Témoignage d'un joueur compulsif (article 127)

Publié le 10 novembre 2011 par Snorounanne

veuillez faire jouer l'audio au moment que je le signalerai et pour les nouveaux lecteurs, lire le descriptif, merci.

Le jeu en vaut-il la chandelle?

Au premier étage, couloir et porte à gauche, gémissements et plaisirs se dérobaient jusqu'à ce que...

madame d'Humour - (entrait à l'intérieur de la maison avec un sac d'épicerie) Snorounanne, tu peux venir prendre les sacs s'il te plaît?

snorounanne - Merde! Ma mère...

Emily Bordeleau - Ah non... juste au milieu,...

snorounanne - shhhhh... il faut se rhabiller.

Emily Bordeleau - Elle doit savoir que tu as de la compagnie. Mon auto est garée dans le stationnement.

snorounanne - Ne traîne pas, allez, dépêchons-nous de nous rhabiller. Je dois l'aider pour les sacs.

madame d'Humour - (rentrait avec un autre sac d'épicerie) Snorounanne? Tu es en haut? J'ai besoin de toi, ici! Et qui s'est garé sur ma place? Comme si tout était permis. (déposait le sac par terre et sortait)

snorounanne - (jetais un oeil par la fenêtre tout en revêtant de mes vêtements) Tu as garé ta voiture dans l'entrée? Merde de merde...

Emily Bordeleau - Je sais, je viens de te le dire. (ayant attaché ses cheveux et se culottait)

snorounanne - (ayant fini de m'habiller) n'oublie pas ton blazer.

 

C'est plus difficile de se rhabiller en peu de temps que de se déshabiller...

Emily Bordeleau - Je peux dire quelque chose?

snorounanne - Oui.

Emily Bordeleau - Tu es merveilleuse.

snorounanne - (ouvrais la porte de chambre, soucieuse, embêtée, perplexe) Ton blazer, Emily...

Emily Bordeleau - Oui, oui, je le prends. (descendions l'escalier)

madame d'Humour - Ah te voilà! Pas trop tôt. J'ai fini. (remarquait une autre présence) bonjour!

snorounanne - Maman, je te présente Emily. Emily voici ma mère.

Emily Bordeleau - Madame d'Humour. (lui souriait)

madame d'Humour - Emily... Emily, Emily... je cherche dans ma tête, ce nom me dit quelque chose.

snorounanne - Nous travaillons au même endroit.

madame d'Humour - Oui! Oui, maintenant, je me rappelle. Emily Bordeleau, vous êtes chroniqueuse, journaliste, photographe, mère d'un petit garçon.

Emily Bordeleau - Je vois que votre fille a bien fait ses devoirs.

madame d'Humour - Alors, c'est votre auto qui est sur ma place...

Emily Bordeleau - Je suis désolée. Je n'avais aucune idée, je ne pensais pas rester si long,...

snorounanne - (prenais les sacs d'épicerie) Emily partait.

madame d'Humour - Ah oui? J'ai acheté une nouvelle marque de café moulu, ma fille. J'aurais aimé,...

Emily Bordeleau - Je vais me racheter, madame d'Humour. Passez-moi la clé de votre voiture, s'il vous plaît. Je vais dégager la mienne et ensuite prendre la vôtre et la garer dans le stationnement.

madame d'Humour - Vous ferez ça? Vous êtes gentille.

Emily Bordeleau - La moindre des choses, je vous ai causé du dérangement.

madame d'Humour - Et vous allez rester pour le café?

Emily Bordeleau - (elle me regardait puis regardait ma mère) Vous savez  quoi? Je vous promets de revenir et nous prendrons ce bon café.

madame d'Humour - C'est bien. Voici les clés, je vous fais confiance.

