse, plus tranquilles, viennent balancer l’album. Elles agencent, chacune, accords de piano et de guitare sur une trame électro intéressante. Young Lags, quant à elle, semble progresser dans le même sens, jusqu’à ce la voix du chanteur apparaisse chargée d’effets à l’arrivée du refrain. Surprenant, ce choix musical remanie la facture sonore.
Ma favorite demeure Cause to Effect, qui charme par l’émotion qu’elle transmet. Le morceau alterne entre une mélodie éthérée et des accords de guitare saturés. Les transitions s’exécutent naturellement jusqu’à un gouffre sonore qu’une voix claire vient briser.
Le charme du premier opus de MAK réside parmi les multiples influences musicales qui ont contribué à son tout. L’album à une ligne directrice claire, même si les mélodies et l’ambiance peuvent varier très rapidement à l’intérieur d’une même chanson. L’univers complexe du groupe n’est pas accessible dès la première écoute, mais gagne à être découverte.