L’effet Placebo

Publié le 09 novembre 2011 par Lcassetta

Après 18 ans de carrière, 6 albums studios et des dizaines de tournées à travers le monde, Placebo revient avec un deuxième DVD live, We Come in Pieces, l’occasion pour nous de vous faire découvrir ou redécouvrir ce groupe de rock mythique.

Placebo (1996)

Le groupe se forme en 1994 et sort deux ans plus tard son premier album éponyme aux antipodes du courant Britpop de l’époque. Paroles subversives et provocantes, image androgyne et sulfureuse et voix nasillarde du chanteur sont le secret du succès fulgurant de ce groupe qui dérange certes, mais ne laisse personne indifférent. Placebo impose un style très “sex drugs and rock’n'roll” imprégné de romance et d’ambiguïté. L’univers sophistiqué et glauque des 11 titres qui composent l’album très Punk font du groupe les dignes successeurs des Pixies ou encore de Nirvana. Le très dynamique Nancy Boy rencontre un succès fou qui ne fut égalé qu’une seule fois dans la carrière du groupe.

Without You I’m Nothing (1998)

Beaucoup moins brutal que son prédécesseur, ce deuxième album est intimiste, douloureux et met l’accent sur la complexité des relations humaines. L’écriture de Molko est comme plus mature et dénote un mal-être et une mélancolie intenses, le son est plus recadré délaissant la Punk de leurs débuts et se dirigeant petit à petit vers un Rock plus alternatif et indépendant. Mais le groupe ne perd rien de son côté provocateur : en tournées, les membres du groupe arborent des robes, se maquillent et se travestissent. David Bowie les remarquent et les fait passer en première partie de sa tournée, et collabore même sur un titre de l’album du même nom.

Black Market Music (2000)

Maintenant que le groupe s’est imposé dans le paysage musical de l’époque, avec ce quatrième album studio, Placebo explore de nouveaux univers musicaux comme l’electro, le hip-hop ou des ambiances jazzy. Un changement net se fait ressentir sur les texte aussi, beaucoup moins autobiographiques et plus tournés vers la société et le contexte économique de l’époque. Placebo devient plus introverti et intègre des références religieuses et politiques dans leurs textes, créant tantôt des textes à polémique comme Slave To Wage dénonçant l’esclavage industriel, tantôt des hymnes rock comme le très efficace Special K, ou encore des ballades ambigus à l’instar de Narcoleptic.

Sleeping With Ghosts (2003)

L’électronique fait désormais partie intégrante de tous les titres de l’album, même que le groupe engage un nouveau membre pour assurer les claviers et les effets. Avec cet album, Placebo conquit l’Europe. Le groupe délaisse son image et se concentre sur la musique rock épurée et fluide, et sur des textes plus doux et subtiles mais qui ne perdent rien à leur ambiguïté qui est la marque de fabrique du groupe. La tournée qui s’en suit donne naissance au premier DVD live, Soulemates Never Die, et à la compilation Once More With Feeling qui contient des titres inédits.

Meds (2006)

Avec Meds, la mort de Nancy Boy est confirmée. Le groupe tire un trait sur cette image sexuelle et efféminée et sur son look travesti qui a fait sa gloire planétaire, et se voit beaucoup plus ouvert et accessible. Mais avec ce changement, le groupe tombe dans la facilité et l’album se voit mal reçu par le public. Heureusement que l’album contient quelques pistes aussi surréalistes que d’habitude, comme Pierrot The Clown parlant de relation mado-masochistes, ou Follow The Cops Back Home inspiré de l’Islande, un pays où l’on s’ennuie tellement qu’on pourrait imaginer que la seule attraction d’un Islandais est de boire, faire des enfants et braquer la maison d’un policier pour contrecarrer la routine. Je vous laisse admirer.

Battle For The Sun (2009)

Placebo décide de tourner définitivement la page douloureuse et “maladive” de Meds avec ce sixième album. L’arrivé d’un très jeune batteur apporte un nouveau souffle au groupe, et ce nouveau départ vient balayer les déceptions accumulées et faire évoluer le groupe vers des horizons plus colorés et pop. Placebo innove, certes, mais malheureusement le groupe perd un peu (beaucoup) de son âme, les textes ne surprennent plus et l’aspect sur-travaillé qui se fait sentir au fil des titres fait penser à un album plus commercial que tout autre chose. Les titres à la bonne sauce Placebo sont rares, on retiendra à peine Come Undone, Kings of Medicine ou encore Julien.

C’est en décembre 2008 que débuta la huitième tournée mondiale de Placebo, le Battle For The Sun Tour. Cette tournée traversa 44 pays pour 143 concerts devant plus de 2,5 millions de spectateurs. Elle commença à Angkor Wat au Cambodge, et prit fin à Londres en septembre 2010.

C’est ce dernier concert londonien, filmé le 28 septembre 2010 à la Brixton Academy devant un public de 5 000 personnes, que le groupe présente sur ce DVD, sortit le 28 octobre dernier. Le groupe y interprète les titres de leur sixième et dernier album mais aussi des titres qui ont fait leur renommé et toujours réclamés par le public comme Nancy Boy, Soulemates et Teenage Angst.

18 ans de pur bonheur, de passion et de fascination. Le groupe a connu ds hauts et des bas, mais nous le remercions solennellement pour nous avoir fait tant rêver, nous avoir fait aimer la musique jusqu’à en faire un purgatoire et une drogue, les remercier pour avoir mis des mots sur nos maux par leurs paroles tellement personnelles qu’elles en deviennent universelles. Qui dit que parfois un Placebo est plus efficace que le plus fort des médicaments aura sans doute tout compris.

Narjiss Aissaoui (Narjiss Aissaoui)

Je suis un fœtus baignant dans un liquide amniotique fait de musique, littérature, art, films. Le jour où je serai née, vous serez les premiers à le savoir.