L’opinion publique américaine se prononce de plus en plus favorablement pour un retour à l’étalon-or. Celui-ci pourrait bien devenir un atout considérable dans l’élection présidentielle.
Par Ralph Benko (*), depuis Washington, D.C., États-Unis
Article publié en collaboration avec Le Bulletin d’Amérique
La réduction de la puissance des banquiers et de la classe politique — en même temps que l’enregistrement d’un taux de création d’emplois et de croissance économique fortement stimulé par l’or — est le cœur de l’argumentation des partisans de l’or. Cela deviendra inévitablement de notoriété publique. Par conséquent, l’or deviendra un atout électoral au potentiel considérable.
Et ce n’est pas tout. Les résultats de Rasmussen montrent que 79% des électeurs du Tea Party (et 69% de ceux qui se décrivent simplement comme républicains) seraient favorables à un étalon-or restreignant la puissance des élites. La seule sérieuse opposition vient, sans surprise, des membres de la classe politique se désignant eux-mêmes comme tels. Si quelqu’un profite de cette dynamique, cela pourrait s’avérer décisif dans ce qui reste un terrain remarquablement fluide alors que le début des élections anticipées est imminent.
Les chiffres de Rasmussen suggèrent fortement que l’or est un jet-stream électoral. Volez avec lui et profitez du vent arrière; entrez dedans et affrontez des vents contraires. Plus encore, Rasmussen pourrait avoir dévoilé un potentiel nouveau « Traité du Canal de Panama »[3] – un thème qui pourrait faire pencher la balance pour 2012. Ronald Reagan, remarquant l’enthousiasme du public, avait fait d’une désinvolte critique de la restitution du canal à Panama un thème de campagne majeur. Les autres candidats l’ignorèrent, donnant à Reagan un avantage critique pour une victoire durement acquise.
Herman Cain et Ron Paul sont tous deux connus pour prôner le retour à l’étalon-or. Ils s’en sortent étonnamment bien, étant donnée l’inconcevabilité de leur position, malgré leur extrême précaution dans le traitement de la question de l’étalon-or. On peut faire valoir qu’ils ont bénéficié, au moins partiellement, de ce « vent arrière ».
La première performance importante du gouverneur Rick Perry était en corrélation avec sa critique très médiatisée de Ben Bernanke [4]. Effet “vent arrière” de l’étalon-or? L’ascension de Newt Gingrich à la troisième place est devenue plus perceptible au moment de son appel largement connu pour «la monnaie métallique avec une Réserve Fédérale très limitée » — un commentaire très remarqué et interprété comme le plongeon de Gingrich dans les eaux de l’or. Un nouveau coup de vent arrière?
Mitt Romney ne s’est pas engagé sur la question de l’étalon-or, évoluant loin d’elle et en en faisant, jusqu’ici, un non-facteur. Il serait inhabituellement téméraire pour lui de dénoncer quelque chose de si populaire. Il semble également improbable que cet intelligent et prudent technocrate fasse quelque chose d’aussi peu conventionnel que d’embrasser un dollar indexé sur l’or. Mais… s’il n’aime pas le sentiment du souffle chaud d’Herman Cain ou de Newt Gingrich sur sa nuque, il pourrait bien n’y avoir rien de mieux qu’une route pavée d’or pour s’imposer dans l’Iowa. L’été dernier, un célèbre tour en bus de l’Iowa par le Tea Party (auquel l’auteur a participé), sponsorisé par l’organisation American Principles In Action [5], a défendu l’étalon-or dans 22 villes — devant des auditoires réceptifs.
Cain est resté très équivoque sur sa position en faveur de l’étalon-or. Il se déclare publiquement pour, mais désormais sous la formulation plus vague que le dollar devrait être d’un dollar (comme «une rose est une rose est une rose»), mais prétend de manière absurde qu’un budget équilibré est le moyen, plutôt que le résultat, d’un dollar stable. C’est exactement l’inverse, et cela n’est pas sans rappeler les républicains de la vieille garde des années 1970 qui ont fait des réductions d’impôts l’otage d’un budget équilibré… et ont perdu face à Reagan.