Emily Bordeleau - Je reviens vous les porter. À tout de suite! (sortait et fermait la porte)

madame d'Humour - Elle est adorable, cette demoiselle. Tu ne trouves pas? (allais à la cuisine déposer les sacs)

 

Bien sûr, qu'elle est adorable, exquise, splendide, féminine, délicieuse, gentille, aimable! J'ai noté que c'était bon, intense, excitant mais... si ce n'était pas du rebondissement de ma mère, autre chose allait stopper mes élans. La culpabilité de trahir cet amour entre Genny et moi. Ah, je sais ce que vous en pensez! Mais moi, c'est moi. Je ne me sentirai pas moi-même et bien en tout et pour tout, tant et aussi longtemps que Genny...

Ma mère cherchait à savoir ce qu'Emily était venue faire, à part d'une simple visite de reconnaissance. Toutes les portes, toutes les issues possibles, je les fermais sur moi. Le weekend, nous l'avions passé en se reposant. J'avais besoin de repos, j'avais besoin de récupérer mon énergie. Et certes, avais-je transmis mes microbes virales à Emily jolie? J'espérais que non. Un autre dossier chaud m'attendait au bureau pour une émission d'actualités et d'informations en début de semaine. Je devais faire le nécessaire pour avoir l'esprit nettoyé de tous ces germes.

 

Vous vous rappelez lors de la visite du docteur Pouliot? J'avais reçu un appel téléphonique de Dédé. Nous devions nous rendre au poste de police pour réinitialiser le dossier de la disparition de Genny. J'ai gardé en sauvegarde, une image et la scène. Les voici:

 

Dédé avait l'air trop sérieux et moi, trop décontracté.

Dédé - Si vous n'avez pas eu d'autres indices, ou d'autres infos à ce sujet, pourquoi nous avoir appelés?

snorounanne - Ou pourquoi nous avoir dérangés?

officier Tétreault - La jeune soeur de mademoiselle Dubois,...

snorounanne - Karo? Ka... Karo, qu'est-ce qui lui est arrivée?

officier Tétreault - Soyez sans crainte, il ne lui est rien arrivée. La jeune Dubois a fait un appel à un de mes agents, il y a quelques semaines.

Dédé - Et?

officier Tétreault - Elle dit... (se gargarisait la gorge) Elle disait l'avoir vue. Elle croit avoir vu Geneviève, sa soeur, un après-midi, appuyée contre un arbre devant l'école.

snorounanne - Et je suppose que vous ne l'avez pas crue?

Dédé - Snorounanne...

officier Tétreault - On l'a interrogée à plusieurs reprises et... ce n'était... en fin de compte, ce n'était... elle a fini par nous avouer que ce n'était que son imagination.

snorounanne - Vous y croyez, vous? Lieutenant?

officier Tétreault - Elle a dit... que sa soeur communiquait avec elle. Mademoiselle d'Humour, si je vous ai fait venir ici, c'est pour avoir votre avis. S'agit-il d'imagination ou... que Geneviève cherche à entrer en contact avec sa jeune soeur? Je crois à ces choses, vous savez.

snorounanne - J'ai fait un rêve étrange, il y a quelques semaines. Genny... Genny avait rejoint...

Dédé - Vous avez de l'eau, Lieutenant? C'est pour elle.

officier Tétreault - Oui. Attendez, je lui en sers. Continuez mademoiselle d'Humour.

snorounanne - Elle était dans le puits de lumière, il y avait d'autres... pardonnez-moi, c'est confus. Je suis confuse.

officier Tétreault - (donnait le verre d'eau) Prenez.

Dédé - D'autres quoi?

snorounanne - Merci. (buvait d'un seul trait tout en revoyant les images du rêve) Il y avait un homme avec elle. Grand, costaud... je ne puis dire qui c'était.

Dédé - Son agresseur?

snorounanne - (tout autour de moi devenait restreint et les voix lointaines) Je ne me sens pas bien.

officier Tétreault - Voulez-vous vous asseoir? Prenez le fauteuil.

Dédé - Snorounanne? Qu'y a-t-il?

