46 à 77 millions de personnes supplémentaires pourraient être la cible de la mouche Tsé-Tsé en 2090. Car le réchauffement climatique au cours du siècle prochain devrait avoir un impact important sur les interactions entre ce type d'agents pathogènes et leurs hôtes, humains comme animaux, et, quand il s'agit de la maladie du sommeil, favoriser une extension géographique de 60% du vecteur et de la maladie, la mouche.
Les maladies vectorielles sont particulièrement sensibles au réchauffement, car les changements de température peuvent modifier les taux de développement de leurs vecteurs, modifier leur répartition géographique et la dynamique de transmission, précisent ces chercheurs des CDC, qui publient leurs conclusions dans l'édition en ligne du 9 novembre du Journal of the Royal Society Interface.
La maladie du sommeil, l'une des maladies vectorielles les plus « sensibles » au réchauffement climatique : Pour cette raison, la maladie du sommeil, appelée aussi trypanosomiase africaine, une de ces maladies à transmission vectorielle vient d'être identifiée comme l'une des 12 maladies infectieuses susceptibles de se propager en raison du changement climatique. Ces chercheurs ont combiné toute une série d'effets directs de la température, sur l'écologie et la biologie du vecteur via un modèle informatique de prévision de la transmission pour pouvoir estimer les effets potentiels combinés du réchauffement climatique sur l'épidémiologie de la maladie du sommeil.
Une extension géographique de 60%: Le modèle prévoit que des épidémies peuvent se développer lorsque les températures moyennes se situent entre 20,7 ° C et 26,1 ° C. Si cette recherche ne prédit pas une expansion énorme de la maladie, elle confirme une extension géographique importante du vecteur et de la maladie.
46 à 77 millions de personnes supplémentaires pourraient être à risque d'exposition en 2090. Des cibles qui viendraient s'ajouter aux 75 millions de personnes à risque de maladie du sommeil. Aujourd'hui, on estime à 70.000 le nombre annuel de cas, en Afrique. Les populations les plus exposées à la mouche tsé-tsé, et par conséquent à la maladie, sont les populations rurales qui dépendent de l'agriculture, de la pêche, de l'élevage ou de la chasse. 95%des cas notifiés de trypanosomiase sont dus à la mouche Trypanosoma brucei gambiense.
Les chercheurs vont encore élargir leurs recherches en incluant d'autres facteurs environnementaux, tels que l'humidité, le bétail et la faune. Mais cette approche qui traite déjà des aspects sensibles au climat apporte un exemple « choc » sur l'augmentation du risque de maladies vectorielles, avec le changement climatique.
Source: Journal of the Royal Society Interface published online before print November 9, 2011, doi:10.1098/rsif.2011.0654 “Predicting the effect of climate change on African trypanosomiasis: integrating epidemiology with parasite and vector biology” (Visuel OMS)
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