Le représentant Ron Paul détient le record de longévité de soutien de l’étalon-or, et a pourtant refusé de faire campagne sur le sujet. Pour un homme d’une intégrité exemplaire comme le Docteur Paul, cela revient à dire que, s’il est élu, l’or n’aura pas de place dans son agenda déjà ambitieux. Donc… les personnes les plus crédibles sur le sujet de l’or l’ont laissé sans surveillance et vulnérable aux récupérations habiles.
Romney et Cain se disputent la première place. Les favoris ont tendance à céder à la prudence. Alors que dire de Perry et Gingrich? Ayant déjà, sans doute, senti l’effet grisant du vent arrière de la lutte contre la monnaie de singe, Perry peut avoir développé une sensibilité à la question de l’argent. Maintenant… ajoutons l’appui de Steve Forbes. Perry a rapidement adopté l’impôt proportionnel — suggéré par Forbes. Steve Forbes n’a pas proposé un mais deux sujets de campagne: Forbes a fait les titres dans le monde entier, récemment, prédisant que nous serions revenus à l’étalon-or dans les 5 ans, une très bonne chose.
Les réductions d’impôts, en dehors du très controversé programme 9-9-9 [6] de Cain, n’ont pas différencié les prétendants de façon spectaculaire. Tous les républicains font campagne contre les hausses d’impôt et pour la baisse des taux. Perry est bien placé, grâce à l’aide de Forbes, pour ramener au premier plan l’étalon-or, et l’élimination des taxes fédérales sur l’or pour permettre aux gens de construire leurs propres parachutes dorés à partir de la détérioration du billet vert. Perry, qui s’est lancé dans la course grâce à la flat tax, proposera t-il l’or pour remporter davantage?
En attendant, Gingrich, jouant la « tortue » dans cette course, a pris de l’avance sur Perry et la troisième place dans les deux sondages les plus récents — Fox et CBS News/NY Times. Et Gingrich est réputé judicieux stratège — et interprète de sondages. Gingrich est bien équipé pour se rendre compte de toutes les implications de la « Surprise d’Octobre » de Rasmussen et de l’exploiter.
Quiconque observe le bas des tableaux croisés découvrira un autre fait électoralement important. L’étalon-or, potentiellement clé pour dynamiser les électeurs des caucus et primaires, est une opportunité pour tous. Ce n’est pas qu’un remède palliatif à des primaires malheureuses. Rasmussen: «Une majorité d’électeurs au sein de presque tous les groupes démographiques serait favorable à l’étalon-or s’il réduisait considérablement le pouvoir des banques centrales et des dirigeants politiques sur l’économie. » Une majorité des Africains-Américains, la plupart d’entre eux avec enthousiasme, soutient l’étalon-or. Une majorité des membres syndicaux (dont cet éditorialiste, un membre de l’AFL-CIO [7]) est également en sa faveur.
L’or divise la base démocrate. Il y a deux courants majeurs à gauche. L’un est constitué d’esprits élitistes et doctrinaires comme Paul Krugman. Ce sont presque tous des hommes blancs de la classe privilégiée. Son patriarcat. Presque toute cette nomenklatura de la gauche tourne l’or en ridicule. Ils sont également, sans surprise, une infime minorité… même à gauche.
La nomenklatura détient les plates-formes prestigieuses — les médias, les chaires universitaires, l’argent, les prestigieuses récompenses. Mais ils n’ont pas les suffrages. La plupart de la gauche est composée de populistes humanitaires, tels que la main d’œuvre syndiquée et les ethnies qui composent la gauche « social-démocrate ». Ils sont bien plus préoccupés par l’emploi, les opportunités et les politiques de «marée montante» de la prospérité que par l’obscur (et douteux) dogme néo-keynésien. Ceux-ci — comme le mouvement des Indignés nous le dit haut et fort avec ses nombreux appels à l’étalon-or, et ainsi que Rasmussen l’a désormais quantifié dans son sondage — ont fortement tendance à préférer un retour à l’étalon-or. Le leadership ethnique et syndical à gauche est plus sensible à leur humeur, pro-or, que ne l’est la nomenklatura patricienne.