 

Et je perdais conscience, connaissance, tout s'éteignait devant moi, autour. Je me suis reprise en état de conscience, bien assise dans la camionnette de TVA, avec comme chauffeur, bien entendu, Dédé. Nous roulions vers Montréal. Il me souriait en me disant que perdre connaissance ne m'allait pas bien. À ce qu'il paraîtrait, j'avais balbutié des choses décousues mais... encore, il m'a fait sortir du poste de police...

 

Dédé - Tu délirais sur... (prenait ma main) la lumière, les êtres de lumière, les anges, les extraterrestres, les messages cryptographiés... tu, tu, tu as changé pour cryptographier, crypter. Tu disais avant... tu,...

snorounanne - Je sais, oui... je disais codé. (petit silence) Fait chier! Je déteste... est-ce que j'ai dit autre chose de plus... de plus... enfin, tu sais ce que je veux dire? (une certaine vibration sentie tout près de mon corps) mon...

Dédé - Quoi? Ton...

snorounanne - Mon cellulaire vibre. (le sortais et l'ouvrais et...) Mais c'est quoi ça?

Dédé - Quoi?

Ça!?!?!

Lundi 7 novembre 2011

Heure - 09:27 Dans l'entreprise TVA

 

J'étais au téléphone, à mon bureau, avec le journaliste de l'hélicoptère LCN et j'écoutais en direct ce qu'il défilait comme scène. Incendie, accident, fuite d'eau... le train-train quotidien de la métropole. Je rassemblais les photos du déluge de Bangkok et de la tempête de neige aux États-Unis. Notre reportage s'était déroulé à la télé comme prévu et les jours qui ont suivi notre arrivée en terre mère, je devais en faire un cliché pour le journal de Montréal.

De petits coups rudoyaient la porte. Quelqu'un s'annonçait pour entrer. Entre la communication au téléphone et l'assemblage des photos, j'invitais la personne à entrer.

Et c'était la jolie Emily... Je lui faisais signe de patienter quelques minutes. Comme je terminais avec le journaliste, je raccrochais l'appareil, je levais les yeux vers elle et...

Était-ce une grimace digne d'une drôlerie ou une grimace camouflant un baiser?

snorounanne - Très drôle... tu imitais le gros Jean-Louis. J'avoue que c'est un succès.

Emily Bordeleau - Oh... mademoiselle, votre sens d'Humour est impeccable. Et... comment t'as su que c'était lui? Il t'a déjà fait le coup du baiser du singe? (pouffait de rire)

snorounanne - Non. Mais... rien qu'à voir la dimension de sa bouche, on ne peut pas imaginer autrement.

Emily Bordeleau - (voyait les photos) Ça valait la peine d'attraper un bon vilain rhume. Belles photos explicites, félicitations.

snorounanne - Et toi, la Turquie. Quel cadeau tu as récolté? Ça bien été?

Emily Bordeleau - Je n'ai eu que des A dans mon examen. (mignon clin d'oeil)

snorounanne - Écoute... j'ai énormément à faire aujourd'hui. J'ai le nez congestionné, le cerveau gonflé et en plus... j'ai, j'ai, j'ai ces foutus de règles qui me cassent mon humeur.

Emily Bordeleau - Très bien, j'ai compris. Je te laisse à tes occupations, ma belle. On prend le lunch ensemble, ce midi?

snorounanne - Possible.

Emily Bordeleau - C'est un oui ou un non?

snorounanne - S'il te plaît...

Emily Bordeleau - D'accord. (se tournait vers la porte)

snorounanne - Oui, je resterai seule, ça que tu me dis.

Emily Bordeleau - (la main sur la poignée de porte) Euh... Je n'ai rien dit. (sortait et fermait la porte tranquillement) Mais... je l'ai juste pensé...

