Un début d'automne, il marche dans la rue, les passants sont rares, le trottoir est jonché de feuilles humides. Le vent souffle sur les branches, après la pluie, tout est collant, collé dans les coins et recoins de cette rue, l'humidité entre dans les vêtements. Il faut des saisons, mais avec un peu de soleil, un peu de pluie, avecmaintenant le manteau nuageux qui ne se dégage plus, comme un plafond installé trop bas.
Il marche, sans errer, vers un lieu situé plus loin, indiqué depuis le centre de cette ville, un coin de province, des arbres le long de cette avenue avec de larges trottoirs. Des petites maisons des différentes décennies, années 20, années 50, années 70, des tailles minuscules, des façades variées et si incohérentes dans leur alignation global. Des jardinets et surtout cette odeur, du bois qui se consume, un feu de cheminée, le vent passe. Son odorat est attiré par ce parfum, celui qu'il ressentait chez ses grands-parents, l'après-midi en mangeant son goûter dans le petit salon, proche de l'âtre. Une odeur de souvenir, un nostalgie profondément ancré en lui.
Il rêve, il marche, il voyage dans un passé, dans son enfance, en lui-même. Elle passe, plutôt il passe devant ce perron avec sa marquise en verre, elle est là. Dans le silence de cette rue, elle ne l'entend pas, lui ne l'aperçoit. Elle vient de soulever sa jupe, au-dessus de ses bottes d'automne, un geste si féminin, pour réajuster son bas. Elle part en voyage elle aussi, prend sa valise.
Il est passé, ne l'a pas vu. Une étincelle de féminité qui s'évapore. Il est encore dans ses rêves.
NYLONEMENT