Je me mets au tifinagh

Par Citoyenhmida

C”est décidé!

Depuis que la constitution de 1er juillet 2011 me reconnait officiellement mes origines “amazigh”,  dont je n’ai jamais douté, j’ai décidé de me mettre au tifinagh!

Je dis bien que je mets au tifinagh, à l’alphabet tifinagh et non pas à la langue amazigh!

En effet, je crois que, pour moi,  c’est un peu tard pour apprendre la  ou plutôt  les langues amazigh.

Je n’ai pas pu apprendre le “tarifit” alors que j’ai évolué pendant exactement douze ans en plein pays rifain, entouré de collaborateurs riffains, travaillant au service d’un public rifain, entretenant avec l’environnement rifain les relations les plus étroites, envoyant mes enfants à l’école publique avec les enfants rifains, partageant des moments inoubliables avec les hommes de cette région, oeuvrant dans des associations, connaissant parfaitement l’économie de cette région, avec ce qu’elle a d’apparent et de sous-jascent!

Malgré cette intégration, je n’ai pas pu me plier aux subtilités du “tarifit”! Pourtant,  j’avais fini par comprendre ce que j’entendais.  et presque parfaitement à la longue.  Mais je n’arrivais pas à m’exprimer!

Alors pour me rattraper, je vais me mettre au tifinagh! C’est très simple; puisque toutes les consonnes et toutes les voyelles existent dans cet alphabet . Pour commencer, j’ai appris à écrire le vocable  AMAZIGH en caractères tifinagh!

Voilà ce que cela donne :   ⴰⵎⴰⵣⵉⵄ. C’est simple et esthétique à la fois!

Je sais également écrire Hmida , et c’est très joli :  ⵀⵎⵉⴷⴰ

Pour faire vite et bien, j’ai  recours au clavier amazigh proposé par Lexilogos.

Pourtant, je me pose une question : durant les douze années  passées en pays riffain, je n’ai jamais entendu parler de cet alphabet tifinagh!

Autant tous les rifains que j’ai eu l’occasion de connaitre -  et il sont nombreux et d’extraction sociale très diverses, du professeur à l’ouvrier, de l’alem au commerçant, du député élu sur son nom plus que sur son programme à l’intellectuel dominant parfaitement  le riffain, en plus de l’arabe, du français ou/et de l’espagnol, du militant progressiste au patron-pêcheur – avaient à coeur de parler leur langue, autant  ils semblaient indifférents à la manière de l’écrire.

Je n’oublierai jamais les interventions en dialecte riffain de mes collaborateurs quand ils se parlaient directement, oubliant que j’étais censé ne pas comprendre cette langue,  pas plus que les phrases échangées en dialecte riffain par les invités que je recevais : c’étaient des réactions normales de personnes qui tenaient à leur langue. Je ne m’en suis jamais offusqué, n’y voyant jamais un quelconque manque de savoir-vivre ou de provocation. Juste un attachement viscéral à une langue.

Quant à l’alphabet amazigh, je n’ai pas souvenir que le sujet ait été soulevé par quiconque.

Il n’est pas sans intérêt de rappeler que Abdelkrim Khattabi, le héros de tous les riffains, n’a jamais allusion à cet alphabet, sauf erreur de ma part. N’oublions pas qu’il était de culture arabe et espagnole. D’ailleurs, les éphémères billets de banque émis durant le guerre du Rif, étaient libellés en anglais et en arabe.

Cela ne va pas me dissuader d’abord d’apprendre le tifinagh – cela devrait prendre quelques heures à tout esprit curieux – pour me pencher ensuite sur la/les langues amazigh! Je crois que j’aurai de quoi occuper les longues soirées de l’hiver qui s’annonce.