La circulaire Géant, ou comment faire fuir les cerveaux étrangers

Publié le 09 novembre 2011 par Edelit @TransacEDHEC

Deux courants opposés coexistent en France. L’un visant à réduire l’immigration à n’importe quel prix, représenté par Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur ; l’autre cherchant à augmenter le rayonnement de la France dans le monde, mené par le Ministère de l’Enseignement supérieur. Cohabitation devenue difficile depuis le 31 mai 2011, date à laquelle une circulaire signée par Claude Guéant et Xavier Bertrand a été remise aux préfets, leur demandant de durcir l’obtention d’un permis de travail pour les étrangers, même pour ceux ayant effectué leurs études en France et ayant décroché un CDI.  Cette incohérence politique déstabilise non seulement les étudiants voulant avoir une première expérience professionnelle en France, mais aussi les milieux économiques et la politique des Grandes Ecole et Universités.

Résultats : les étudiants, même ceux diplômés des plus grandes écoles françaises comme Polytechnique ou HEC se voient fermer les portes des entreprises basées en France. Un collectif, appelé le collectif du 31 mai a vu le jour pour dénoncer cette circulaire aberrante et en demander le retrait pur et simple, avec le soutien de Pierre Tapie, Directeur de la Conférence des Grandes Ecoles et Louis Vogel, Président de la Conférence des Présidents des Universités. Une pétition a été lancé, réunissant plus de 16000 signatures à ce jour.

Peut-on se permettre de se passer des étudiants étrangers ? La réponse est naturellement non. En dehors du rayonnement de la France à l’étranger, c’est aussi une formidable opportunité pour les entreprises de s’entourer de cadres appartenant à d’autres cultures, pouvant ainsi les aider à conquérir de nouveaux marchés. A l’ère de la mondialisation, où les pays s’ouvrent, fermer le notre ne semble pas un choix judicieux. A ceux qui pensent qu’en renvoyant ces diplômés étrangers, cela créera des emplois pour les français, André Zylberberg, économiste spécialiste du marché du travail rétorque que : « Sur le long terme, il n’y a pas de corrélation entre immigration et chômage. Bien sûr, si ponctuellement, on ouvre grand les frontières, cela va générer des ajustements qui pourront créer des tensions sur le marché de l’emploi. Mais cela vaut surtout pour les personnes non-qualifiées. Les diplômés, eux, sont sur des secteurs d’activités moins tendus »

La vague populiste qui s’abat sur l’Europe continue de faire des dégâts, et les étrangers en payent les frais.

Manal Hachimi