 

Encore une fois, je me piégeais à dire tout haut ce que la personne pensait sans l'avoir verbalement dit. Je secouais de la tête. Je tirais vers moi, le tiroir pour en sortir un comprimé contre la grippe. Il fallait toute ma concentration pour trouver les photos à fortes sensations qui donneront le goût aux lecteurs de les zyeuter et en faire un étonnant article. Je quittais les bureaux autour des 22 heures 28. Dédé m'avait aidée à faire un pas si mal compilation des photos. Et j'avais rédigé l'article.

 

mardi 8 novembre 2011

Heure - 13:30

 

Par un après-midi ensoleillé jusqu'ici et la température anormale, selon moi...

 

 Elle était partie acheter un excellent café chez Tim, à quelques pas d'ici.

 Et m'avait demandé de passer à son bureau.

Emily Bordeleau - Tu passeras en ondes dans quelques heures, je ne te prendrai pas plus de temps.

snorounanne - Merci de comprendre.

Emily Bordeleau - De... comprendre... de comprendre quoi?

snorounanne - Que je n'ai pas pleinement de temps de faire la causette avec toi.

Emily Bordeleau - Tu... tu es sûre que tu ne veux pas un peu de café? Je peux t'en faire, tu sais?

snorounanne - Emily...

Emily Bordeleau - Okay. Je tenais absolument à te voir et à te parler... de... de ce que nous deux... avions entrepris.

snorounanne - Du projet les soeurs Moreno?

Emily Bordeleau - Non. De nous deux. Toi et moi. Vendredi, chez toi... enfin, chez ta mère. Tu n'as pas oublié?

snorounanne - Comment pourrais-je oublier? Je... tu vois, mon cerveau est lent à réagir. Excuse-moi. (tripotant le rebord de mon chandail, nerveusement) Je n'ai pas oublié. C'était... (hésitais et pourquoi?) Tu m'attires. J'ai... je ne sais pas quoi dire, comment le dire, comment l'expliquer.

Emily Bordeleau - Je ne veux pas que tu aies mal, que tu souffres, snorounanne. Tu... (laissait passer un soupir) J'ai senti que quelque chose te troublait. Et je sais... oui, je sais. (petit silence)

snorounanne - C'est Genny... tu... tu comprends? Je suis...

Emily Bordeleau - Tu es mal dans cette situation, je sais.

snorounanne - Crois-moi... crois-moi, si je n'avais pas... (mes yeux pleuraient) pourquoi la vie est si cruelle? Elle me manque... elle me manque tellement!

Emily Bordeleau - (sortait un kleenex et me le donnait) je comprends, ma belle.

snorounanne - J'ai le coeur qui chavire. (me levais et quittais son bureau subitement sans ajouter rien d'autre)

 

Heure - 16:07

 

Faites votre entrée dans le palace d'Humour, l'émission d'informations et d'actualités, mesdames et messieurs. Ayez à votre droite ou à votre gauche ou devant vous, une bonne tasse de café, de chocolat, de thé, de tisane ou un bon breuvage rafraîchissant, un bon petit drink, une belle coupe de vin rouge ou de vin blanc. Faites-vous plaisir! Et, ne venez surtout pas dire que je ne vous ai pas pris en considération!

Nous étions déjà en cours...

 

snorounanne - Il ne faut pas s'en cacher, mesdames et messieurs. Il y a plus de gens qui abusent de toute consommation que de gens qui modèrent. Êtes-vous maître du jeu? Qu'est-ce qu'un joueur compulsif ou pathologique? Le jeu pathologique est une pratique inadaptée, persistante et répétée du jeu. Notre sujet de cet après-midi, mesdames et messieurs.

- Le jeu pathologique est reconnu comme une maladie autant dans le monde médical que judiciaire. Le jeu pathologique domine la vie de la personne au détriment de ses valeurs et affecte l'individu physiquement et professionnellement, émotivement, financièrement et spirituellement.

