Carton rouge : les naufragés de la solidarité

Par Plumesolidaire

Source : Observatoire des inégalités

Non-recours aux droits et inégalités sociales

Le non-recours, le fait de ne pas bénéficier d’un droit ou service social alors qu’on en a la possibilité, est lié en partie aux inégalités sociales. Explications de Philippe Warin, responsable de l’Observatoire des non-recours aux droits et services. – Lire la suite

Les chiffres sont là : au vu des études disponibles les taux de non-recours (différentiel entre une population éligible potentiellement bénéficiaire et une population éligible et bénéficiaire) oscille en France entre 10 et 90 % en fonction de l’offre considérée (prestation financière et aide sociale, dispositif d’accompagnement ou de médiation), alors que la moyenne varie entre 20 et 40 % selon les pays de l’OCDE.

Philippe Warin distingue trois grands types de non-recours apparaissent et se combinent le plus souvent : la non connaissance, lorsque l’offre n’est pas connue, par manque d’information ou d’incompréhension ; la non réception, lorsqu’elle est connue, demandée mais pas obtenue (par difficulté à mener une démarche administrative ou du fait des procédures voire des pratiques des agents) ; la non demande, quand elle est connue mais pas demandée (par désintérêt pour l’offre, lassitude des gymkhanas administratifs, par la présence d’alternatives, l’autolimitation ou parfois même la perte de l’idée d’avoir des droits).

Un tiers des titulaires de la CMU complémentaire renoncent aux soins

pour raisons financières

Malgré le recul du renoncement aux soins des titulaires de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) pour raisons financières, encore un tiers de ceux qui ont accès à cette couverture depuis plus d’un an [1] citent cette raison pour expliquer leur non recours aux soins, selon une enquête menée auprès de 4 589 allocataires, par le Centre technique d’appui et de formation des centres d’examens de santé (Cetaf) à la demande du Fonds CMU. La couverture maladie universelle complémentaire permet l’accès à une protection complémentaire santé gratuite sous conditions de ressources [2].

Les soins concernés sont principalement le dentaire, les médicaments, l’optique et les consultations de spécialistes qui demandent soit une participation financière, soit qui ne bénéficient pas de remboursements. Ces renoncements sont décidés pour 25,7 % des bénéficiaires de la CMU-C avant même d’avoir consulté un professionnel de santé. Les raisons financières peuvent conduire à ne pas soigner ses enfants. Dans l’année précédant l’enquête, 50 % des titulaires de la CMU-C n’ont pas acheté certains médicaments en raison de leur coût et 27,3 % ont renoncé à de l’orthodontie pour leurs enfants.

VS

[1] Le taux est de 45,5% pour les bénéficiaires de la CMU-C depuis moins d’un an.

[2] disposer de revenus inférieurs à 816 euros mensuels pour une personne seule, par exemple.