Ni M. Bush ni M. Obama n’ont adopté le genre de politiques économiques conçues pour créer une économie solide et les emplois qui viennent avec. Les républicains appellent (à juste titre) depuis des années à des baisses de taux d’imposition et les démocrates l’ont accepté à contrecœur, mais les emplois ne viennent pas. Pourquoi cela? Comme l’a souligné de manière convaincante Tamny John de Forbes.com lui-même: le méchant est la politique monétaire pourrie.
L’étalon-or est, donc, l’étalon-or de la politique monétaire. Comme indiqué avec enthousiasme par le New York Sun et par mon collègue Rich Danker sur Forbes.com, une recette pour y arriver a été présentée par Lewis Lehrman, président de l’Institut Lehrman (dont le site Internet est entretenu par cet éditorialiste).
Un ou plusieurs des candidats du GOP liront-ils le rapport de Rasmussen, analyseront-ils les implications, consulteront-ils les experts de l’étalon-or, et changeront-ils la donne? Beaucoup d’experts de l’étalon-or vont être emportés par le mouvement: Forbes, aujourd’hui conseiller de Rick Perry; Jim Grant, le président de la Fed que choisirait Ron Paul; Charles Kadlec, un conseiller d’Herman Cain, éditorialiste sur Forbes.com et co-auteur (avec Ralph Benko) d’une brochure sur l’étalon-or. Les experts de l’étalon-or de classe mondiale restent, aux dernières nouvelles, non engagés, parmi lesquels Lehrman, Sean Fieler (investisseur et philanthrope qui préside le non lucratif et pro-or American Principles Project[8], que cet éditorialiste conseille professionnellement), Judy Shelton de la Fondation Atlas[9], et le Professeur (et éditorialiste sur Forbes.com) Brian Domitrovic. Les fondements intellectuels en faveur de l’or — le savoir-faire — sont là.
Puissent les candidats se rendre compte que Scott Rasmussen — que soit loué son esprit subversif! — pourrait bien avoir changé le cours de cette compétition… et de l’histoire. L’or représente l’alternative économique la plus efficace attendant d’investir, et influencer, ce cycle d’élections présidentielles.
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Article publié sur Forbes.com, traduit de l’Anglais pour Le Bulletin d’Amérique par Estelle Devisme avec l’aimable autorisation de l’auteur.
(*) Ralph Benko est conseiller économique principal de l’American Principles Project, et principal actionnaire de Capital City Partners, LLC, un cabinet d’affaires publiques à Washington, DC. Il a été auditionné par l’U.S. Gold Commission de l’U.S. Treasury Department sur l’histoire constitutionnelle de la politique monétaire américaine et écrit régulièrement sur l’étalon-or.
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Notes :
[1] Scott Rasmussen, fondateur et président de Rasmussen Reports, est analyste politique et sondeur d’opinion.
[2] Référence à l’hypothétique conspiration de Ronald Reagan avec la République islamique d’Iran, lui promettant des armements contre une libération tardive d’otages américains, afin de désavantager le candidat Jimmy Carter lors de l’élection présidentielle de novembre 1980.
[3] Traité de Torrijos-Carter, signé en 1977 par Jimmy Carter avec le Panama afin de progressivement retirer aux États-Unis ses droits sur le canal.
[4] Ben Bernanke est le président actuel de la Réserve Fédérale.
[5] American Principles in Action est une organisation à but non lucratif pour la défense et la promotion des principes fondateurs des États-Unis.
[6] Herman Cain propose une un taux d’imposition sur le revenu à 9%, sur les sociétés à 9%, et sur les ventes à 9%.
[7] L’American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations est le principal mouvement syndical américain.
[8] American Principles Project est une organisation à but non lucratif pour la défense et la promotion des principes fondateurs des États-Unis.
[9] L’Atlas Economic Research Foundation soutient un réseau international de think-tanks qui promeuvent la liberté individuelle.