- Le jeu pathologique, c'est perdre le contrôle sur ses activités de jeu. En fait, le jeu pathologique, c'est: jouer plus d'argent que prévu. Jouer plus longtemps que prévu. Jouer plus souvent que prévu. Le jeu pathologique est souvent associé à la dépression, à l'alcoolisme, à la toxicomanie, aux idées suicidaires et aux traits négatifs de caractère.

- Le témoignage de Pierre Gingras, reprend une situation lourde, comme nous en rencontrons. Point n'est besoin d'arriver à connaître de tels déboires pour chercher la solution nécessaire. Bonjour et bon après-midi Pierre.

Pierre Gingras - Merci. Bonjour à vous.

 Afin de protéger l'identité physique de cette personne, seul le récit est véridique.

snorounanne - Pierre, sans interruption sauf pour les besoins de la cause, nous passerons aux messages publicitaires. Vous avez la parole.

Pierre Gingras - Je vous remercie, madame d'Humour. Alors, bonjour, je m'appelle Pierre, j'ai cinquante ans et je suis joueur compulsif abstinent depuis sept ans. J'ai eu une enfance heureuse, sans problèmes. Mon père et ma mère formaient un couple aimant et équilibré. Nous vivions dans l'aisance matérielle et rien ne permettait de prévoir que je quitte un jour les «voies de la raison».

- Jeune homme, j'étais un joyeux gai luron, sachant travailler mais aussi aimant beaucoup sortir en soirées. Je pense que mon entourage me reconnaissait des qualités de jeune homme entreprenant, ouvert et dynamique. Mes premiers contacts avec le jeu furent directement excessifs.

- Au cours de mes études supérieures, je logeais dans une chambre d'étudiant en ville et je passais déjà bien des soirées à jouer au «poker» avec des camarades. À cette époque, l'assuétude n'était pas ravageuse car, comme on jouait entre amis, chacun gagnait ou perdait tour à tour. Ce n'était donc pas en soi le «gain» qui m'attirait, mais l'excitation du risque et la douce anxiété de l'attente du résultat de la session de jeu en cours.

-Parfois, je risquais mon argent sur des machines à sous. Là, la perte était inéluctable. J'en arrivais même à me priver de manger convenablement pour réserver au jeu l'argent que me remettaient mes parents. Je faisais même déjà quelques emprunts à des amis ou au concierge de l'institut où j'étais inscrit. Je cherchais même du travail au noir pour me faire des sous. C'est ainsi que je suis devenu gardien de nuit d'un entrepôt commercial.

- Pour vous dire, madame d'Humour en quelques mots, j'étudiais, je travaillais... et je jouais. Mes études terminées, je trouvais une situation dans le milieu des banques et des organismes de crédit. Mon salaire était confortable et j'en réservais une partie au jeu sans tomber à cette époque dans la démesure. Je jouais et je me contrôlais sans grands problèmes.

- À l'occasion de mon mariage, je décidais de m'interdire d'encore jouer. Mes bonnes résolutions me permettaient de ne pas connaître la mésentente conjugale à cette époque. Puis, de fil en aiguille, je retournais au jeu et, de manière assez étonnante, je me mettais à gagner. J'étais devenu assez «expert» aux tables de poker et j'accumulais un petit capital, que je dissimulais évidemment à mon épouse.

- Mais je devenais de plus en plus audacieux et j'entreprenais d'appliquer mes talents de joueur dans des cercles de jeux clandestins de ma ville. Là, je perdais toutes mes illusions: à table, j'avais devant moi des tricheurs et des professionnels de la nuit qui me «plumaient» facilement. Mon capital jeu  fondait comme neige au soleil.

- Le poker perdant de plus en plus de ses attraits (en fait l'excitation était devenue banale) je risquais le casino. Là aussi, lors de mes premières visites, je gagnais parfois ou, en tout cas, je perdais peu. Jusqu'à un certain point, je contrôlais ma manière de miser, sans tomber dans la déraison.

snorounanne - Monsieur Gingras, nous sautons à ces commanditaires et revenons immédiatement après. Ne quittez pas, vous les gens à la maison.

