Quand je pense qu'on balance de nos jours des cocktails Molotov chez "Charlie" alors que les caricatures blasphmématoires de ces trublions bataves ont traversé les siècles ; que de leur vivant l'Europe n'était que bouillon vif et sanglant... Plus souvent qu'à son tour à feu et à sang, que les tribunaux de la Sainte et Vénérable Inquisition officiaient, torturaient, découpaient vifs, brûlaient des corps impurs et récalcitrants à tour de bras, ils ont été laissé tranquille ! Leur peinture n'a jamais reçu quoique ce soit de dose d'opprobre, pas la moindre éraflure ni la plus petite tomate mûre ! Quelle époque pour les peintres fous et géniaux qui pouvaient peindre en paix ! Quelle époque ! Bosch est le plus connu mais n'est pas mon préféré. Je les aime tous.
J'aime particulièrement la famille Brueghel. Plusieurs générations de peintres, tous aussi talentueux les uns que les autres. J'aime, allez, j'avoue quand même une légère préférence, l'ancien le "fondateur" de la lignée. Pieter Brueghel l'Ancien justement. Incroyables ses tableaux, ils me fascinent tous ! Quelle modernité. Non, c'est creux ce que je dis. Ils sont peints "maintenant" c'est tout. Tu les regardes : ils viennent d'être peints. Hallucinante l'oeuvre de Brueghel l'Ancien. Faut prendre une loupe, ou alors sur le génialissime Wikipédia d'Internet faut chercher les tableaux, les zoomer, les regarder pendant des heures. Réfléchir, noter, restituer un obligatoire étonnement. Pour moi, un bonheur à nul autre pareil en matière picturale ! Dieu sait pourtant si j'aime tous les peintres, tous les temps de peinture, toutes les écoles...
Brueghel l'Ancien : j'aime les noms "mystérieux" de ses deux fils, le premier, Pieter, dit le Jeune, dit aussi Brueghel d'Enfer car il affectionnait peindre les feux et les incendies. Le second Jan, dit aussi comme son père "l'Ancien," dit également pour le raffinement mirifique de sa couleur, pour ma plus grande joie, Brueghel de Velours...
Incomparable Hollande qui en son âge d'or a vu s'animer en vivantes palettes, en pigments raffinés les sensibilités, les âmes et les coeurs géniaux des Vermeer, Dou, Rembrandt, mais aussi de ceux que j'aime encore plus particulièrement car ils ne sont pas sus : Les Maîtres !
Les Maîtres aux noms exquis et mystérieux qui jamais ne signèrent leur oeuvre, laissant toute la gloire de l'accomplissement de leur peinture à quelqu'un de plus mystérieux qu'eux, quelqu'un que personne ne devrait pouvoir nommer... Ces maître furent en Hollande, il y en eût en Europe, en France bien sûr. Laissez-moi vous nommer aujourd'hui, chers Maîtres inconnus, vous que personne ne saura jamais. Toi le Maître des petits paysages, toi, le Maître aux mains volubiles, toi, le Maître du Champion des Dames toi le Maître de Moulins, et toi Maître inconnu qui peignis cet Homme au Casque d'or sur lequel s'inclina Rembrandt...
Ils s'avancent tous en flamboyant et vivant cortège, entrent dans l'actuel Jardin des Délices de notre temps qui est le même que celui qu'ils ont peint, qui est d'éternité.