Ce nouveau film extrait du coffret David Lean, il faut le saisir à la hauteur d’une réalisation exemplaire. Une fois le mélo assimilé, on découvre avec bonheur une mise en scène qui sollicite sans cesse le récit.Une histoire apparemment banale, transcendée par le coup d’œil d’un réalisateur avisé.
Alec Harvey et Laura Jesson, un homme marié, et une femme au foyer, tout à fait respectables se rencontrent par hasard sur un quai de gare ; c’est le coup de foudre. Dans cette même gare, au café, une autre liaison vient de naître entre la patronne et le guichetier. Elle tient de l’amourette, elle est beaucoup plus coquine et drôle, mais l’opposition qu’elle renvoie à nos deux héros, magnifie la mise en scène du cinéaste.
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David Lean prend d’ailleurs bien du plaisir à filmer ce buffet ferroviaire, qui revient régulièrement, comme autant de saynètes savoureuses sur les rapports amoureux. Qu’ils soient tendres, amusés ou bouleversants. On apprend dans les bonus que le film s’inspire d’une pièce de théâtre qui avait pour seul décor, ce café de gare. Ceci expliquant peut-être cela, ce qui n’enlève rien au talent du réalisateur qui a su rendre ce lieu, si attachant et si particulier.
Alec et Laura s’y retrouvent tous les jeudis, point d’ancrage à une relation platonique qui au fil du temps devient une véritable et grande histoire d’amour. A travers le comportement de la femme, David Lean dissèque les allées et venues de ce couple contre-nature. Il scrute les visages, les détaille, sonde les âmes, et chose rare à l’époque laisse une large place à la voix off. L’héroïne nous raconte son histoire et les sentiments diffus qui l’animent. Elle le fait comme dans un rêve, révélant tout à son mari, distant et ennuyeux.
De la culpabilité au remord, du plaisir à l’abandon, le procédé prend sa juste place dans le décorum imaginé par Lean. La photo joliment cadrée, dégage toute l’ambiance de ces rencontres interdites. La gare, avec son café, mais aussi son quai, ajoute à la dramaturgie que la musique de Rachmaninov amplifie sans excès.
C’est enfin le jeu très naturel de Celia Johnson, et Trevor Howard, troublant et sincère, qui emporte l’adhésion jusqu’au dénouement, celui de la rupture, elle aussi filmée de manière peu conventionnelle. De cet amour perdu d’avance, on en ressort un rien groggy .Comme quoi la patte d’un réalisateur avisé, peut transcender une amourette en romance éternelle.
LES BONUS
- . Préface de Pierre Berthomieu (8 mn) – .
- Il était une fois « Brève Rencontre » (24 mn)
Les collaborateurs de David Lean se souviennent du tournage et de la sortie du film, ainsi que des immenses acteurs britanniques Celia Johnson et Trevor Howard. C’est instructif, si si
- . Directed by David Lean (32 mn)
Un film de Pierre Berthomieu: Comment David Lean a-t-il façonné son style à travers le montage et la mise en scène ? Un peu académique comme présentation, didactique aussi, mais au final on apprend beaucoup sur le réalisateur