 

Buvez car ceci est possiblement la dernière goutte de votre obsession...

Trois minutes passèrent et nous retournons avec monsieur Pierre Gingras, joueur compulsif abstinent depuis 7 ans.

 

snorounanne - Nous revoilà en ondes, et pour ceux et celles qui n'auraient pas regardé le début de cette émission, le sujet concerne: le jeu compulsif, et avec nous, monsieur Pierre Gingras, lui-même, un joueur abstinent. Continuez Pierre.

Pierre Gingras - Merci. Donc, je fais suite. Le jour est venu, après un certain temps, où j'étais dépassé par l'émotion. Un soir, je quittais le casino après une perte assez sévère. Le lendemain, je prélevais une somme considérable sur mon livret de dépôt et je me rendais au même endroit. Je misais allègrement sur le 11, le 14, le 23 et le 29! Je sortais avec un gain considérable (la contre-valeur de 21,000$).

- La direction du casino m'offrait solennellement le champagne. J'étais la vedette, j'étais le roi! J'avais vaincu le hasard! Entre-temps, j'étais devenu cadre d'entreprise, responsable de l'octroi du crédit, dans la banque où je travaillais. Déjà, je me rendais compte d'un paradoxe: moi qui étais calculateur, analyste subtil dans la gestion de l'argent d'autrui, je vivais dans le fantasme total par rapport à mon propre argent.

- J'en étais arrivé à croire que mes chiffres fétiches (en fait des dates de naissances) avaient un pouvoir magique et pourraient me permettre de gagner. J'étais donc pris dans le jeu impossible des martingales. Moi, le calculateur né, j'y croyais dur comme fer.

- Après quelques jours, je me faisais la réflexion suivante: «De la somme engrangée, reprends la valeur de l'argent de la mise initiale et laisse chez toi l'argent gagné. Tu pourras reproduire l'opération qui t'a récemment si bien réussi».

- Ainsi dit, ainsi fait. En une heure cette somme était perdue. Je revenais alors à la maison reprendre «l'argent du jeu» et en une nuit de folie, de transes et de sueurs, je reperdais, avec les mêmes chiffres fétiches, la totalité de la somme. J'étais dans un tel état nerveux et j'agissais avec une telle démesure que le croupier en arrivait même à me dire: «Monsieur, soyez vigilant quand même. Les jetons que vous avez en mains, c'est de l'argent...»

- J'avais la rage au corps. Du fait de la grande confiance que me faisaient les épargnants, j'empruntais subtilement de l'argent à des clients de la banque pour mon propre compte et je repartais pour longtemps dans des sessions de jeu épouvantables. Le casino ne me suffisait plus. Je commençais à jouer aux machines à sous. La situation empirait encore. En effet ces appareils, visiblement, ne répondaient même plus à la simple notion de hasard.

- Ils sont visiblement trafiqués pour ne donner de sessions payantes que quand l'ordinateur qui y est incorporé décide qu'il peut lâcher du lest. J'en venais à jouer chaque jour. Je vivais dans l'angoisse et même dans la panique. J'empruntais pour remettre, soi-disant, mon salaire  à mon épouse, j'empruntais pour jouer, j'empruntais pour payer les intérêts de mes autres emprunts et même pour assurer leur remboursement.

- Ma vie était devenue un enfer. Mon épouse se posait toutes sortes de questions, bien qu'elle ne fût pas tout à fait dupe, ni plus ni moins, d'ailleurs, que mon employeur. J'avais perdu le sommeil. Je n'avais plus de goût pour rien. Je consultais quatre médecins différents afin d'obtenir des prescriptions de «tranxène» à peine capables de m'apaiser. À chaque accès de panique, je croyais réellement mourir.

- Je ne jouais plus pour gagner, comme quelques années plutôt. Je n'y mettais plus aucune sagacité. Je jouais «pour jouer», sans illusions et sans passion. Mon adresse et mon expérience professionnelle ne me servaient plus qu'à gérer un fouillis incalculable de comptes, de crainte que la vérité ne fut mise à jour.

