Comme une ombre

Par Jostein

Titre : Comme une ombre

Auteur : Michel Schneider

Editeur : Grasset

Nombre de pages : 336

Date de parution : 24 août 2011

Résumé :

« Il y a des histoires qui veulent être racontées. J'écris celle de mon frère comme en un miroir. Mais on ne sépare pas d'un miroir l'image qui s'y reflète. »

M.S.

Comme une ombre, c'est l'histoire de deux frères, Michel et Bernard, de leur enfance, de leur rivalité secrète, de leur impossible amour. D'effrayantes symétries entre les objets, les noms, les guerres, les amours. Des images obsédantes : une piscine municipale au bord de la Seine, un dancing, une caserne à Blida, un été espagnol... Et la mystérieuse L.

Michel Schneider raconte ici l'enquête du narrateur sur les traces de son double perdu : la guerre d'Algérie et ses douleurs, la musique et ses consolations, les femmes partagées — à commencer par la mère —, le désir, la trahison. Il explore le plus intime et confie la difficulté de grandir privé de son ombre.

Cherchant les mots qu'il ne lui a pas dits, et qui lui auraient ouvert ses bras, le survivant adresse au frère disparu une lettre qui ne lui parviendra pas.

Mon avis :

" Pour oublier, il faut que j'écrive."

Michel veut éclaircir cet amour qu'il avait pour son frère Bernard de huit ans son aîné. Car il fallait trouver sa place dans cette famille de 9 neuf enfants nés de quatre pères différents, tous élevés par Laurent, pianiste homosexuel, père de deux des enfants. Marthe, sa femme, est une mère volage, absente qui sombre dans l'alcool. Elle a toutefois une adoration particulière pour Bernard et Michel. Bernard adulait son père qu'il voyait comme un héros de la résistance. Michel adorait Bernard, ce demi-frère qui, pourtant, n'hésitait pas à le frapper et l'humilier.

Près de cinquante ans après, Michel reçoit une lettre de Luc, une femme sulfureuse, premier et seul véritable amour de Bernard. C'est le déclic pour enfin essayer de comprendre et d'écrire la vie de son frère. Il aimerait en savoir plus sur ce qui s'est passé en Algérie lorsque Bernard était dans les paras. Il aimerait comprendre pourquoi il a choisi de se suicider en 1976, par le biais de ces armes qu'ils aimaient tant.

L'auteur alterne les chapitres où Michel s'exprime à la première personne, ceux que je préfère parce qu'ils sont plus dynamiques et empreints de sentiments et les chapitres où sont racontés à la troisième personne les souvenirs des deux frères.

Est-ce parce que ces parties sont recréées à partir d'un lien évoqué précédemment, qu'elles m'ont parues plus ennuyeuses, détachées du réel?

En tout cas, j'ai beaucoup aimé le style très sensible qui effleure cette histoire, qui montre toute l'ambiguïté de la relation avec son frère.

"Michel, enfant, le suivait comme son ombre : faites qu'il m'aime."

Ce frère qu'il admire, qu'il imite jusqu'à aimer la même femme ou s'engager dans les parachutistes, qu'il renie aussi en prenant le contre pied sur L'Algérie.

Ce frère qu'il ne comprend pas quand il tombe dans l'alcool. Est-ce cet amour destructeur avec Luc, est-ce la nostalgie qu'il éprouve pour Laurent ou le souvenir des atrocités vécues et perpétrées en Algérie? Autant de questions que Michel se posent et qu'il voudrait évacuer en les écrivant dans ce roman.

Les personnages sont très fuyants. Il est difficile de les aimer. Sauf, peut-être Luc qui m'a émue par la fragilité de sa vieillesse, par le souvenir de cet amour ravageur, par son attachement aux Liaisons dangereuses.