Cinq histoires, cinq manières dont l’humanité disparait. L’auteur nous livre ses propres visions de la fin du monde, où l’humanité est toujours coupable, mais parfois dans l’espoir de changer les choses.
One-shot sur la fin du monde, je ne pouvais qu’adhérer à l’idée.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est grandiose. L’idée de lire cinq histoires me plaisait et me gênait en même temps. J’avais peur que les trames soient un peu limitées, sauf si le one-shot faisait mille pages. Mais finalement, le résultat est au delà de ce que je pouvais attendre d’un tome unique.
Dans Hotel, il faut voir que les histoires sont chronologiques, avec la première servant de repère et de ligne temporelle, pour que le manga soit plus poignant. Tout part de ce récit dramatique mais fascinant. Dès la première page, on vibre devant ce conte apocalyptique, à la Mad Max, mais empli d’espoir. A lui seul, il montre tout de ce que peut faire l’humanité de pire (et le mot est faible) mais également de meilleur. Le tout vu par une entité non humaine, qui se pose non pas en juge, comme on pourrait le croire, mais en témoin. Dans ce premier chapitre, on goute aussi à la solitude et au sens du sacrifice. L’humanité peut-elle changer et mérite-t-elle une seconde chance? Ce sont les questions soulevées et que chacun pourra voir de manière différente, selon les histoires.
En effet, si le premier scénario y répond clairement, les autres ne sont pas aussi clairs. Est-ce qu’une humanité, responsable de la disparition d’une espèce, mérite d’être sauvée, même si elle tente de réparer ses fautes, quitte à transgresser les règles de la nature? Cette 3ème histoire, plutôt drôle compte tenu du sujet, montre la volonté d’un homme, qui se fixe un objectif incroyable par culpabilité, ou par folie, de recréer un écosystème. Et la fin est quelque peu originale, complètement loufoque, en quelque sorte, mais reflétant ce paradoxe propre à tout homme, de détruire la nature puis de tout faire pour la sauver. Là encore, le point de vue final est l’oeuvre d’un témoin extérieure, qui pour le coup, juge l’humanité et ses actes. On pourrait voir cette histoire comme la fin du monde du coté scientifique.
La 2ème histoire est complètement différente et plus triste. Du point de vue de la fin du monde, elle n’apporte pas vraiment de vision apocalyptique. Elle tourne uniquement autour de l’amour et de ce que peut faire un homme pour sauver, même de quelques heures, celle qu’il aime. C’est beau, tragique, injuste par certains cotés, mais ca ne peut laisser personne indifférent. Même si on pourrait penser que cette histoire symbolise le désespoir, ce qui se comprendrait aisément, on peut aussi la voir comme le symbole de l’espoir. Si deux personne, qui perdent presque tout, peuvent trouver une lueur d’espoir dans l’avenir, alors le monde n’est peut-être pas condamné. Le choix final reviendra à ce que l’humanité décidera de faire. Voilà le message. Vision romantique de la fin du monde.
La quatrième histoire est loin d’être aussi confiante. Voilà pourquoi j’en parle juste après et que je n’ai pas respecter l’ordre chronologique. Elle est l’inverse et montre un coté noir de l’Homme mais toujours avec l’amour comme sujet de base. Plus courte que les autres, elle montre ce qu’un homme peut faire pour ne pas affronter ses actes, même le pire. J’ai moins apprécié cette histoire car elle se tourne irrémédiablement vers un point de vue que je n’aime pas trop et qui laisse perplexe. De plus, je trouve que ca ne colle pas trop avec le reste du one-shot mais qui apporte une autre facette à la fin du monde, celle de la religion.
La dernière histoire n’est pas vraiment une manière dont l’humanité peut détruire la Terre mais plutôt une conséquence directe d’une fin du monde déjà en place. Disons simplement qu’elle peut être vue comme une dernière étape globale de la disparition de l’humanité. Courte également, on est en plein Mad Max, avec ses étendues désertiques, ses guerres incessantes et ses prophéties désespérées, qui essaient de donner un sens à l’histoire de la planète et de ce qui s’est passé dans le passé. C’est joli, surtout que les pages sont en couleur, mais ca ne symbolise guère l’espoir. Au contraire, c’est plutôt une sorte de requiem, de constat sur l’inévitable conclusion. Mais j’aime assez car si on ne lit que la première histoire et la dernière, on note des parallèles intéressants et on peut même savoir à quelle période se déroule ce dernier scénario. Observez attentivement la première page et la dernière. C’est très révélateur et bigrement bien fait.
Pour ceux qui n’auraient pas compris, Hotel est un excellent one-shot, le deuxième de suite. Plusieurs points de vue sur la fin du monde, qui forment un tout représentant l’humanité. Hotel ou les cinq façons dont on peut détruire le monde.