- Cette situation durait pendant deux ans. J'avais accumulé des dettes considérables. Je me faisais alors un pari insensé: renouveler au casino de Monte-Carlo, l'opération qui m'avait permis de gagner avec bonheur quelques années plus tôt. Là-bas, les mises ne sont pas limitées. Les chances de gain sont plus importantes mais le risque de perdre est démultiplié. C'était le paroxysme du fantasme.

- Comme si ce casino était plus propice au gain qu'un autre établissement de jeu! Je détournais de l'argent de la banque pour un terme défini, dans ma notion du moment. Je rembourserais après mon gain. Je me rendais à Monte-Carlo, prétextant un voyage d'affaires et je perdais là en un jour et une nuit une somme équivalente à 56,700$.

 

 Toujours la présentation fétiche de cette émission.

Pierre Gingras - Je quittais l'endroit pour rentrer à la maison. À mon retour, je me saoulais de bar en bar et la police me ramassait dans la rue, ivre mort, pour me transférer dans un hôpital public où ma femme venait me récupérer. C'était le temps de l'aveu. Il me fallait bien mettre ma situation à plat. Quand elle a su le fin mot de l'histoire, ma femme me quittait. Depuis belle lurette, elle avait pris un amant, avec lequel elle s'installait en ménage.

- Je prenais une chambre en ville. Mon employeur me convoquait. Évidemment, le pot aux roses de mon détournement avait été découvert. Pour ne pas entamer l'honorabilité de la banque, j'étais forcé à la démission plutôt qu'à d'être renvoyé dans l'infamie. La banque me faisait signer une reconnaissance de dettes pour ne pas avoir à liquider les dernières sommes - bien peu de choses - qu'elle me devait encore.

- Je consultais un Centre de Santé Mentale et rencontrais là-bas un psychiatre particulièrement averti qui me suggérait un traitement spécifique. Je rejoignais aussi un groupement de Joueurs Anonymes. En plus des soins prodigués, je rencontrais là-bas un climat de fraternité et de sympathie exceptionnel.

- Je pouvais m'ouvrir à tous et à chacun dans la cordialité et l'amitié. Je visite souvent le groupe quand je le peux. Je pense y apporter l'aide nécessaire à autrui, mais je m'y souviens surtout d'où je viens. Il est utile d'entretenir sa mémoire quand on est joueur compulsif. 

- Je m'installais dans une autre ville comme expert financier indépendant. Rapidement, je renouais avec le succès professionnel et je pouvais engager un remboursement aisé de la partie exigible de mes dettes. Mon habileté à gagner de l'argent faisait à nouveau merveille. Aujourd'hui, le jeu est loin de moi. Il m'a fallu connaître une épouvantable détresse pour comprendre. J'ai pu reconstruire ma vie sans trop de regrets ou d' amertume. Grâce au traitement psychiatrique et à mon application à fréquenter les «Joueurs Anonymes», j'ai pu évacuer mes remords.

- Mais aux joueurs qui se posent des questions sur leurs comportements je dirai sans vouloir épouvanter quiconque: qui m'aurait dit, à l'époque de l'ivresse du gain, qu'un jour je perdrais, à cause du jeu, ce que j'avais de plus cher au monde, ma femme, ma fonction professionnelle et bien plus encore, mon honneur?

snorounanne - Pauses commerciales, mesdames et messieurs. De retour dans 3 minutes. (la musique coupait ce que je disais à monsieur Gingras)

Je lui avais dit et je vais le répéter ici, à vous. "Vous avez eu la conscience de réaliser le mal, que vous étiez malade et malgré les pertes et dommages, vous vous êtes repris en main".

