Pas besoin d’aller au bout du monde pour mieux comprendre une civilisation qui nous ramène à l’époque des origines. Et que nous avons effleurée lors de la récente Coupe du Monde de Rugby. Aujourd’hui, c’est le musée Te Papa Tongarewa de Wellington qui nous donne à voir quelques 250 objets anciens et contemporains, chargés d’une valeur sacrée.
L’exposition rassemble des oeuvres très diverses : sculptures, éléments lapidaires, capes de cérémonie, éléments d’architecture, photographies, vidéos … Elle met l’accent sur plusieurs expressions de la notion de tino rangatiratanga – le contrôle ou la détermination des Maori sur toute chose maori – et éclaire les liens existant entre les trésors ancestraux et les productions contemporaines, entre les populations et leurs problèmes.
Dès l'entrée, le visiteur est invité à palper une large pierre de jade, fraîche, lisse, douce comme du satin, symbole de longévité et de beauté. Cette pierre, dénommée Hine Kaitaka, incarne la force vitale, le mauri, qui anime et relie toute chose. Si la civilisation des Maori, peuple toujours vivant de la Nouvelle-Zélande que les Maori appellent Aotearoa ou long nuage blanc, a quelque chose à transmettre au monde, c'est que tout est interconnecté - les personnes, les objets animés ou inanimés, l'environnement. Rangi, le ciel père, Paya, la terre mère, ne se sont séparés que pour laisser pénétrer la lumière et les êtres vivants, mais ne furent jamais détachés.
Il existe chez les Maori une appartenance à un système généalogique puissant, moteur de savoir et de transmission qui explique cette cohésion entre passé et présent. Aujourd’hui encore, l’art, dans toutes ses manifestations, est le reflet d’une histoire sans cesse réécrite mais hantée par le souvenir des divinités polynésiennes d’autrefois.
Nous en connaissons tous le Haka, mais nous comprenons mieux, à travers ce cheminement totalement dépaysant, le sens du Moko ou art du tatouage qui symbolise l’appartenance à une tribu et à un territoire, le Whakapapa ou lien puissant qui relie chaque personne à ses ancêtres et à la nature, le Mana qui désigne la force spirituelle attachée à certains objets que l’on se transmet pieusement de génération en génération et sont conservés dans de merveilleuses boîtes ouvragées, ou encore la symbolique attachée aux poutres des maisons de réunion, décorées de monstres aux yeux de nacre.
Bijoux, statuettes de jade, armes, instruments de musique – sont simplement beaux en eux-mêmes, mais nous n’en percevons sans doute pas toute la valeur sacrée aux yeux des Maoris qui ont bien voulu nous les prêter. En échange, nous leur rendrons, à la fin de l’exposition, une série de têtes d’ancêtres conservées dans les réserves de nos musées …C’est bien la moindre des choses !
Māori, leurs trésors ont une âme, au Musée du Quai Branly – Galerie Jardin 37, Quai Branly (7è) – RER Pont de l’Alma
Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 11h à 19h (et jusqu’à 21h les jeudi, vendredi et samedi).
Jusqu’au 22 janvier 2012