Observer le bizarre... Ça peut donc aller très loin, avec les "parentés" de personnes qui n'ont rien de commun apparemment, tout (temps, siècles, pays ou lieux, race) semblant au contraire les séparer, parenté pourtant et je voudrais maintenant la faire passer par Esope que j'aime bien appeler le Sammy Davis Jr de l'Antiquité. L'artiste étasunien multi facettes & crooner & etc. disait que malgré les nombreuses tares dont il était affligé (juif, noir, borgne, laid, consommateur abusif de cocaïne & alcool & femmes, etc.) il était mondialement connu pour son vrai talent et son succès était immense. Esope avait tout, comme Sammy. Idem, il était pas borgne mais il boîtait, il était en plus esclave, bègue "grave" c'était pourtant un fabuleux conteur d'histoires qui faisait se tordre de rire des assemblées entières ! La vie d'Esope, comme celle de Sammy, est parcourue de long en large par la thématique du RIRE, de la bonne blague au moyen de laquelle l'esclave prend le dessus sur ses maîtres... Sammy Davis Jr a pris le dessus de la même manière sur les racistes blancs d'une Amérique qui vomissait ses "nègres" il n'y a pas si longtemps encore. Tout ça pour dire qu'on peut être sacrément handicapé dans la vie et la prendre pourtant à bras le corps pour la presser comme un citron, comme un rayon de miel, la faire couler de toutes ses largesses potentielles. La vie est un don, un incroyable don. Elle peut, souvent si l'on s'en donne les moyens, nous innonder de sa radiance énergique et vivante !
Esope était un sacré bonhomme, Jean de La Fontaine, "son autre parent" ne s'y est pas trompé. Il est allé dans le jardin de l'ancien grec, en a ramassé les fruits et les légumes. En a fait son propre commerce, à l'aise, décontracté, avec malice et sans vergogne. L'esclave nubien noir (paraît-il) se serait laissé faire s'il avait été un contemporain du maître de Château-Thierry. Il aurait approuvé et je suis sûr qu'ils se seraient entendus comme larrons en foire dans le partage de fiestas et autres grandes déconnades qu'ils affectionnaient tous les deux. Le sieur de La Fontaine avait cependant un léger point d'avance sur l'esclave boiteux car il était accro au grand libertinage très en vogue aux 17 et 18 ème siècles. Il déclinait ainsi les paroles de Sully : "Butinage et Baisage sont les deux mamelles de la France". La Fontaine a donc piqué beaucoup de choses à Esope.
Observer le bizarre quand tout d'un coup je me rends compte que dans le tableau de Brueghel l'Ancien (vers 1525 - 09 septembre 1569), les "proverbes flamands", il y a la cigogne et le renard d'Esope et de La Fontaine, plein centre du tableau, en bonne place donc, attablés, tels qu'en les fables. La Fontaine avait lu Esope mais il avait sûrement vu le criant et désopilant détail du tableau du maître hollandais... faut voir du reste, à la loupe, les détails de cet admirable et sidérant tableau. Amusez-vous à le regarder par le petit bout de la lorgnette :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/Pieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Dutch_Proverbs_-_Google_Art_Project.jpg
et vous verrez, en plus de notre cigogne et de son renard, des amoureux illégitimes s'embrasser sous un toit, un soldat, le couteau entre les dents, jouant avec un chat, 3 globes terrestres très très bizarres, des culs nus chiant dans l'eau ou au pied d'un gibet, un homme au visage double, un paysan ayant le feu au cul cherchant à récupérer ses pourceaux enfuis dans un champ de blé, un Christ en gloire et en majesté, tordu de rire, affublé d'une fausse barbe blanche (celle de son Père ?) ficelée par dessus sa propre barbe, un oeil peint sur la voile d'un bateau., trois aveugles sortant du tableau.. Oui, une foule incomparble de bizarreries, tout plein de détails irrésistibles, mystérieux, très symboliques en tout cas. Incroyable tableau, semblable par le foisonnement mystérieux de sa composante à ceux de Bosch ou de Dali.
Observer le bizarre dans l'oeil de la Vierge de Guadalupe ? Tilma de Juan Diego Cuauhtlatoatzin "imprégnée" d'un portrait de la Vierge dont la pupille reflète 5 personnages, dont Juan, qui la regardent... Scientifiques (indépendants, étude récente avec des procédés techniques sophistiqués) très dubitatifs quand ils se rendent comptent que le "tableau peint" sur cette tilma, ce pauvre vêtement d'agave des paysans mexicains qui a - au passage - 500 ans, est parfaitement conservé alors qu'il a une "espérance de vie" de 8 ans maximum, que la "peinture" de ce tableau n'est faite d'aucun pigment minéral, végétal ou animal connu, que ce n'est donc pas de la peinture (mais quoi ?) et que les reflets "d'humains" dans la pupille ne peuvent pas avoir été peints avec un "procédé connu". Paréidolie ?
Observer le bizarre, fut-il paréidolie pour être éclairé ?