À vous messieurs, à vous mesdames et demoiselles adultes, nous avons des points de référence où vous pourrez au besoin, rejoindre:

 

Contactez:

Maisonnée Paulette Guinois

2255, rue Bienville, Laval, Québec, H7H 3C9


Téléphone:

450-628-1011


site web:

http://www.lamaisonneepauletteguinois.com/index.html

et:

Centre le Maillon de Laval:


Contactez:


site web:

http://www.centrelemaillondelaval.ca/


Pour accéder à leurs services :

communiquez avec eux au 450 975-4054

ou

adressez une demande au CLSC de votre territoire (CSSS de Laval)


Heures d'ouverture :


Du lundi au jeudi : de 9 h à 21 h

Vendredi : de 8 h 30 à 16 h 30


(Fermé de 12 h à 13 h et de 17 h à 18 h)


 

L'adresse :


308A, boulevard Cartier Ouest

Laval (Québec) H7N 2J2

Téléphone : 450 975-4054

Télécopieur : 450 975-4053

Il va de soi que vous, qui êtes concerné, par ce sujet, aurez sous les yeux, des éléments pour y accéder. Dites-vous bien ceci: ce n'est pas la vie qui a conduit à être ce que vous êtes devenu(e). Et ce n'est pas la faute de la vie, ni de personne autour de vous. Nous avons tous des points forts et des points faibles. À nous de voir.

Je rentrais chez nous autour des 22:34:47 et j'avais envie de prendre un bon bain chaud, relaxe. Ma mère dormait pacifiquement. Ma tête sonnait des répercussions de tambour, mon nez était toujours congestionné et mes règles... je n'en parlerai pas.

Je montais à ma chambre, me déshabillais, une pensée imagée sur le fait de me déshabiller me faisait sourire... et je me dirigeais vers la salle de bain. J'exempterai les détails, vous savez c'est quoi prendre un bain relaxe. Quarante minutes plus tard, je sortais de la pièce humide portant un peignoir sur mon dos. Je descendais l'étage pour aller à la cuisine...

Mon chat et moi...

snorounanne - Allons, allons Jonas... tu t'es ennuyé de maman? (le caressais de la main et lui me caressait de la tête) T'as pas été trop espiègle aujourd'hui? Où est ton frère? Il dort?

Puis, mon capteur visuel s'immobilisait sur un bouquet de fleurs. Il n'était pas là ce matin, il... par curiosité, je m'approchais et comme dans tout bon film romantique, une petite carte sur la table. Je la prenais, mon coeur avait commencé à battre un peu plus anormalement. Ce ne pouvait venir que d'une seule personne, n'est-ce pas? J'ouvrais la petite enveloppe, prenais entre mes doigts le gentil mot et...

snorounanne - Ah... merde. (levais mes yeux et regardais les fleurs) une autre qui est tombée en amour avec moi.

 

On dit: ne cherche pas l'amour car l'amour viendra à toi. Ne cours pas, ne brusque pas, n'anticipe pas. Mais que fait-on dans ce cas-ci? Deux personnes en amour avec la même personne? C'est complètement du délire! SOS maman!

Vous vous doutez de l'autre personne? Ah mais si... non? Allez! Vous êtes plus sensé que vous ne me laissez voir. Je ne la nommerai pas parce que vous êtes censé de le savoir, voilà.

Et comme vous êtes de bons lecteurs assoiffés d'intrigues, je vous laisse écouter la chanson de Linda Ronstadt: I love you for sentimental reasons. Emily la connaît par coeur. Emily, tous les soirs, elle met cette chanson quand elle se met au lit. Emily puise en elle, des sentiments tels qu'une autre femme ne saurait résister sous ses charmes.

Merci à chacun et chacune de vous d'être attachés à ces épisodes ayant des thèmes véridiques et d'autres fictifs. C'est cela un roman, en somme. Et voilà! Depuis le temps! Un Web roman... Bonne fin de la semaine. Bisous! À bientôt.

 

 La chanson la fait pleurer ou plein de choses la font pleurer...