L’Europe s’enfonce dans l’incertitude alors que le sommet européen de la semaine dernière était supposé avoir réglé tous les problèmes. Nous avions dénoncé un accord fragile et un défaut de gouvernance : il n’aura fallu que quelques jours pour s’en rendre compte avec le nouveau rebondissement grec.
Le fonds de stabilité financière n’est ni suffisamment doté ni suffisamment consolidé pour éteindre la spéculation contre les dettes souveraines faute d’avoir accepté sa transformation en une banque publique ou le recours à des eurobonds ou à la BCE. A la place, il est fait appel aux capitaux chinois, ce qui, comme nous le craignions, a placé l’Europe en situation de faiblesse : M. Hu Jintao a annoncé que la Chine attendait de son implication financière des contreparties en termes d’ouverture commerciale. Comment l’Europe pourra t elle demain imposer la réciprocité commerciale et le juste échange nécessaire pour protéger l’Europe, si nous nous mettons ainsi dans la main d’autres puissances économiques?
La politique d’austérité ravageuse imposée par le directoire Sarkozy-Merkel est maintenue alors qu’elle est en train de mener l’Europe tout droit à sa prochaine récession. Pire, en stigmatisant certains peuples et leurs dirigeants, Sarkozy et Merkel dressent les Européens les uns contre les autres, minant la solidarité européenne et rendant encore plus difficile une véritable solution européenne concertée à la crise.
Dans ce contexte, les maigres travaux du G20 paraissent bien marginaux. On promet à nouveau la disparition des paradis fiscaux, mais faut-il rappeler que la même promesse a été faite il y a plus de deux ans au G20 de Londres ?
La taxe sur les transactions financières est elle aussi désormais brandie comme un étendard par Sarkozy. Mais alors qu’elle est indispensable pour construire un chemin conciliant croissance et réduction des déficits, elle s’annonce réduite à la portion congrue et sa mise en œuvre est sans cesse repoussée.
Les questions agricoles et le développement ont été à peine abordés. Aucun engagement n’est pris sur la stabilité des prix des matières premières agricoles, notamment l’interdiction de certains produits spéculatifs, condition pourtant essentielle pour le développement de nombreux pays du sud.
Aucune réponse durable à la crise n’est possible sans une véritable régulation financière, sans un cadre qui permette à chaque zone économique de se développer et de réduire les inégalités mondiales et sans une perspective globale de relance : après le G20 de Cannes, ces réponses se font toujours attendre.