La différence qui inquiète, qui n’est pas tolérable, est une différence qui nous reste proche. Ce n’est pas l’étranger. L’étranger est justement trop différent. C’est l’autre. Il n’y a pas d’identification possible. Nous n’avons rien de commun, rien à partager. Il est trop éloigné de nous pour nous inquiéter et susciter le rejet.
La différence qui nous trouble, ce n’est pas le lointain mais le proche. Celle avec laquelle nous avons un certain nombres de points communs, une possibilité d’identification. Quelque chose de nous qui nous serait insupportable.
La personne « différente » a de nombreuses caractéristiques d’appartenance à la communauté, à la même culture et pourtant quelque chose de ses attributs la rend différente et, de ce fait, elle va être catégorisée. Elle perturbe la représentation idéale que les membres de la société ont d’eux-mêmes.
C’est le handicapé ou le malade mental, dont la présence même est inquiétante.
La personne « différente » crée de « l’étranger » chez ses semblables et, à ce titre, elle va être marginalisée, voire exclue et, dans ce processus, va faire l’objet d’attitude humiliantes et déshumanisantes.
Jean-Yves Giordana, « La stigmatisation en psychiatrie et en santé mentale », Masson
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