En matière de santé, les atteintes chroniques dues aux pesticides sont dénoncées par de nombreux scientifiques. On constate pourtant que les études de risque prévues pour tester les pesticides sont insuffisantes pour nous protéger de ces dangers.
Ainsi, la Directive Européenne 91/414/CEE, qui gère les évaluations des matières actives des pesticides et leurs Autorisations de Mise sur le Marché (AMM), comporte de nombreuses lacunes. Les tests qu'elle prévoit sont insuffisants.
En effet, lors de l'évaluation de la dangerosité des pesticides, on établit la Dose Journalière Admissible (DJA) pour chaque substance. Le calcul de cette DJA découle d'expérimentations animales réalisées avec une seule substance. Pourtant, pour beaucoup de scientifiques, elle n'est pas une garantie d'innocuité pour l'homme.
Ainsi le Professeur DE JONCKHEERE, dans un rapport sur la présence de résidus de pesticides dans les fruits et légumes du panier de la ménagère, écrit: "il faut signaler que les valeurs de DJA ne sont pas des valeurs exactes mais bien des estimations basées sur les données toxicologiques expérimentales concernant un pesticide. Cette approche ne tient pas compte de la possibilité d'effets synergiques qui peuvent survenir lorsque deux (ou davantage) de pesticides sont ingérés simultanément".
Les spécialités commerciales sont évaluées au niveau national. Cette évaluation comporte également de nombreuses lacunes, principalement liées au manque de personnel pour gérer la masse des dossiers de demande d'Autorisation de Mises sur le Marché (AMM) de pesticides.
Un haut fonctionnaire de la DGAL, entendu par un juge dans l'affaire du pesticide Régent TS a ainsi révélé que le service chargé de cette tâche ne comptait que trois personnes, ce qui rendait leur travail d'évaluation des pesticides impossible. De plus, il expliquait que dans les faits, il y avait une situation de co-gestion de l'évaluation des pesticides entre le ministère de l'agriculture et...les industriels de l'UIPP eux-mêmes (source : AgraPresse) !
L'IUPP est l'Union des Industries de la Protection des Plantes à savoir l'organisation professionnelle qui regroupe les principaux producteurs de pesticides dont Syngenta, Monsanto, Bayer.. !
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Les produits bio : des produits sûrs
Le rapport de l'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) stipule que les contaminations de fruits et légumes bio sont extrêmement rares : seuls 2% des échantillons bios analysés par la France contenaient des traces de pesticides, sans que jamais les Limites Maximales en Résidus (LMR) ne soient dépassées (ces rares traces peuvent être dues à des contaminations croisées ou à des pratiques inadaptées). Les contrôles sévères pratiqués en agriculture bio portent donc leurs fruits.
En comparaison, ce sont 37.74% des fruits et légumes issus de l'agriculture intensive analysés en 2009 qui contenaient des résidus de pesticides (chiffre stable par rapport à celui de 38.1% de 2008), dont plus de 3.1% à des quantités supérieurs aux LMR (3.8% en 2008) ! En moyenne, les consommateurs ont donc plus de 18 fois plus de risque de trouver un résidu de pesticide dans un aliment issu de l'agriculture intensive que dans un aliment bio !
Contamination aux pesticides : la palme aux raisins de table
A noter que parmi les fruits et légumes analysés en Europe, c'est le raisin de table qui apparait le plus fréquemment contaminé par des résidus de pesticides : plus de 75% des échantillons contiennent en effet des résidus de pesticides. 58% des échantillons contenaient même plusieurs résidus, de 2 jusqu'à 23 résidus différents !
L'effet cocktail des pesticides n'est pas pris en compte
Le rapport révèle que le pourcentage d'échantillons contenant plusieurs résidus est inquiétant. Ce sont ainsi plus de 25% des échantillons au niveau communautaire (16% en France) qui contiennent plusieurs résidus (de 2 à 26 dans un même échantillon).
Il faut savoir que, pire que la quantité, c'est l'"effet cocktail" des pesticides qui peut s'avérer extrêmement dangereux pour la santé. En effet, c'est bien le mélange de ces substances qui est inquiétant, car on ne sait aujourd'hui pas grand-chose des effets de ces combinaisons. Cela est d'autant plus inquiétant que l'EFSA elle-même retarde toujours l'application des règles du Règlement 396/2005 CE obligeant à prendre les cocktails de résidus en compte ! Ainsi, le risque final pour le consommateur est clairement sous-estimé.
Enfin, il faut noter que le nombre total d'échantillons analysés a encore diminué cette année pour la France par rapport à 2008 (4953 contre 5063 en 2008). " Il avait déjà diminué lors de la campagne d'analyse 2008 ! Cela ne va pas dans le sens d'une meilleure surveillance de la contamination de notre alimentation par les résidus de pesticides " a ainsi regretté François Veillerette, porte parole de Générations Futures, dans un communiqué.
80% des français sont inquiets des résidus de pesticides présents dans les fruits, les légumes ou les céréales. Ils sont autant soucieux (80%) des contaminants que peuvent contenir le poisson ou la viande. Près d'un Français sur deux (48%) estime à ce sujet que les autorités publiques de l'Union européenne n'entreprennent pas suffisamment d'actions pour protéger les consommateurs de ce risque. (source : Eurobaromètre 354 Food related risk Nov. 2010).
Aujourd'hui, un homme sur 2 et une femme sur 3 est ou sera touchés par le cancer en France. En cause ? l'exposition permanente de la population, par l'alimentation, à des substances chimiques suspectées d'être cancérigènes. C'est un fait, consommer bio est aujourd'hui le seul moyen d'éviter la contamination des aliments par les pesticides et de préserver sa santé.
Stella Giani
Lire le rapport : The 2009 European Union Report on Pesticide Residues in Food